Le tabagisme et l’hypercholestérolémie sont historiquement les deux principales causes de l’athérosclérose, qui cause les maladies cardiovasculaires. Or, deux nouveaux facteurs de risques causent de plus en plus de ravages : le stress et le diabète.
Les effets du stress intense
Selon le cardiologue et directeur de la prévention à l’Institut de cardiologie de Montréal, le Dr Martin Juneau, le stress intense a un effet très important sur le système nerveux autonome sympathique qui provoque une grande stimulation du cœur directement, de même que par l’intermédiaire d’hormones comme l’adrénaline.
Ces changements, dit-il, accélèrent le rythme cardiaque et peuvent provoquer des arythmies cardiaques sévères ou une contraction des artères coronaires. Un fort exemple de l’impact négatif du stress est la hausse de mortalité subite enregistrée dans les semaines qui ont suivi le tremblement de terre d’une magnitude de 9,1 suivi d’un tsunami dévastateur qui est survenu au Japon en 2011. Le nombre de personnes décédées subitement a doublé comparativement aux années précédentes, une tendance qui s’est maintenue dans les trois semaines après la catastrophe.
Les personnes qui n’ont pas de maladie coronarienne, mais qui sont soumises à un stress émotionnel intense, ajoutait le Dr Juneau, peuvent souffrir de syndromes connus sous le terme de « cardiomyopathies induites par le stress ». Elles touchent majoritairement les femmes (80-90 % des patients), tout particulièrement celles qui sont ménopausées. Décrit par des cardiologues japonais, le syndrome de tako-tsubo survient lorsqu’une personne est exposée à un stress important ou encore à une très mauvaise nouvelle et développe subitement une douleur thoracique de grande intensité, secondaire à un infarctus du myocarde.
Un très grand nombre d’études, dit le cardiologue montréalais, ont été publiées sur l’effet du stress chronique, des émotions négatives, de l’anxiété, de la dépression, de la colère et de l’hostilité sur l’incidence de maladies coronariennes à long terme.
Les effets du diabète et de la malbouffe
Les gens qui souffrent de diabète sont particulièrement sujets à développer une maladie coronarienne ou à en mourir. La majorité (65 % à 80 %) des personnes diabétiques vont décéder d’une cardiopathie, signale le Canadian Journal of Diabetes. Elle est plus susceptible de survenir et risque de se produire plus tôt dans la vie chez les personnes atteintes de diabète, surtout les femmes, que chez les personnes non diabétiques, souligne-t-on. Une forte proportion de décès est observée chez les patients diabétiques ne présentant aucun signe ou symptôme antérieur de maladie cardiovasculaire.
De plus, on a constaté une prévalence élevée d’ischémie myocardique silencieuse chez les personnes diabétiques et près du tiers des cas d’infarctus du myocarde sont observés en l’absence de symptômes connus ou typiques.
La malbouffe jouerait aussi un rôle important dans l’apparition de problèmes cardiaques. Une étude australienne dévoilée en août 2019 a démontré que l’on compte davantage de crises cardiaques dans les quartiers où l’on retrouve le plus d’établissements de restauration rapide : chaque resto supplémentaire du genre engendrerait quatre crises cardiaques additionnelles par tranche de 100 000 habitants.
L’auteur a rappelé que des études antérieures ont associé la piètre valeur nutritive et la forte teneur en gras et en sel des repas minute aux maladies cardiaques. Or, la malbouffe s’est répandue à travers le monde et cause de nombreux ravages sur la santé des populations, notamment en Asie.
Risques de mortalité et gravité de l’insuffisance cardiaque
Des études l’ont largement documenté, souffrir de problèmes cardiaques augmente les possibilités de décès prématurés. Si on les compare aux gens qui n’ont pas de maladies coronariennes, d’antécédent d’infarctus ou n’ont pas d’insuffisance cardiaque, les personnes vivant avec la maladie cardiaque sont plus susceptibles de mourir de n’importe quelle cause au cours d’une année donnée, rappelle l’Agence de santé publique du Canada.
Les taux de mortalité toutes causes confondues standardisés selon l’âge étaient presque trois fois plus élevés en moyenne chez les adultes canadiens vivant avec une maladie coronarienne diagnostiquée si on les compare aux personnes non atteintes au cours d’une année donnée.
Si elle n’est pas prise en charge et n’entraine pas le décès, la maladie coronarienne peut provoquer de l’insuffisance cardiaque. Elle se produit lorsque le cœur ne parvient pas à pomper suffisamment de sang pour répondre aux besoins de l’organisme. Les dommages subis au niveau du muscle cardiaque à la suite d’une cardiopathie constituent la cause la plus courante d’insuffisance cardiaque. Selon les estimations, 50 000 Canadiens reçoivent un diagnostic d’insuffisance cardiaque chaque année.
Les gens n’en soupçonnent pas la gravité. En termes de morbidité et de mortalité, indiquait Emmanuel Bebawi, pharmacien en cardiologie à l’Hôpital du Sacré-Cœur de Montréal lors d’un récent congrès de l’Association des pharmaciens professionnels salariés du Québec (APPSQ) tenu en 2017, un diagnostic d’insuffisance cardiaque peut être comparé à celui d’un cancer.
Cette maladie provoque l’équivalent du nombre de morts associées aux cancers du sein, du pancréas, de la prostate et du cancer colorectal combinés. Bien que les taux de décès causés par l’insuffisance cardiaque aient diminué au cours des 50 dernières années, précisait-il, la survie globale à cinq ans se situe toujours à environ 50 % selon la gravité du cas.
Les symptômes d’insuffisance cardiaque peuvent inclure l’essoufflement, l’enflure des jambes et le manque d’énergie. Cette maladie est notamment traitée par des médicaments, en limitant l’apport en liquide et en ayant une alimentation faible en sodium.
Même si les résultats et la qualité de vie des gens souffrant d’insuffisance cardiaque se sont améliorés considérablement, il faudrait en faire plus pour les environ 500 000 personnes au pays qui en souffrent, réclament les experts. En juillet dernier, l’Institut de cardiologie de Montréal a testé pour la première fois un tout nouveau dispositif médical qui pourrait faire des merveilles pour traiter l’insuffisance cardiaque. Ce dispositif consiste à enrober le cœur qui peine à pomper le sang d’un filet taillé sur mesure. Il n’a toutefois été installé que sur très peu de patients à ce jour.