On sait déjà que les changements climatiques, en particulier les inondations et le réchauffement des températures au Québec, accroissent le fardeau des maladies cardiovasculaires.
En 2011, la région du Richelieu a été touchée par une vaste inondation d’une durée de trois mois. Une étude réalisée par l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) a permis de réaliser que ces inondations avaient entrainé une augmentation de 25 % des incidents cardiovasculaires aigues.
Chez ceux qui étaient déjà porteurs d’une maladie cardiovasculaire avant les événements, on a enregistré une hausse de 69 % du nombre de consultations et d’hospitalisations. Cette explosion est due à plusieurs facteurs : hausse du transport des sacs de sable, stress intense devant la montée des eaux et l’envahissement, déménagement temporaire, vaste nettoyage de la maison et du terrain et rénovations, démarches interminables pour se faire compenser par le gouvernement, etc.
De dangereuses canicules
Les effets sont encore pires lors de canicules, dit le Dr Pierre Gosselin, médecin responsable du dossier des changements climatiques à l’INSPQ où on note une augmentation du nombre de décès causés par les chaleurs intenses. On a relié 280 décès à la canicule de 2010 et le tiers était d’origine cardiovasculaire.
L’Institut a déterminé depuis 2010 des seuils au-delà desquels il y a risque d’augmentation de la mortalité causée par les grandes chaleurs. Ce seuil est de 33 C’ le jour et 20 C’ dans la grande région montréalaise, incluant la Montérégie, Laurentides, Lanaudière et la région de Laval. À Québec, en Mauricie, en Estrie, au Saguenay–Lac-Saint-Jean, en Abitibi et dans Chaudière-Appalaches, il est de 31 C’ le jour et 18 C’ la nuit. Pour les autres régions situées plus à l’est et au nord, incluant les Îles de la Madeleine, ces chiffres sont de 31 C’ le jour et 16 C’ la nuit.
D’autres études ont démontré que lorsqu’on vit dans un îlot de chaleur urbain, les risques de mortalité augmentent de 20 % à 30 % lors des canicules et la moitié serait de nature cardiovasculaire. Ces périodes caniculaires amènent 12 % des gens à aller consulter leur médecin ou leur pharmacien. Elles ont aussi un fort cout financier : 50 M$ par épisode. Or, Ouranos prédit d’ici 2040 un triplement des journées de 30 C’ et plus au Québec : Montréal devrait en connaître entre 35 et 60 par été et Québec, entre 20 à 30.
Des stratégies pour s’adapter
Heureusement, de 2010 à 2018, des stratégies d’adaptation de la part des villes, telles que les ouvertures de piscine et d’endroits climatisés et des visites à domicile, ont permis de réduire les taux de mortalité des deux tiers au Québec lors de ces périodes. Les espaces verts pourraient aussi à contribuer à limiter les effets des canicules.
Des études démontrent que plus les populations s’éloignent des espaces verts pourvus de facilités sportives, plus la prévalence de maladies vasculaires cérébrales augmente. Les espaces verts aident à atténuer l’impact des îlots de chaleur intra-urbains et leurs conséquences néfastes, dont les décès. De plus, ils agissent sur le bien-être, la santé mentale, la santé respiratoire et bien d’autres aspects de la santé des collectivités.
Au Québec, le cardiologue François Reeves a publié à ce jour deux livres dans lesquelles il expose sa thèse sur la relation entre environnement et santé cardiaque, « Planète cœur, santé cardiaque et environnement » en 2011 et « Arbres en lumière » en 2017. Il est aussi passé aux actes : chaque année, ce neveu du célèbre astrophysicien Hubert Reeves plantait avec des bénévoles des dizaines d’arbres près de milieux hospitaliers ou de santé.
« Dites-moi quel est le taux de pollution atmosphérique d’une ville, le taux d’industrialisation de son environnement alimentaire, ainsi que son taux de verdissement, et je suis en mesure de calculer quel est le risque de maladies cardiovasculaires de ses citoyens », affirme le Dr Reeves.
À Québec, son collègue Paul Poirier a été en 2016 l’un des initiateurs de « Ça marche, doc! », un mouvement où des experts en santé, dont des médecins, pratiquent des marches urbaines hebdomadaires avec des dizaines de volontaires, une initiative qui s’est méritée en 2019 un Prix d’excellence du réseau de la santé et des services sociaux. A l’hiver 2018-2019, l’aventure s’est poursuivie avec des marches hebdomadaires dans des parcs même en saison froide.