La cardiologie est l’un des secteurs de la médecine qui a le plus progressé depuis 40 ans, ce qui a amélioré son taux de survie.
Au milieu des années 2000, un grand nombre d’individus qui étaient victimes d’un infarctus en décédaient. Aujourd’hui, on a davantage de chances d’y survivre que d’en mourir… à la condition d’être traité à temps.
Plus la prise en charge et l’intervention sont rapides, plus les chances de survie et de récupération sont grandes. « Depuis un demi-siècle, les progrès réalisés en matière de soins cardiaques peuvent se résumer en une donnée, écrit l’Institut de cardiologie de l’Université d’Ottawa : à la fin des années 1960, la mortalité des patients hospitalisés à la suite d’une crise cardiaque dépassait les 40 %. De nos jours, ce taux est inférieur à 4 % ».
Quand il a commencé à pratiquer la cardiologie en 1952, se rappelle le fondateur de cet Institut, le Dr Donald S. Beanlands, les stimulateurs et les pontages n’existaient pas encore et les seuls médicaments dont disposaient les médecins étaient la morphine et les dérivés digitaliques.
« Aujourd’hui, un patient victime d’une crise cardiaque repart chez lui avec 5 nouveaux médicaments qui n’existaient pas il y a 50 ans, dit le Dr Christopher Glover, un cardiologue interventionniste qui pratique au même hôpital depuis 1997. De nos jours, la prévention tant primaire que secondaire joue un rôle majeur dans les soins cliniques. Je dis toujours à mes patients que si tout le monde marchait de 30 à 60 minutes par jour, mangeait des fruits et légumes en quantité, évitait les aliments gras, surveillait et maîtrisait sa tension artérielle, traitait son hypercholestérolémie et ne fumait pas, les cardiologues auraient deux fois moins de travail. »
L’évolution au fil des décennies
Les traitements ont énormément évolué au cours des dernières décennies. En chirurgie cardiaque, on «n’ouvre» plus aussi fréquemment la cage thoracique pour y réaliser des pontages aortocoronariens comme on le faisait autrefois. On dispose aujourd’hui de modes d’intervention beaucoup moins invasifs comme les angioplasties. Cette intervention non chirurgicale, explique la Fondation des maladies du cœur et de l’AVC, consiste à mettre en place des tuteurs afin de maintenir ouvert un vaisseau sanguin du cœur rétréci par l’accumulation de plaque.
Cette procédure a été pratiquée pour la première fois en 1977 dans un hôpital allemand. Un cathéter est introduit dans le vaisseau sanguin par l’aine ou le bras. Il est acheminé par les vaisseaux sanguins jusque dans le cœur, à l’endroit où l’artère coronaire est rétrécie. Une fois l’extrémité du cathéter bien en place, le ballonnet recouvert d’un tuteur qui s’y trouve est gonflé. Une fois la plaque comprimée et le tuteur en place, le ballonnet est dégonflé et retiré. Le tuteur demeure à l’intérieur de l’artère pour la maintenir en position ouverte.
Cette technique a donné naissance à la cardiologie interventionnelle à laquelle on peut recourir pour tous les domaines de la spécialité : infarctus, troubles du rythme, malformations congénitales, insuffisance cardiaque et cardiomyopathies, pathologies valvulaires. La cardiologie interventionnelle permet non seulement de réduire les risques liés à une anesthésie générale et à une intervention lourde, mais elle diminue aussi le temps d’hospitalisation, donc les couts, et de réduire la douleur et les séquelles postopératoires pour le patient : la récupération est plus rapide et les cicatrices sont moins visibles.
La beauté des procédures cardiaques moins invasives, c’est qu’elles peuvent être pratiquées chez des personnes âgées de 80 ans et plus que l’on n’aurait pu opérer dans le passé et dont on peut aujourd’hui prolonger la vie de plusieurs années.
Multiplication des médicaments
Pour leur part, le nombre de médicaments pour gérer les facteurs de risque et les maladies du cœur, qui étaient très limitées il y a 60 ans, a été multiplié au cours des dernières décennies. On en compte aujourd’hui une dizaine de catégories différentes regroupant des centaines de médicaments chacune. Les plus importantes sont :
- Les bêtabloquants qui protègent le cœur contre des crises subséquentes.
- Les inhibiteurs de l’ECA qui permettent aux vaisseaux sanguins de se détendre et de réduire le volume sanguin, menant à une pression artérielle plus basse.
- Les statines qui servent à abaisser le taux de cholestérol. Ils sont efficaces dans la prévention et le traitement des maladies cardiovasculaires et réduisent les risques de récidive.
- Les anticoagulants et les antiplaquettaires, tels que l’acide acétylsalicylique (AAS, appelé communément aspirine), peuvent être utilisés pour prévenir la formation de caillots sanguins dangereux.
En dépit de ces avancées exceptionnelles, les victimes de maladies coronariennes restent marquées au fer rouge. Comparativement aux personnes qui n’ont pas de maladie coronarienne, n’ont pas d’antécédent d’infarctus ou d’insuffisance cardiaque, indique l’Agence de santé publique du Canada, les individus vivant avec la maladie sont plus susceptibles de mourir de n’importe quelle cause au cours d’une année donnée. Les taux de mortalité toutes causes confondues selon l’âge étaient presque trois fois plus élevés en moyenne chez les adultes canadiens vivant avec une maladie coronarienne diagnostiquée comparativement aux personnes non atteintes au cours d’une année donnée.
Amélioration du taux de survie
Ce tableau semble sombre pour certains, mais il cache un fait extrêmement encourageant : la survie et l’espérance de vie se sont énormément améliorées pour les victimes de maladies coronariennes en 60 ans et grâce aux nombreuses avancées en cardiologie, le nombre de Canadiens vivant avec une maladie coronarienne continue d’augmenter. Il est passé d’environ 1,5 million en 2000–2001 à 2,4 millions en 2012–2013.
La Fondation des maladies du cœur et de l’ACV du Canada mentionne qu’aujourd’hui, les gens sont cinq fois moins susceptibles de mourir d’une crise cardiaque que dans le passé. Aujourd’hui, près de 95 % des victimes d’un infarctus qui parviennent à l’hôpital survivent à leur crise. Il y a eu de telles avancées en cardiologie et il existe maintenant tellement d’options pour intervenir que mourir d’une maladie du cœur à 75 ans est qualifiée par les spécialistes de mort précoce tant les techniques d’intervention et de récupération se sont améliorées.