L’Institut québécois de planification financière (IQPF) a récemment publié les Normes d’hypothèses de projection 2021, conjointement avec le Conseil des normes de FP Canada. Certaines d’entre elles reflètent l’inquiétude des clients face à l’incertitude économique.

En 2020, l’IQPF avait appelé les planificateurs financiers à tenir compte du fait que les Normes avaient été élaborées avant que ne frappe la pandémie de la COVID-19.

En 2021, l’inquiétude a pesé dans l’élaboration des hypothèses sur les projections à court terme. Les normes financières de rendement à court terme de revenu fixe diminuent en 2021 par rapport à 2020. C’est aussi le cas de la norme du taux d’emprunt. En revanche, les normes financières de rendement des actions sont bonifiées par rapport à 2020 dans leur version 2021.

« Avec la pandémie de la COVID-19 et l’incertitude économique qui se poursuivent, certains clients sont inquiets. Les Normes d’hypothèses de projection sont un outil précieux pour les planificateurs financiers, qui peuvent les utiliser pour aider leurs clients à garder le cap sur leurs objectifs à long terme », dit Lesley Poole, CFP, présidente du Groupe de travail sur les normes du Conseil des normes de FP Canada. Ce groupe de travail est indépendant. Il se compose de planificateurs financiers et d’au moins un membre du public. Il encadre le Comité des Normes d’hypothèses de projection.

Projections à long terme

Les Normes d’hypothèses de projection visent à aider les planificateurs financiers à élaborer des projections financières à long terme. Long terme se dit des projections couvrant un horizon de 10 ans ou plus. Ces normes sont mises à jour annuellement.

« Grâce aux Normes d’hypothèses de projection, les planificateurs financiers peuvent offrir des conseils avisés et s’assurer que leurs clients auront un plan financier à long terme basé sur des hypothèses objectives », affirme Martin Dupras, président du Comité des Normes d’hypothèses de projection, qui développe et met à jour les normes chaque année. Ce comité est constitué de planificateurs financiers qui sont aussi actuaires ou détenteurs du titre CFA (Chartered Financial Analyst). Ils détiennent soit le titre de Pl. Fin. au Québec ou la certification CFP (Certified Financial Planner) dans le reste du Canada.

Suivre le client

Un document de l’IQPF et du Conseil des normes de FP Canada intitulé Normes d’hypothèses de projection rappelle dans son introduction que les normes existent pour guider le planificateur financier. Dans ses projections, le planificateur financier n’a pas d’obligation de résultat, mais plutôt une obligation de méthode, signale-t-il. Il encourage les planificateurs financiers à suivre ces normes pour se protéger et protéger leurs clients.

« Prédire la direction que prendra l’économie et comment évolueront les marchés financiers est un exercice périlleux », peut-on lire. Selon le document, le planificateur financier devrait toujours produire une analyse de sensibilité. L’analyse servira à illustrer et évaluer comment un changement dans les hypothèses utilisées pourrait affecter la situation du client. « Cette façon de faire est particulièrement importante quand l’atteinte des objectifs pourrait être menacée », signale-t-il. Dans certaines situations, il dit acceptable que le planificateur financier utilise un écart de plus ou moins 0,5 % à l’égard des normes de rendement.

Survivre : le plus grand risque financier

Les deux organismes signataires du document sur les Normes ont utilisé la table de mortalité 2014 des retraités canadiens de Statistique Canada (CPM2014) pour calculer l’espérance de vie. « Même si cette table reflète la probabilité moyenne de survie pour un sous-ensemble de la population canadienne (les retraités canadiens), elle peut être utilisée pour représenter l’espérance de vie de l’ensemble des Canadiens puisque sa tendance vers une plus grande espérance de vie permet une approche plus prudente », souligne l’IQPF.

Le document recommande aux planificateurs financiers d’utiliser une période de projection où la probabilité de survie n’excède pas 25 %. La tranche de 25 % regroupe de plus longues espérances de vie que la tranche de 50 %, par exemple. Plus la probabilité choisie est petite, plus longue la période sur laquelle le planificateur financier peut fonder ses projections. Il protège ainsi son client contre le risque de survie. Selon l’IQPF et le Conseil des normes FP Canada, ce risque est le plus grand risque financier d’un individu.

Selon la table produite dans le document, une femme de 40 ans a aujourd’hui 25 % de probabilité d’être toujours en vie à l’âge de 97 ans. Un homme du même âge a 25 % des chances d’atteindre l’âge de 94 ans. Une femme de 70 ans a 25 % de probabilité d’être toujours en vie à 96 ans, contre 94 ans s’il s’agit d’un homme de 70 ans. Dans les cas d’un couple de 40 ans ou de 70 ans, la probabilité que l’un ou l’autre des conjoints de chacun de ces couples soit toujours en vie à l’âge de 98 ans est de 25 %.