Les investisseurs institutionnels devront davantage composer avec des risques politiques, selon un groupe d’experts réuni dans le cadre de la Conférence internationale de Montréal sur la retraite (CIMR) qui a eu lieu hier à Montréal.
Lisa Emsbo-Mattingly, directrice de la recherche sur l'allocation d'actifs chez Fidelity Investments, se veut rassurante puisque, selon elle, la volatilité des marchés est demeurée faible malgré l'augmentation importante des risques politiques au cours des deux dernières années. « L'écart entre l'incertitude politique et la volatilité des marchés n'a jamais été aussi élevé depuis l'an 2000 », souligne-t-elle.
Pour Philip Stevens, commentateur politique en chef pour le Financial Times, le déclin continu de l'influence mondiale des États-Unis, la détermination de la Chine à devenir une surpuissance via des liens plus étroits avec l'Europe et la montée du populisme dans les marchés développés sont autant de tendances qui façonneront le monde dans les années à venir.
« On peut anticiper les mauvaises conséquences »
Même son de cloche pour Marko Papic, chef de la stratégie géopolitique chez BCA Research. « Nous entrons dans un monde multipolaire où le pouvoir des États-Unis connait un déclin relatif qui mènera à un environnement moins stable, affirme-t-il. Déjà, le nombre de conflits dans le monde est, à l'heure actuelle, à son plus haut depuis 2010 ».
Jean Raby, chef de la direction chez Natixis Global Asset Management, mentionne pour sa part qu’il est extrêmement difficile de déterminer des résultats politiques face à des risques géopolitiques. « Même si on prédit correctement l'issue, on peut anticiper les mauvaises conséquences », explique-t-il.
« Énorme liquidité dans les marchés »
Paul Podolsky, associé de Bridgewater Associates, se dit préoccupé par la vague mondiale de populisme et l'énorme liquidité dans les marchés, un phénomène qui n'a pas été vu depuis la fin des années 1920, lorsque ces tendances ont mené à des changements de politique inattendus.
Dans un environnement d'investissement complexe avec une faible inflation, de bas taux d'intérêt et des valeurs d'actif élevées, Henri-Paul Rousseau, vice-président du conseil chez Power Corporation du Canada et Corporation financière Power, croit que ce serait une erreur de ne pas tenir compte des risques géopolitiques lorsqu'on considère de nouveaux investissements.
« Alors que les marchés ont été historiquement résilients aux chocs politiques, ce ne sera possiblement plus le cas dans le contexte actuel où les risques géopolitiques peuvent avoir un impact plus grand sur les rendements d'investissement que par le passé », affirme-t-il.