En dépit de conditions économiques difficiles, les investisseurs institutionnels destinent une part grandissante de leurs placements privés au secteur de l’assurance, qui demeure attrayant malgré les conditions économiques difficiles, révèle une analyse internationale de la firme de recherche McKinsey & Company intitulée Insurance investors: Priorities and opportunities

McKinsey a révélé des tendances qui soutiennent l’essor du placement privé en assurance, malgré l’environnement hostile que créent l’inflation, le coût du capital élevé et la spirale haussière des taux d’intérêt. La firme note également l’escalade dans la valorisation de certains actifs. 

Lorsqu’elle a annoncé le 25 octobre dernier qu’elle maintenait son taux directeur à 5 %, la Banque du Canada a souligné du même trait qu’elle poursuit son resserrement quantitatif. « À l’échelle mondiale, l’économie ralentit. On s’attend à ce que la croissance se modère encore, la demande étant freinée par les hausses de taux passées des banques centrales et la forte montée récente des rendements obligataires mondiaux », a-t-elle déclaré. 

Les banques centrales demeurent vigilantes face à l’inflation sous-jacente qui persiste, ajoute la Banque du Canada. « Les prix du pétrole dépassent l’hypothèse du Rapport sur la politique monétaire de juillet 2023, et la guerre en Israël et à Gaza représente une nouvelle source d’incertitude géopolitique », relate-t-elle. 

Recul amorcé 

Selon l’analyse de McKinsey, les activités de placement privé ont commencé à reculer l’an passé. « Après une année 2021 frénétique, le marché du placement privé (private equity en anglais) a connu une baisse de 15 % du nombre de transactions en 2022 », écrivent les auteurs de l’article portant sur leur analyse. Ils disent que l’industrie de l’assurance en Amérique du Nord a aussi ressenti ce ralentissement, avec une réduction similaire des transactions entre 2021 et 2022. 

McKinsey observe pourtant que quatre tendances soutiennent le placement privé dans le secteur de l’assurance : 

  • L’agrégation et la diversification de la distribution 
  • La focalisation des investissements dans les Insurtech 
  • L’assurance vie et les rentes perçues comme source de capital permanent 
  • Les solutions de capital alternatives 

Ces tendances façonneront le rôle du placement privé dans le secteur de l’assurance au cours des prochains mois et années, soutient la firme de recherche. « Les praticiens du placement privé doivent naviguer dans ce domaine avec un mélange de prudence, d’adaptabilité et d’innovation pour réussir dans le paysage des investissements axés sur l’assurance », prévient-elle. 

75 % à la consolidation 

L’analyse de McKinsey révèle également que le secteur de l’assurance représente une part de plus en plus importante des transactions en placement privé. Celle-ci s’établit actuellement à environ 60 % du nombre de transactions en placement privé au sein des institutions financières au cours des dernières années, selon l’analyse que tire McKinsey des données de Pitchbook (nom de l’analyse de données faite par McKinsey).

L’analyse montre que l’agrégation et la diversification de la distribution continuent de représenter l’un des principaux moteurs de l’activité en placement privé dans le secteur de l’assurance : de 2020 à 2022, environ les trois quarts du volume des transactions en placement privé en assurance ont été générés par le secteur de la distribution. « L’agrégation et la diversification de la distribution continuent de représenter l’un des principaux moteurs de l’activité en placement privé dans le secteur de l’assurance », signale McKinsey. 

Elle estime que les distributeurs, tels que les courtiers et les agents généraux restent des investissements populaires en placement privé en raison de leur faible intensité en termes de besoin en capital. Leur modèle axé sur les revenus récurrents et leur résilience historique à travers les cycles économiques en augmente aussi l’attrait, selon McKinsey. Plusieurs acquisitions ont aussi porté sur des firmes de soutien en réclamations, en souscription ou à la distribution pour des acteurs établis en assurance. 

Exemple récent de transaction, le fonds québécois de capital-investissement Novacap a conclu un partenariat avec Lewis & Ellis, un cabinet de conseil actuariel établi à Dallas aux États-Unis. Le cabinet a précisé que le capital servira à soutenir ses initiatives stratégiques de croissance et d’innovation. 

« Lewis & Ellis offre une plateforme attrayante dans le secteur du conseil et des services actuariels. Nous avons investi dans une organisation prometteuse avec une gamme complète de services, des plans de croissance ambitieux, un leadership éclairé, une équipe exceptionnellement talentueuse et une fidélité client inégalée », a déclaré Marcel Larochelle, associé directeur chez Novacap et actuaire.