Les planificateurs financiers peuvent choisir de ne pas participer à la croissance et à la conception des technologies. Mais ce faisant, ils laisseront les commandes aux concepteurs et aux autorités de réglementation, qui pourront alors créer ce qu’ils veulent — ce qui ne sera pas nécessairement dans l’intérêt des planificateurs et des clients, ont dit des conférenciers au congrès de la planification financière de FP Canada

Sur le chemin des développements technologiques, les planificateurs financiers peuvent choisir soit le siège du conducteur, soit le siège du passager, pense Neil Gross, président du comité consultatif des investisseurs de la Commission des valeurs mobilières de l’Ontario. S’ils ne sont que de simples passagers, cependant, ils n’iront peut-être pas là où ils veulent aller. Il vaut mieux pour l’industrie qu’ils prennent le volant, dit-il. 

« Stratégiquement, c’est probablement beaucoup mieux que de rester assis en attendant de voir les développements arriver. » 

Améliorer l’accessibilité 

FP Canada et l’Institut québécois de planification financière (IQPF) ont mis sur pied un groupe de travail appelé Fintellect dont la mission est d’explorer les façons de tirer parti des nouvelles technologies pour aider l’industrie et accroître son accessibilité pour les Canadiens. Bientôt, ce groupe examinera les renseignements qu’il a déjà rassemblés et tentera de trouver des moyens de les intégrer aux stratégies des membres de l’industrie, des organismes de réglementation et d’accréditation, et des gouvernements. 

M. Gross, qui est aussi un membre de Fintellect, est d’avis que tant les planificateurs financiers que l’industrie tout entière doivent devenir des « agents du changement ».

« Il est essentiel que les planificateurs financiers, individuellement et collectivement, se familiarisent davantage avec les technologies à l’étape de la conception — la création des outils technologiques qui faciliteront la planification financière et la gestion de patrimoine dans l’avenir, dit-il. Si on laisse faire les fournisseurs de services technologiques, ils vont créer des choses qui règlent le problème, selon eux… Mais peut-être qu’ils ne définiront pas bien le problème et qu’ils n’auront pas les bonnes solutions. » 

Qui plus est, les changements ne viendront probablement pas des autorités de réglementation, avance-t-il. Il ajoute cependant que FP Canada et l’IQPF devraient se lancer dans la conception de technologies, surtout si on leur en donne le mandat et le budget. 

Lutter contre la désinformation 

D’après Christopher Dewdney, directeur, Dewdney & Co., et président de Fintellect, les planificateurs financiers se doivent de participer compte tenu de la désinformation propagée par certains influenceurs sur TikTok et Facebook.

« [Il faut absolument] être capables d’utiliser la technologie, surtout ceux d’entre nous qui sont agréés, pour transmettre les bons renseignements et lutter contre la désinformation des sources qui ne sont pas compétentes », dit M. Dewdney. 

La technologie n’a jamais été au premier plan de la planification financière avant la COVID-19, fait-il remarquer, si bien que l’industrie se trouve désormais devant un défi. Les planificateurs ne devraient pas craindre le pire pour autant, poursuit-il. 

« N’allez pas croire que la technologie, c’est un robot qui, du jour au lendemain, va vous remplacer ou vous dire quoi faire avec vos clients. »

Tandis que le groupe de travail étudie les meilleures façons d’utiliser la technologie avec les clients, d’autres sujets ont été abordés lors du congrès, notamment la confidentialité. 

Confidentialité des renseignements sur les clients 

« On ne doit pas oublier que la confidentialité appartient au client », dit Damienne Lebrun-Reid, directrice générale, normes et certification, et cheffe, FP Canada Standards Council

« Les normes de responsabilité professionnelle sont claires : une personne certifiée ne peut pas supposer qu’un client a renoncé à la confidentialité, et avant de communiquer des renseignements confidentiels, y compris le nom du client, elle doit obtenir son consentement direct par écrit. Assurer la confidentialité des renseignements sur les clients est un principe fondamental et une obligation professionnelle en vertu du code d’éthique et de la déontologie. » 

De plus, Mme Lebrun-Reid rappelle aux planificateurs financiers qu’ils ne doivent divulguer aucune information sur un client sans le consentement exprès de celui-ci. 

De nombreux clients se fient à leur planificateur financier, dit-elle, mais ce ne sont pas tous les planificateurs qui connaissent tout concernant l’industrie. Et il n’est pas question de faire des suppositions ou se fier à de l’information qui n’est plus d’actualité. 

Cabinets de conseils multidisciplinaires 

Des cabinets de conseils multidisciplinaires ont vu le jour pour offrir aux clients de l’information qui peut uniquement être donnée par plusieurs professionnels, comme des avocats, des comptables ou des conseillers en assurance.

« Nous aidons les clients à mettre en œuvre des stratégies pour réaliser leurs objectifs, ce qui veut dire que nous devons presque toujours faire appel à d’autres professionnels », explique Julia Chung, cofondatrice et cheffe de la direction de Spring Planning, à Surrey, en Colombie-Britannique. 

Mme Chung dit que son cabinet a ce qu’il faut pour attirer une équipe dynamique et nouer des relations étroites basées sur la confiance avec les clients.

Quand on opte pour une approche multidisciplinaire, chaque membre de l’équipe doit avoir une permission écrite pour faire intervenir les autres, souligne-t-elle. Il faut également s’entendre sur des objectifs communs.

Il faut aussi demander au client s’il fait affaire avec d’autres personnes, car on veut éviter de voler le travail d’autres professionnels de la planification financière. 

Mme Chung est d’avis que si le client est satisfait, il devrait passer le mot. 

« La meilleure stratégie de marketing qu’on peut avoir, c’est de faire de l’excellent travail » et de se faire recommander à des amis du client, dit-elle.