Déjà long étant donné l’importance des montants d’assurance vie en jeu dans un plan de financement immédiat, le temps d’émission des polices est devenu un véritable problème en temps de COVID-19.

Les ventes virtuelles à distance n’étaient pas une option, surtout lorsque les services paramédicaux ont cessé leurs activités. « Ce sont des dossiers trop techniques pour être traités à distance », Charles Colas, conseiller en sécurité financière spécialisé dans le plan de financement auprès de Cabinet d'assurance Banque Nationale. Depuis, la reprise des activités des firmes paramédicales, ce marché a repris avec un peu plus d’efficacité, note-t-il.

Même si plusieurs compagnies d’assurance vie ont augmenté à un million de dollars (M$) la limite d’assurance permise sans examen médical, ce n’est pas assez, ajoute M. Colas. Le rehaussement des limites vise selon lui le marché familial avant tout. De plus, ce rehaussement s’adresse à une clientèle jeune, habituellement les 18 à 49 ans.

« Je viens de placer une police dont la prime est de 400 000 $. La couverture d’assurance vie des polices émises dans le cadre d’un plan de financement atteint au moins 2,5 M$. Ce marché cible les 50 ans et plus. J’ai parlé avec des collègues et ils vivent la même chose c’est même chose : tous ces facteurs ont causé un ralentissement dans ce créneau de marché. »

Ces conseillers n’ont toutefois pas lancé la serviette. « En attendant, nous contactions tout de même des clients par Zoom, Microsoft Teams, Google Meet ou Facetime, mais ces plateformes ne permettent pas de conclure ce genre de transaction, dit M. Colas. Dans ce genre de dossiers, ça prend du papier ! Je travaille avec des centres d’influence.

Un monde incertain

Charles Colas doit de plus composer avec un environnement où rien n’est plus comme avant. « Les grands bureaux bancaires sont au ralenti. Les gens ont peur de la COVID-19. Les démarches sont plus longues ou plus difficiles », déplore-t-il.

M. Colas affirme que le tiers des PME « sont sur le poumon artificiel ». De plus, il constate que beaucoup de clients attendent de voir ce qui arrivera à l’économie avant d’investir.

« J’ai un client du secteur maritime, dans l’import-export. Ses activités sont au ralenti avec la grève dans le port de Montréal. Le quart des clients du plan de financement immédiat proviennent de ce secteur. Ils sont riches, mais plus prudents. Le dollar américain se dévalue avec la dette et les élections aux États-Unis créent de l’incertitude », dit M. Colas.

La récession peut aussi frapper des clients existants, signale-t-il. Un de ses clients qui entame la deuxième année de son plan lui a remis une traite bancaire de 192 000 $ pour pouvoir maintenir sa stratégie de financement immédiat. Un autre de ses clients en est à sa troisième année et n’a actuellement aucun revenu. « Cette année, la stratégie est plus difficile à maintenir pour se client », confie M. Colas.

Il signale que si les difficultés du client persistent, la stratégie « peut se découdre ». Il rappelle qu’un client ne peut espérer profiter des avantages d’un plan de financement s’il y met fin trop tôt. Selon M. Colas, il faut maintenir la stratégie au moins pendant huit ans et dans certains jusqu’à 12 ans.