CLIEDIS, l’organisme pancanadien qui vise à l’adoption de normes informatiques dans l’industrie de l’assurance vie, peine à faire adopter son flux (feed) appelé Book of business par les assureurs.
Darlys Corbitt, directrice générale de CLIEDIS, a révélé le tout au Journal de l’assurance. Ce flux était auparavant nommé Inforce. Actuellement, seuls quatre assureurs ont adopté l’un des deux flux. Canada-Vie adhère à Inforce, alors que Manuvie, ivari et iA Groupe financier, à Book of business.
Mme Corbitt n’a pas précisé les raisons pour lesquelles l’organisme connait cette difficulté. Elle rappelle toutefois le caractère critique de l’adoption des normes CITS, soit l’ensemble des sources d’informations numériques, pour la gestion des portefeuilles en vigueur. « Nous devons nous assurer que les fournisseurs voient un retour sur leur investissement avec l’adoption par leurs distributeurs pour faire avancer le travail. »
De plus, elle identifie que certains distributeurs présentent des lacunes dans la gestion de toute l’information qui leur parvient comme un obstacle à l’atteinte de leur objectif d’un taux d’adoption des normes CITS de 100 %. « Avec une hausse du nombre de connexions disponibles, les distributeurs ont du mal à utiliser au mieux les données. Il est possible qu’ils doivent modifier des processus internes et d’offrir du support à leurs employés afin de réaliser pleinement les avantages de l’information envoyée électroniquement », ajoute Mme Corbitt.
Nombreux ajustements
Mario Provencher, vice-président des opérations chez Groupe financier Horizons et membre du conseil d’administration de CLIEDIS, nuance toutefois les propos de Mme Corbitt. Il souligne que plusieurs ajustements ont dû être faits pour s’adapter aux normes CITS, notamment parce que les flux ne sont pas harmonisés auprès des 23 assureurs avec lesquels Horizons traite.
« Quand on reçoit une information électronique, elle nous parvient d’une manière différente de la part de tous nos assureurs. Par exemple, lorsqu’un agent des nouvelles affaires reçoit une information et qu’il a un doute, il doit aller la vérifier sur le site de l’assureur ou l’appeler. Avec un flux qui exprime toutes les informations nécessaires et qui est clair, il n’aurait pas besoin de le faire. L’adoption des normes CITS est importante pour que tous les distributeurs aient la même compréhension du flux pour transmettre la bonne information au conseiller. Ceci prend du temps et de la confiance pour arriver à une harmonisation », dit M. Provencher.
Il explique aussi que tout le personnel qui œuvre chez un distributeur doit comprendre le système. Un travail doit aussi se faire pour identifier les erreurs et les partager avec CLIEDIS. Pour ce faire, il doit y avoir un investissement, « qui n’a pas à être énorme », a-t-il tenu à préciser, pour s’assurer que les systèmes informatiques soient compatibles à la réception des flux de données.
Il établit un parallèle entre les efforts qui sont déployés du côté des fonds communs de placement. M. Provencher explique que des employés des distributeurs sont affectés à la détection des erreurs dans la plateforme Fundserv, via laquelle les transactions en fonds communs transigent, lors de l’envoi et de la réception des informations afin de les envoyer aux intervenants concernés. Une des problématiques liées à la faible adoption de la norme CITS Book of business que rencontrent les distributeurs est la difficulté de se conformer aux obligations règlementaires de l’Autorité des marchés financiers. Entre autres, la mesure selon laquelle un agent général ou un conseiller doit s’occuper d’une police orpheline est quasi impossible si un fournisseur n’a pas adopté le flux Book of business ou Inforce, raconte M. Provencher.
« Il n’y a pas moyen pour nous de savoir qu’une police est orpheline si on n’a pas accès au portefeuille de clients de l’assureur. On le sait au fur et à mesure qu’un client nous rejoint, ou lorsqu’on reçoit une requête de changement d’adresse, par exemple. Ça nous arrive par la bande », déplore-t-il. Il pointe du doigt les assureurs, qui se font avares des informations sur leurs clients.
« On réagit au fur et à mesure, on remplit nos obligations, mais pas aussi complètement qu’on voudrait le faire. On sent une certaine urgence. Le flux Book of business nous mène dans la bonne direction. Il faut encourager les assureurs à l’adopter et mettre l’accent sur l’importance de le développer. »
Des développements importants en trois ans
Malgré certaines lacunes, CLIEDIS a réalisé certains progrès depuis trois ans. Si seulement six fournisseurs avaient adopté certains flux en 2014, ils sont maintenant 15 à le faire en 2017. À l’époque, seule la norme Pending case status, qui faisait état de l’avancement des propositions, était disponible. Maintenant, en plus de celui-ci, Application notification et Book of business sont aussi à la portée des assureurs. L’objectif de CLIEDIS est d’atteindre les 30 flux offerts d’ici la fin de l’année. L’organisme en est à 26 actuellement.
Mme Corbitt évalue que l’atteinte de leur objectif d’adoption des normes CITS par tous les fournisseurs prendra encore plusieurs années.