De par les montants qu’ils devraient couvrir en cas de propagation massive de la COVID-19, la firme de notation Moody’s croit que les réassureurs présents aux États-Unis sont plus à risque financièrement que les assureurs primaires œuvrant au sud de notre frontière.

Ce qui ne veut pas dire que la pandémie ne sera pas couteuse pour les assureurs de personnes américains. La firme de notation a présenté trois scénarios possibles dans un rapport intitulé Life insurers can tolerate higher coronavirus claims; life reinsurers more exposed, qui ont tous pour prémisse que 1 % de la population infectée décèdera de la COVID-19.

Le premier scénario table sur un taux d’infection de 2 % de la population américaine, ce qui représente 66 000 décès. La facture serait alors de 8 milliards de dollars américains (G$ US). Ce scénario peut toutefois être déjà écarté, car près de 85 000 Américains sont morts de la COVID-19 en date du 14 mai.

Le second scénario implique un taux d’infection de 10 %. Moody’s considère qu’il s’agit d’un scénario de base, comme le premier. Dans ce cas-ci, les États-Unis verraient 330 000 de leurs citoyens périr de la COVID-19. La facture pour les assureurs de personnes serait alors de 40 G$ US.

Le troisième scénario en est un dit de stress, c’est-à-dire qu’il mettrait à rude épreuve les capacités financières des assureurs vie américains. Il table sur un taux d’infection de 40 % de la population, ce qui ferait en sorte que 1,3 million d’Américains décéderaient de la COVID-19. La facture pour les assureurs serait alors de 160 G$ US.

À titre comparatif, en 2019, les assureurs vie américains ont versé des prestations de décès totalisant 76 G$ US. Chaque année, environ 2,8 millions d’Américains perdent la vie.

Des pertes pouvant atteindre 20 %

Moody’s dit s’attendre que les compagnies à qui elle attribue une cote de crédit voir enregistrent des pertes de capitaux allant de 1 % à 5 % vu la pandémie. Toutefois, si on retient le scénario de stress plus extrême, ces pertes pourraient atteindre 20 %.

Moody’s fait aussi remarquer que les assureurs souscrivant des polices plus traditionnelles comme l’assurance vie entière sont à risque de devoir débourser plus de sous puisque la mortalité augmentera. À l’inverse, ceux qui sont dans le segment de l’assurance invalidité ou des régimes de retraite pourraient débourser moins au fil du temps vu le décès prématuré de certains clients.

Quant aux réassureurs, Moody’s stipule qu’ils sont plus à risque vu la masse de blocs d’assurance vie qu’ils couvrent. Certaines pourraient ne pas avoir les liquidités nécessaires pour couvrir les montants de réassurance couverts auprès des assureurs primaires. Les réassureurs faisant partie d’un plus grand conglomérat mondial pourraient toutefois compter sur leur soutien financier, indique les analystes de Moody’s.