La Compagnie minière IOC vient de transférer à Sun Life 560 M$ de risques liés à son régime de retraite, dans une transaction de rentes collectives qui vise plus de 3 700 retraités et bénéficiaires.
Morneau Shepell a agi comme consultant dans cette transaction de rentes collectives sans rachat des engagements.
Réduire les risques
Cette transaction permet de réduire les risques du régime de retraite et en solidifie la position financière, a dit le consultant. Une transaction de rentes sans rachat des engagements s’apparente à toute autre décision d’investissement que ferait une caisse de retraite, a expliqué en entrevue avec le Portail de l’assurance Benoît Labrosse, vice-président, gestion d’actif et des risques de Morneau Shepell. « C’est comme si elle achetait un portefeuille d’actions ou d’obligations. La transaction ne change rien au régime par ailleurs. »
Une telle transaction d’achat de rentes permet en outre de sécuriser le régime en en retirant le risque fiduciaire de placements et le risque de longévité des retraités, précise M. Labrosse.
Plusieurs soumissionnaires
En entrevue, il a révélé que l’appel d’offre montrait initialement une transaction brisée en trois morceaux (souvent appelé tranches dans le milieu), dans l’éventualité où trois assureurs seraient retenus. Un premier était fixé à 80 M$, et les deux autres à un montant plus élevé.
« Nous voulions assurer une participation de l’ensemble des assureurs au processus », a expliqué M. Labrosse. « Le nombre de soumissionnaires a varié selon chaque morceau, mais il y a eu au moins trois soumissionnaires par chacun des trois morceaux. »
Plus grosse bouchée pour un seul assureur
Sun Life a finalement ramassé les trois morceaux. Selon M. Labrosse, l’assureur pouvait prendre entre bonnes mains tous les aspects de la transaction, et il n’a ainsi pas été nécessaire de la briser en trois. Sun Life estime pour sa part qu’il s’agit de la plus importante transaction réalisée en un seul jour auprès d’un seul assureur dans le marché canadien. « Une transaction de cette taille et de cette portée montre que la Sun Life est en mesure d’aider les employeurs canadiens à réduire leurs risques liés aux régimes de retraite et d’offrir une protection durable aux retraités », a souligné Brent Simmons, directeur général principal et chef, solutions prestations déterminées de la Sun Life.
En entrevue avec le Portail de l’assurance, Mathieu Tessier, directeur général, relations avec la clientèle de Sun Life, a précisé qu’aucun réassureur n’a participé à la transaction. Dans un dossier sur la prise en charge des régimes de Stelco paru dans l’édition de novembre-décembre 2019 du Journal de l’assurance, M. Tessier avait expliqué que peu d’assureurs se sentaient à l’aise de s’impliquer seul dans une transaction de plus de 500 M$. Il avait manifesté l’intention de se rendre au-delà.
« Cette limite de 500 M$ est théorique, et est appelée à augmenter. Nous avons continué de raffiner nos processus pour y parvenir. Nous nous en faisons une priorité, ainsi que de développer notre appétit pour le risque et de choisir de bons actifs », dit-il.
Marché très concurrentiel et sélectif
Selon lui, une transaction avec un seul assureur est un gage d’efficacité, mais dans une transaction à joueurs multiples, chacun est capable d’optimiser la tranche d’actifs qu’il prend. « Le joueur qui prend seul le risque doit démontrer la valeur ajoutée qu’il y a à transiger avec un seul assureur. C’est un marché très concurrentiel. Bien que le prix soit un élément clé, l’assureur qui agit seul doit démontrer qu’il excelle dans tous les secteurs de la transaction », croit M. Tessier.
M. Labrosse a, pour sa part, énuméré certains des critères de choix qu’applique Morneau Shepell dans son processus de sélection. « Le prix est important, mais le plus important est la responsabilité fiduciaire : il faut sécuriser les prestations de tous ceux qui demeurent dans le régime. L’assureur doit être reconnu pour ses services, son expertise et son appétit pour la prise de risque de régime. Dans les grosses tranches de transaction, il doit avoir démontré sa capacité d’effectuer de grosses transactions de rentes collectives » énumère-t-il.
Parmi d’autres critères que mentionne M. Labrosse, l’assureur qui offre déjà d’autres services au promoteur du régime, tels l’assurance collective, part avec une longueur d’avance. Signe des temps, la volonté que le soumissionnaire aura à partager de l’information sur le traitement qu’il fait de la cybersécurité jouera en sa faveur, ajoute-t-il. « En 2019, le vol de donnée a atteint un record eet plusieurs organisations ont été touchées », a rappelé le vice-président, gestion d’actif et des risques de Morneau Shepell.