En s’installant à Montréal, Northleaf Capital Partners a voulu se rapprocher de sa clientèle québécoise. Selon son directeur général Daniel Dupont, il est plus facile pour la firme de placements privés de servir ses clients en ayant un bureau sur place.

Si la nouvelle recrue Kathleen Ffrench a une vaste expérience en vente et en développement des affaires, elle précise que ce ne sont pas ses objectifs principaux. « Comme Northleaf a déjà plusieurs clients au Québec, mon arrivée n’est pas pour pénétrer le marché, mais plutôt pour se rapprocher des investisseurs et des intervenants d’ici. Mon rôle de service est aussi important que mon rôle de développement des affaires », explique la vice-présidente des ventes, qui a aussi œuvré chez Placements institutionnels Sun Life et Mercer auparavant.

Une ancienne filiale  de TD

Northleaf est né de la scission de la filiale de placement privé de la Banque TD en 2009 lorsque, comme plusieurs bannières à travers le monde, elle a décidé de se départir de cette division en raison de la situation économique. Les partenaires de l’époque ont décidé de racheter la firme de la banque.

Globalement, Northleaf compte 9 milliards de dollars (G$) américains en actif sous gestion, alors que ce nombre se portait à 2,9 G$ en 2009. Elle gère actuellement 1,3 G$ en actif au Québec pour sept clients. Parmi ceux-ci, on compte la Caisse de dépôt et placement du Québec. M. Dupont ajoute que Northleaf désire se rapprocher des grands fonds de pension québécois. Au Canada, le nombre d’investisseurs se porte à 75. La firme a des bureaux à Toronto, Londres, Menlo Park et Chicago, en plus de Montréal.

Pourquoi Montréal ? Parce que le marché québécois est distinct. Y être est le meilleur moyen de le comprendre, disent les deux dirigeants de l’entreprise. « Il y a de grandes différences entre les stratégies de placements et l’interprétation du risque des investisseurs à travers le Canada. Je ne sais pas si c’est parce qu’il y a plusieurs universités au Québec qui produisent un grand nombre d’actuaires, mais il semble y avoir un plus grand appétit pour des placements alternatifs qui peuvent offrir des caractéristiques intéressantes pour la gestion des risques, incluant l’appariement d’un passif. C’est donc important d’avoir quelqu’un d’imprégné dans le marché et d’avoir l’optique québécoise sur les besoins des régimes de retraite et des autres investisseurs pour bien les desservir », souligne Mme Ffrench.

« La proximité simplifie les choses. Northleaf est présent dans les marchés de l’est du Canada et particulièrement au Québec depuis de nombreuses années, en développant des relations avec nos investisseurs et aussi en investissant dans de nombreuses opportunités d’affaires. Un bureau à Montréal et la présence de Kathleen permettra d’approfondir nos relations avec les investisseurs, et élargir notre carnet de contacts, et d’augmenter notre participation à des activités de réseautage », précise M. Dupont. Il renchérit en mentionnant que Northleaf a dédié des ressources à trouver un alignement avec les investisseurs et les consultants, pour faire l’approvisionnement d’investissements.

C’est aussi parce que le marché des placements privés est un marché local, bien que les investissements soient globaux. La ville de Montréal fait partie d’une des deux plateformes importantes au pays, dit Daniel Dupont, soit celle de l’axe Ontario-Québec, la deuxième étant la Colombie-Britannique.

Toutefois, Northleaf ne prévoit pas implanter de bureau dans l’Ouest canadien. « Le marché y est très différent. On retrouve beaucoup de coentreprises, c’est donc un marché où on est un peu moins présent. Le marché de la Colombie-Britannique est plus petit qu’ici », ajoute-t-il.

Pas de nouveaux marchés

L’ajout du bureau de Montréal ne signifie pas que l’entreprise conquerra de nouveaux marchés dans un futur rapproché. « Northleaf est une entreprise assez conservatrice, puisqu’on vient d’une banque. La stratégie d’investissement est donc aussi conservatrice. On essaie de protéger le capital puisque l’on compte plusieurs fonds de pension comme client. C’est important », dit M. Dupont. Il avance que la firme génère des rendements supérieurs à l’indice public et qu’elle continue doucement de croitre.

Sa stratégie se compose de trois marchés principaux : les placements privés, la dette privée et les infrastructures. Ce dernier, développé l’an dernier, est le résultat d’une volonté de Northleaf de répondre aux besoins de ses clients. C’est à la suite de la demande d’un grand fonds de pension impliqué dans des projets d’infrastructures et qui souhaitait y investir que la firme a décidé de s’y aventurer.

« Notre client nous a dit que puisque nous faisons du midmarket, nous devrions aussi nous spécialiser dans les infrastructures en Amérique du Nord. Nous avons donc créé un fonds parallèle. D’autres clients ont voulu embarquer. C’est ce qui nous a amenés à développer ce marché », dit M. Dupont.

Portrait de la clientèle

Leurs clients sont principalement des groupes, fonds de pension et bureaux de gestion de patrimoine familial qui ont généralement investi dans d’autres secteurs et qui s’intéressent aux placements alternatifs. M. Dupont cite qu’auparavant, seuls 5 % à 10 % des portefeuilles étaient composés de placements alternatifs. Ce taux est maintenant de 30 % à 35 % aujourd’hui.

« Les marchés alternatifs se sont grandement développés au cours des dernières années.  Avec de plus faibles taux de rendement générés sur les marchés obligataires depuis la dernière décennie, les placements alternatifs ont permis de générer des rendements fort intéressants sur ces marchés, et à attirer plusieurs nouveaux investisseurs », soutient-il.

Il ajoute que plusieurs des clients de Northleaf sont de grands investisseurs. La firme compte plusieurs petits fonds de pension où il n’y a qu’une ou deux personnes. Ces derniers veulent investir de façon globale. Ils ont besoin d’un gestionnaire pour ce faire.

Pour l’instant, Mme Ffrench est la seule employée du bureau de Montréal. Des gens de Toronto et de Londres la visiteront souvent. M. Dupont affirme que Northleaf embauchera éventuellement d’autres personnels, sans préciser quand ces embauches viendront. De plus, la firme vise la ville de New York pour ouvrir un autre bureau dans les prochaines années.