Aon propose un indice de longévité personnalisé pour aider les petits régimes à prestations déterminées à mieux gérer leurs risques.

Pour aider ses clients à ajuster leurs hypothèses de risque de longévité, Aon propose aux promoteurs de régimes de retraite de petite taille d’utiliser une approche importée de ses activités au Royaume-Uni : le Modèle de longévité de Aon. Ce modèle permet d’attribuer un indice personnalisé de longévité à chacun des membres d’un régime à prestations déterminées à partir de données géodépendantes et d’indicateurs de situation socioéconomique. Ces données permettent de s’approcher davantage des taux de mortalité d’un régime en particulier.

« Les entreprises de moyenne et de petite taille ne disposaient que de très peu d’outils pour ajuster leurs hypothèses de façon plus précise », a expliqué Éric Lepage, associé et membre de l’équipe de consultation en régimes de retraite, de l’équipe nationale de longévité et de l’équipe de règlement des risques.

« Les facteurs socioéconomiques des participants sont fort utiles pour distinguer, par exemple, les cols blancs des cols bleus, ou un secteur d’entreprise d’un autre », ajoute l’actuaire. Selon lui, le profil de mortalité peut varier de façon marquée entre certains corps de métier. « En foresterie, le profil variera entre employés affectés à la coupe du bois et personnel des ventes. »

Segmentation par code postal

Si les statistiques du régime ne sont pas totalement fiables, Aon peut recourir à une segmentation par code postal. « Nous associerons le code postal de chaque individu à une classe socioéconomique qui peut couvrir plus d’une région. Une région de Montréal et une autre de Toronto au profil similaire seront associées à la même catégorie socioéconomique », illustre M. Lepage. Une étude détaillée de la mortalité selon les catégories permet de trouver un facteur d’ajustement personnalisé pour chaque participant, soutient M. Lepage.

« Il y a plus de 850 000 codes postaux au Canada. Ils regroupent en moyenne de 15 à 20 ménages chacun. Un code postal peut indiquer le niveau de revenu du participant, s’il réside à la ville ou en campagne, à proximité ou non d’un hôpital, etc. Un meilleur accès aux soins peut sauver la vie. »

Progrès médicaux… avec un grain de sel

Les progrès médicaux peuvent être une indication, mais l’actuaire doit les relativiser, pense Éric Lepage. « De moins en moins de gens fument, mais on observe en contrepartie une hausse très marquée de l’obésité et des risques de pandémie de maladies qui répondent moins bien aux médicaments. Chaque progrès a son corolaire. Une fois qu’on a éliminé une maladie, il faut travailler encore plus fort pour éliminer celles qui restent. »

Des éléments dont l’issue est inconnue viennent encore compliquer le travail des actuaires. M. Lepage signale en ce sens le ralentissement de l’augmentation de l’espérance de vie. Observé au Royaume-Uni, aux États-Unis et au Canada, ce ralentissement est selon lui un facteur à regarder de près : « Est-ce une aberration statistique à court terme, ou une tendance à long terme? ».

Un modèle économique

Il existe d’autres solutions que ce modèle pour isoler le risque de longévité, mais elles sont plus couteuses. Le promoteur peut entre autres choisir de régler son problème en achetant une rente collective ou un swap de longévité pour couvrir entièrement ce risque.

Ces solutions sont plus abordables pour les régimes qui comptent plusieurs milliers d’employés, pense M. Lepage. Ces régimes disposent de statistiques plus fiables que celle des plus petits régimes, ajoute-t-il.

Ces données facilitent l’évaluation actuarielle. C’est le cas par exemple des programmes municipaux qui ont opté pour une participation égale à la caisse de retraite entre employeur et employé. Ces caisses assurent ainsi l’équité intergénérationnelle, et évitent le pelletage des couts vers les générations futures, explique Éric Lepage.