Dans son dernier Rapport sur les tendances en matière de médicaments d’ordonnance, la société Express Scripts Canada suggère que plus de 100 000 personnes au Canada pourraient soit ne pas avoir amorcé le traitement d’une maladie chronique en 2020, soit être atteintes d’une maladie chronique non diagnostiquée en raison de la pandémie de COVID-19. Toutefois, le rapport montre que les dépenses globales des régimes privés d’assurance médicaments ont augmenté de 5,4 % au même exercice, encore une fois en partie en raison d’inquiétudes liées à la pandémie.

Dans son rapport annuel, Express Scripts Canada rappelle que les analystes s’attendaient à assister, en 2020, à une hausse de 1 % des dépenses, similaire à celle de 0,6 % notée entre 2018 et 2019. Or, la pandémie a plutôt permis de constater que le nombre d’adhérents à présenter une demande de remboursement a diminué, ce qui a atténué la hausse importante du coût par demandeur.

Augmentation des demandes de remboursement et des frais d’ordonnance

Express Scripts explique qu’une partie de cette hausse est due au fait que les adhérents à un régime atteints d’une maladie chronique ont fait provision de médicaments au début de la pandémie ; s’en est suivie une augmentation des demandes de remboursement et des frais d’ordonnance attribuable au fait que de nombreuses pharmacies ont converti des ordonnances de 90 jours en approvisionnements de 30 jours. Le rapport précise que la poursuite de la hausse des demandes de remboursement de médicaments spécialisés va de pair avec l’augmentation du nombre de tels médicaments arrivés sur le marché et du nombre de médicaments homologués à avoir de nouveaux usages.

Les médicaments spécialisés continuent de représenter 60 % de la filière de développement, note le rapport. À ce titre, les médicaments contre les maladies rares et le cancer occupent le haut du pavé.

En outre, l’ensemble des dépenses en médicaments spécialisés de catégorie « 100 000 $ et plus » a augmenté de 23,3 % comparativement à 2019. En raison du prix extrêmement élevé de ces traitements de pointe, il faut concevoir un régime tout aussi innovant si on veut en maintenir la viabilité, mentionnent les auteurs.

Tendances en matière de médicaments spécialisés

Le rapport examine également de près les tendances en matière de médicaments, notamment celles qui touchent les médicaments contre le diabète et d’autres médicaments spécialisés, ainsi qu’une liste regroupant les principaux médicaments spécialisés utilisés, les maladies les plus courantes et les médicaments les plus coûteux de chaque segment.

Le rapport fournit une ventilation des dépenses par classe thérapeutique (les troubles inflammatoires, le diabète et l’asthme ou la bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) restent dans le trio de tête  ; Express Scripts note toutefois une augmentation des dépenses liées à la dépression et une baisse significative de celles qui sont liées aux médicaments contre les infections), examine les tendances en milieu pharmaceutique, se penche sur les nouveaux médicaments offerts et donne un aperçu des modifications apportées aux lois qui ont des répercussions sur les régimes d’assurance médicaments. Il présente également des réflexions sur l’identification des consommateurs d’opiacés à risque et la détection de la non-observance des ordonnances.

Une baisse significative du nombre de nouveaux demandeurs

Express Scripts signale en outre avoir assisté, en 2020, à une baisse significative des nouveaux demandeurs atteints d’une maladie chronique comme le diabète, le cancer et la dépression. Cette baisse laisse croire qu’il pourrait y avoir une accumulation croissante d’adhérents qui, pour une raison ou une autre, ne cherchent pas à se faire soigner.

À la lumière de son analyse de cette baisse des nouvelles demandes de remboursement de médicaments contre la dépression, le diabète et le cancer, l’entreprise estime que probablement plus de 100 000 Canadiens n’ont pas commencé à traiter leur dépression, plus de 20 000 n’ont pas commencé leur traitement contre le diabète et plus de 10 000 n’ont pas commencé à utiliser de médication anticancéreuse.

« Dans la foulée des mesures de confinement, de l’accent mis sur les ressources essentielles en santé et des craintes de la population, les équipes de soins médicaux non critiques constatent une baisse significative du nombre de personnes cherchant à faire soigner diverses maladies chroniques, fait remarquer le Dr Dorian Lo, président d’Express Scripts Canada. Cette tendance est préoccupante. »