Président-directeur général de AGA assurances collectives, Martin Papillon a compilé en exclusivité pour le Journal de l’assurance des statistiques qui révèlent l’impact de la COVID-19 sur les réclamations des assurés de régimes collectifs privés. Ces statistiques se fondent sur les réclamations des assurés dans un groupe de 900 régimes d’assurance collective administrés par AGA. Cet échantillon se compose exclusivement de travailleurs du secteur privé, a précisé le PDG d’AGA. L’essentiel de la clientèle d’AGA provient du Québec (99 % selon M. Papillon).
M. Papillon a analysé ces données, et en a commenté les conclusions lors de l’entrevue. La première information qui saute aux yeux : une hausse marquée de la proportion des travailleurs absents pour cause d’invalidité de longue durée.
Les résultats représentent tous les prestataires de la garantie collective d’invalidité de longue durée de l’échantillon, tant nouveaux qu’existants. « Par exemple, si la proportion passait de 1,4 % à 1,8 % dans le graphique, cela voudrait dire qu’il y a eu 0,4 % plus de cas d’un mois à l’autre. » Par ailleurs, M. Papillon a précisé qu’il n’avait pas de statistiques sur la durée des invalidités.
L’effet des saisons et aussi des confinements successifs a pu jouer un rôle, estime le PDG d’AGA. « Il y a toujours une certaine saisonnalité dans cette garantie. La proportion de certificats réclamants était plus élevée en janvier 2020 qu’en juin de la même année, malgré la pandémie. Par contre, on voit que le reconfinement de l’hiver 2021 a fait mal, avec une augmentation substantielle des invalidités de longue durée, de janvier à avril 2021 », commente Martin Papillon.
Les données d’AGA ne permettent pas de préciser les causes de l’invalidité, « mais on peut sûrement présumer que l’accroissement est attribuable à des causes de santé mentale », ajoute M. Papillon. « À partir du 1er décembre, les statistiques d’absence étaient bonnes et au 1er janvier elles ont vraiment augmenté et ont continué de le faire jusqu’au déconfinement. La grosse variable a été le resserrement de la mobilité des gens, juste avant les Fêtes. »
Au regard de l’échantillon analysé par Martin Papillon, le pire serait passé alors que la courbe redescend à un niveau semblable à celui de décembre 2020. « À l’heure actuelle, tout semble rentré dans l’ordre », a-t-il commenté.
Une baisse surprenante
Du même coup, Martin Papillon s’est dit vraiment surpris des résultats en médicaments de prescription destinés au traitement des troubles psychologiques. « Autant en dollars ($) qu’en nombre de réclamations, la tendance est à la baisse sur deux ans. C’est assez linéaire comme réduction. C’est totalement étonnant ! »
L’analyse de AGA assurances collectives a pris en compte les médicaments pour traitement de la dépression, l’insomnie, le stress et la santé mentale en général. Elle se penche sur les réclamations par certificats d’assurance, soit l’assuré, incluant le conjoint et les enfants. Il ne faut pas tenir compte des fluctuations ponctuelles d’un mois à l’autre, met en garde M. Papillon, « car souvent les réclamants renouvellent leur ordonnance de médicaments pour une période de trois mois ».
Adaptation à la pandémie
Martin Papillon en déduit que la récente baisse des invalidités de longue durée ne s’est pas transposée en une consommation accrue de médicaments pour la santé mentale. « Nous observons 30 mois d’expérience des régimes avec une baisse constante de l’utilisation de ces médicaments. »
Les résultats suggèrent selon lui que les gens semblent moins dépressifs. « Quand les gens voient tout en noir, ils vendent leurs actions, ne consomment pas et s’endettent. Ce n’est pas ce que nous voyons. »
« En conclusion, je serais tenté de dire que la population active s’est bien adaptée au télétravail ! La catastrophe en santé mentale annoncée par plusieurs ne semble pas se concrétiser au niveau des réclamations, du moins chez la population active. Ce qui concorde aussi avec la confiance des consommateurs », observe Martin Papillon. C’est peut-être différent pour les gens isolés ou sans emploi, ajoute-t-il.
Il désigne entre autres une forte hausse de la consommation au Canada, et la hausse du marché immobilier. S’ajoute aussi selon lui la confiance des investisseurs. « Les marchés boursiers sont à des niveaux records », a-t-il rappelé lors de l’entrevue qui s’est déroulée le 31 août 2021.
Cet article est un Complément au magazine de l'édition de septembre 2021 du Journal de l'assurance.