La préoccupation croissante des Canadiens pour le maintien d’une bonne santé leur rapporte gros en matière d’assurance: chez plusieurs assureurs, c’est maintenant près de la moitié des assurés qui réussissent à obtenir un taux privilégié en assurance temporaire 20 ans.Les produits d’assurance temporaire à taux privilégiés gagnent de plus en plus de clients, y compris chez la temporaire 20 ans (T-20). D’une part, les assurés ont un souci accru de se maintenir en bonne santé. D’autre part, les assureurs révisent régulièrement leur produit afin de s’adapter aux changements socio-économiques. Ils veulent ainsi mieux damer le pion à la concurrence féroce qui n’est plus seulement l’apanage des temporaires 10 ans (T-10).

Les assureurs procèdent régulièrement à des réagencements de leurs catégories de risque privilégié au sein de leurs produits temporaires. Certaines catégories sont retranchées ou ajoutées alors que d’autres voient leur définition modifiée pour mieux suivre l’évolution du marché. Ces changements semblent favoriser l’adhésion d’un grand nombre d’assurés aux « taux privilégiés ».

C’est ce qu’ont révélé un grand nombre d’assureurs amenés à se prononcer sur ce phénomène pour une première fois par l’entremise de notre exercice comparatif publié dans les pages ci-contre. Voir Tableau de comparaison des produits de T-20 ci-bas.

Ainsi, à la Financière Sun Life, en 2006, quelque 45% des assurés se retrouvaient dans les deux premières classes à taux privilégiés de non-fumeurs de son produit temporaire 20 ans. En septembre 2005, la compagnie avait d’ailleurs modifié les classes de risques de sa T-20, passant de six à cinq : trois pour les non-fumeurs et deux pour les fumeurs. Sun Life n’offre pas de taux standard.

Les règles pour être accepté au sein des catégories privilégiées ont aussi subi des changements. « La classe 1, la plus préférentielle, exige maintenant que l’assuré n’ait pas usé de tabac depuis les 60 derniers mois », affirme le vice-président adjoint, établissement des prix individuels, Martin Fortier. Chez la plupart des assureurs, le taux standard non-fumeur exige que l’assuré n’ait pas fait usage de tabac dans les 12 derniers mois.

Signalons que Sun Life dispose de deux produits T-20. L’un d’eux n’est vendu que par le biais des conseillers Clarica et ne compte pas de tarif préférentiel, contrairement au produit vendu dans les autres réseaux de Sun Life.

RBC Assurances confirme aussi que 45% de ses clients de T-20 se classent sous les catégories Optimum non-fumeur et Préférentielle non-fumeur.

Le vice-président et actuaire Rino D’Onofrio rapporte que depuis l’an dernier, RBC dispose maintenant de cinq classes, soit trois de non-fumeurs et deux de fumeurs. « Ce classement est mieux adapté au marché actuel. L’assurance temporaire est un secteur où nous voulons demeurer concurrentiels », estime-t-il.

De plus, RBC Assurances a facilité l’accès à ses produits T-10 et T-20. Depuis le 8 mars dernier, le test d’urine n’est plus requis pour les postulants de 45 ans et moins, en regard de polices de moins de 250 000 $.

Standard Life s’inscrit dans la même foulée puisque 48% de ses assurés de T-20 ont été acceptés dans les deux premières des cinq catégories de risques offerts dans son produit. Chez Canada-Vie, les deux classes privilégiées de non-fumeurs recueillent à elles seules 45% des assurés.

Unité Vie peut même se vanter d’avoir la majorité de ses assurés de T-20 dans ses deux meilleures catégories de risque. En effet, 56% de ses assurés sont regroupés sous ses catégories non-fumeurs A et B.

Pour sa part, Desjardins Sécurité financière (DSF) a dû remanier son produit plus d’une fois pour l’adapter à l’évolution du marché et attirer plus de clients dans ses catégories privilégiés. « Il y a eu différents changements au fil des ans. Nous avons créé des taux privilégiés afin d’attirer plus de clientèle », relève le chef produits vie chez DSF, Éric Lemaire.

En 2004, DSF avait relancé le produit, réévalué sa tarification et révisé ses classes préférentielles. L’assureur a récidivé en janvier dernier. Maintenant, Desjardins voit les ventes du produit augmenter. Près de 30% des clients non-fumeurs de T-20 se classent dorénavant dans les deux meilleures catégories, soit P1 et P2.

Transamerica Vie Canada compte quant à elle près de 33% de ses assurés sous les classes privilégiées Élite et Sélect.

Du côté de Manuvie, ce sont 37% des assurés de T-20 qui se rangent sous les classes privilégiées Indice santé 1 et 2.

Les autres...

Malgré leur popularité, les taux privilégiés ne s’étendent toutefois pas à tous les assureurs. C’est le cas chez Great-West, où les assurés ont accès à deux catégories : fumeurs et non-fumeurs. L’assureur recueille 85% des assurés au sein de la catégorie non-fumeur.

L’Équitable, qui n’offre son produit que sur le marché hors Québec et qui affiche elle aussi que la distinction traditionnelle entre fumeurs et non-fumeurs, révèle que 71% de ses assurés sont non-fumeurs.

Vice-président et actuaire en tarification chez Transamerica, Joe Kordovi croit que, outre la bonne santé, le jeune âge des assurés de T-20 favorise l’obtention de taux privilégiés. « Les gens sont maintenant plus sensibilisés à la bonne santé. De plus, les clients qui contractent une T-20 sont assez jeunes, soit entre 30 et 50 ans. »

Quant à Martin Fortier, il observe que l’âge moyen auquel les clients contractent une T-20 se situe à 37 ans, selon l’analyse des deux produits offerts par Sun Life.

Cet âge de souscription reflète le créneau visé par le produit. Éric Lemaire attribue en effet l’intérêt du client pour une T-20 à son souci de couvrir des dettes à long terme, de contracter une hypothèque ou encore le besoin de s’appuyer sur une protection à coût modique jusqu’à ce que les enfants soient autonomes.

Martin Fortier souligne que le produit se vend souvent sur une base conjointe, payable au premier décès.