En assurance collective, les assureurs ont été en mesure de réaliser un virage numérique accéléré par les besoins sanitaires liés à la pandémie. Ils sont bien placés pour prendre des notes sur les impacts positifs et négatifs du télétravail.

La pandémie a bouleversé l’offre de service, a confirmé Pierre Marion, de Croix Bleue Medavie, lors du Congrès Collectif. « Comme employeur, on discutait à propos de l’implantation du télétravail depuis des années. Le 13 mars dernier, tout ferme. En 10 jours, nos 2 800 employés étaient prêts à travailler de leur domicile », raconte-t-il.

Les employés de l’assureur aiment la flexibilité offerte par le télétravail. « À un certain moment, le fait de travailler avec des enfants autour de soi en tout temps, c’est devenu moins évident au début du confinement, puis durant l’été, à la fin des classes », relate M. Marion.

On commence à observer les conséquences du travail à domicile sur la santé des salariés. « On voit une hausse des troubles musculosquelettiques, puisque l’ergonomie du bureau au domicile peut laisser à désirer. On a aussi vu une hausse de 30 % des gens qui ont manifesté des symptômes associés à l’épuisement professionnel. Ce sont des conséquences qu’on n’avait pas vu venir et qu’il faudra surveiller », souligne Brigitte Marcoux, de Beneva.

La famille

Chez SBI International, fabricant de foyers établi dans la région de Québec, Jean-François Cantin note que le programme de santé et mieux-être est axé autour de trois thèmes : l’activité physique, l’alimentation et les finances personnelles. Sur ce dernier aspect, il estime que son entreprise se démarque. « On a constaté que pour plusieurs employés, cela représentait une source de stress qui altérait leur bienêtre », dit-il.

Des spécialistes viennent dans les établissements de l’entreprise pour aider les employés à produire leurs déclarations fiscales ou à se doter d’un testament.

La conciliation travail-famille est possible même dans le contexte manufacturier avec une chaine de montage, ajoute M. Cantin. Chez SBI, quelque 32 plages horaires sont offertes aux salariés.

« Les gens peuvent moduler leur horaire et même le modifier d’une semaine à l’autre, par exemple pour les parents qui ont des enfants en garde partagée. Ils peuvent entrer plus tôt ou plus tard, selon le besoin. On peut ainsi ajuster nos besoins avec d’autres employés qui ont moins de contraintes à cet égard et qui offrent ainsi plus de flexibilité à leurs collègues », souligne Jean-François Cantin.

Il précise que le télétravail était déjà permis avant la pandémie. Dans les établissements de l’entreprise, il n’y a plus de station fixe et les employés peuvent s’installer n’importe où avec leur ordinateur portable.

Le centre-ville

« Dans les prévisions du début de la pandémie, on anticipait environ 15 % de fermetures. Avec la fin des programmes d’aide, on sait qu’il y aura un très grand nombre de PME qui ne passeront pas au travers, et chaque fermeture aura des impacts ailleurs. La solidité de l’économie dictera la croissance du marché en assurance collective », note Carl Laflamme, du Régime d’assurance des enseignantes et des enseignants de l’Ontario (RAEO/OTIP).

Si le télétravail reste populaire, il y aura des conséquences sur la vitalité économique du centre-ville des grandes agglomérations, où sont établies de nombreuses PME dans le secteur des services. La réduction du tourisme d’affaires, qui pourrait se prolonger au-delà de la pandémie, aura aussi un impact en milieu urbain, selon M. Laflamme.

« Il n’y a pas une entreprise qui ne cherchera pas à réduire ces dépenses en la matière. On voit qu’il est possible de faire des rencontres très efficaces sans avoir le besoin de réunir des gens au même endroit à Montréal ou à Toronto. Ça fera en sorte qu’il y aura moins de déplacements en avion, moins de séjours à l’hôtel et moins de repas pris au restaurant », dit-il.

Cet article est un Complément au magazine de l'édition d'avril 2021 du Journal de l'assurance.