Depuis l’apparition de la COVID-19, les pays et les entreprises consacrent davantage d’argent et de services à la prévention et à l’autogestion des problèmes de santé mentale. Or, on ne sait pas si cette problématique en hausse s’estompera une fois la pandémie officiellement terminée, estime Donald Cyr, vice-président, actuariat, à la société d’assurances Beneva (fruit de la fusion de SSQ Assurance et de La Capitale).
Avant la pandémie, on était déjà conscient des problèmes de santé mentale au Canada et ailleurs dans le monde. Dans un webinaire de la SSQ Assurance tenu le 5 octobre dans le cadre de la Semaine de sensibilisation à la santé mentale, M. Cyr a cependant déclaré que les problèmes de santé mentale occupent l’avant-plan du secteur de la santé depuis le début de la pandémie, et ce, dans le monde entier.
« On ne peut plus les ignorer », a-t-il déclaré, expliquant que ces problèmes constituent désormais la principale préoccupation dans les pays développés. Il a précisé que les chiffres démontrent que les besoins en matière de soins de santé mentale touchent désormais 500 000 Canadiens chaque jour, d’où des coûts annuels s’élevant à environ 51 milliards de dollars. Il a ajouté que les employeurs et les assureurs y investissent 8 milliards de dollars par année. Cela représente 30 % des demandes de remboursement et 70 % des dépenses.
Selon l’Association canadienne pour la santé mentale (ACSM), 41 % des Canadiens ont signalé une détérioration de leur santé mentale dans la foulée de la pandémie, comparativement à 38 % au printemps et à 40 % à l’automne de l’année dernière. D’après l’ACSM, ce déclin est plus marqué chez certaines personnes : celles qui sont sans emploi, celles qui avaient déjà un problème de santé mentale, les jeunes de 18 à 24 ans, les personnes ayant un handicap et celles qui s’identifient à la communauté LGBTQ2+.
M. Cyr a déclaré que l’on ne sait pas si nous nous dirigeons vers un monde axé sur la prévention ou sur les traitements. Il mentionne que de plus en plus de personnes reconnaissent toutefois la nécessité de devoir prendre soin d’elles-mêmes non seulement une fois que le problème de santé mentale est apparu, mais aussi avant.
Selon l’ACSM, de nombreux Canadiens s’adaptent « assez bien » au stress de la pandémie en utilisant des stratégies comme la marche et l’activité physique à l’extérieur, les communications en mode virtuel avec la famille et les amis et la pratique d’un passe-temps.
Simon Coulombe, professeur agrégé au Département des relations industrielles de l’Université Laval, a souligné dans ce même webinaire que certaines personnes ont pu gérer leurs problèmes par elles-mêmes grâce à des techniques comme la pleine conscience, la méditation, une meilleure organisation de leur vie personnelle et professionnelle et l’atteinte d’un certain équilibre.
Le télétravail
La COVID-19 a entraîné une hausse de l’anxiété, de l’isolement social, des modifications du statut professionnel (et les ajustements de revenus qui y correspondent), le télétravail et la nécessité de s’habituer à apprivoiser de nouvelles technologies.
Or, M. Coulombe a cité des études démontrant que le travail à domicile n’a pas d’effet négatif sur tout le monde et qu’il permet en fait à bien des gens d’améliorer leur équilibre vie professionnelle / vie personnelle. Il a toutefois fait remarquer que, pour la plupart des gens, le fait de travailler à domicile plus de 2,5 jours par semaine pourrait avoir un impact négatif sur la qualité des interactions avec les collègues.
Selon M. Cyr, l’industrie du voyage est l’un des secteurs qui mettront probablement un certain temps à revenir à ce qu’ils étaient – si tant est que cela se fasse. Le prix d’un voyage dépend en effet de plusieurs éléments, notamment la fréquence des déplacements, leur durée et la destination. Or, au Canada, les voyages hors frontières ont cessé durant un bout de temps et, jusqu’à présent, nous n’avons aucune idée de la façon dont ces indices liés aux voyages se comporteront, a-t-il dit.
Il prévient qu’il faudra peut-être beaucoup de temps pour que l’industrie du voyage et les habitudes des gens reviennent à la « normale ». « Mentionnons simplement que, après le 11 septembre, il a fallu des années avant que les voyages reprennent comme avant, partout dans le monde. Le contexte de la COVID-19 diffère, mais il faudra peut-être encore plus de temps que cela [pour que les gens recommencent à voyager maintenant]. »