Ce ne sont pas tous les patients qui se précipitent à la pharmacie pour obtenir leurs médicaments après avoir eu une ordonnance d’un médecin. Une étude canadienne réalisée en Colombie-Britannique à propos de l’inobservance primaire a permis de constater que 17 % des prescriptions émises n’ont jamais été remplies. 

Cette recherche, dont les résultats ont été publiés dans le Journal de l’association médicale canadienne au mois d’août, a été menée dans cette province, car BC PharmaNet est le système de données populationnelles le plus important et le plus complet sur la délivrance de médicaments sur ordonnance au Canada.

L’inobservance primaire a été décrite comme la non-délivrance d’un nouveau médicament ou de son équivalent dans les six mois suivants la date de l’ordonnance. Ce comportement consistant à ne pas remplir les ordonnances pour de nouveaux médicaments n’est pas bien compris, expliquent les chercheurs, d’où l’intérêt et l’importance de cette étude.

La plupart des recherches portent sur l’inobservance secondaire et le respect de la posologie une fois les médicaments achetés. 

Un problème complexe 

L’initiation, l’observance et la poursuite d’un traitement pharmacologique sont des composantes importantes de la gestion des maladies, insistent les auteurs. L’inobservance thérapeutique est un problème complexe, multidimensionnel et multiforme qui pose des défis substantiels et entraîne des charges financières au système de soins de santé. 

« Il est important de comprendre l’inobservance primaire, car c’est le premier point où les patients n’entament pas leur traitement médicamenteux et cela pourrait avoir des conséquences importantes sur leur état de santé », précisent-ils.

Néanmoins, admettent-ils, ce choix peut être approprié pour certains médicaments prescrits en fonction des besoins, y compris l’approche « attendre et voir ». 

Plus de 25 000 prescriptions jamais achetées 

Pour savoir quelle était la proportion de médicaments qui avaient été prescrits, mais jamais achetés, ils ont relié les données de prescriptions aux demandes de remboursement des pharmaciens de la Colombie-Britannique entre janvier 2023 et avril 2019.

Des 419 723 ordonnances émises, 150 565 étaient considérées comme de nouvelles prescriptions. Du nombre, 25 649 n’ont pas été exécutées dans les 6 mois suivant la date de délivrance, ce qui représente une prévalence globale de non-observance primaire de 17,0 %. Après une consultation médicale, les patients n’étaient jamais allés chercher les médicaments qui leur avaient été recommandés. 

Ces ordonnances ont été délivrées à 15 134 patients (44,2 %) qui n’ont pas exécuté au moins une ordonnance rédigée à leur intention au cours de la période d’étude.

À l’inverse, la plupart des nouvelles ordonnances (82,1 %) ont été exécutées dans les deux semaines et plus des deux tiers dans les trois jours suivant leur date de délivrance. 

Manque de confiance dans le prescripteur 

Les données ont permis de constater que l’inobservance était moindre quand les ordonnances avaient été délivrées par un prescripteur de sexe masculin et elle était plus élevée si elle avait été faite par un médecin de sexe féminin.

Cette observation, analysent les chercheurs, souligne le rôle du prestataire de soins primaires dans l’initiation aux médicaments et suggère que le manque de confiance dans le prescripteur peut être un mécanisme important d’inobservance primaire.

Ce résultat concorde avec celui d’une étude antérieure, selon laquelle les ordonnances rédigées par des prestataires de sexe féminin avaient moins de chances d’être exécutées que si elles proviennent d’un homme. 

Le risque de non-respect de la prescription était plus grand chez les jeunes patients. Le phénomène diminuait avec l’âge, mais il augmentait chez les patients à qui l'on prescrivait plusieurs médicaments.

Pour l’ensemble des catégories thérapeutiques, les probabilités que l’ordonnance ne soit pas respectée étaient les plus basses (9,1 %) pour les médicaments du système cardiovasculaire et elles étaient les plus fortes pour les agents dermatologiques. Les chercheurs soulignent que l’inobservation primaire était la plus élevée pour les médicaments prescrits principalement pour traiter des symptômes, notamment les corticostéroïdes topiques (35,1 %) et les antihistaminiques (23,4 %).