La pandémie de COVID-19 a fait augmenter rapidement le nombre de Canadiens aux prises avec un problème de santé mentale. Et même si elle a permis à certaines personnes d’en parler, la plupart des lieux de travail sont encore en crise, a-t-on dit lors d’un webinaire de Croix Bleue Medavie.
Alaina Mackenzie, vice-présidente régionale, développement des affaires à Medavie, rapporte que le tiers des Canadiens vivent du stress au travail, d’où la nécessité d’offrir plus de soutien et de services.
« Nous sommes en pleine crise », affirme Martin Binette, chef de l’exploitation et directeur général adjoint de Relief, un organisme qui vient en aide aux personnes vivant avec un trouble de santé mentale. « Environ 52 % des Canadiens sont très stressés et présentent d’importants symptômes de dépression au travail », ajoute-t-il.
M. Binette, qui confie souffrir lui-même de problèmes de santé mentale, dit que c’est surtout la stigmatisation qui retient les gens d’aller chercher de l’aide.
La bonne nouvelle, cependant, c’est que de nombreux sportifs ont dévoilé au grand public leur propre détresse psychologique, ce qui a encouragé plusieurs autres personnes à s’ouvrir et à demander de l’aide.
« La mauvaise nouvelle, c’est que les lieux de travail accusent du retard par rapport à la société. Les préjugés sont encore la principale raison pour laquelle les gens ne vont pas chercher de l’aide. Ils ne veulent pas perdre leur emploi ni être jugés par leurs pairs, explique M. Binette. Je les comprends parce que j’ai vécu plusieurs crises de panique et épisodes de dépression, depuis ma première dépression en 1994, mais il m’a fallu 20 ans pour en parler ouvertement, car j’avais peur qu’on me juge. »
Il ajoute que plus de la moitié des employés interrogés disent qu’ils ne parleraient pas à leur employeur en cas de problème de santé mentale, signe que la stigmatisation à ce sujet est encore importante.
Croix Bleue Medavie soutient une étude de l’Observatoire sur la santé et le mieux-être au travail (OSMET) qui porte sur la santé des travailleurs canadiens et qui s’étendra sur cinq ans.
Le premier cycle de cette étude, qui a été mené auprès de 90 milieux de travail canadiens et de leurs employés du 10 avril 2019 au 8 avril 2021, a permis de faire les constats suivants :
- La prévalence des problèmes de santé mentale est importante.
- Un peu plus d’une personne sur trois dit vivre de la détresse psychologique.
- Les femmes rapportent plus de problèmes de santé mentale que les hommes. (Elles sont de 27 % à 69 % plus susceptibles de le faire.)
- Dans l’ensemble, les personnes de 50 ans et plus vivent moins de problèmes de santé mentale.
- Les employés plus jeunes (de 18 à 34 ans) semblent plus particulièrement à risque de développer des symptômes de dépression.
- La détresse psychologique est plus prévalente chez les personnes interrogées pendant la pandémie de COVID-19.
Selon les résultats préliminaires de l’étude, il est possible de prévenir les problèmes de détresse psychologique et d’épuisement professionnel au moyen de différentes interventions ciblées. Cependant, ces problèmes sont complexes et doivent être évalués sous plusieurs angles : le milieu de travail, ce que les personnes vivent à l’extérieur de l’entreprise, leur état de santé, leur expérience de vie et leur personnalité.
Avec le retour éventuel en présentiel qui se profile pour plusieurs et les traces qu’aura laissées la pandémie, les employeurs devront faire des choix afin de favoriser de meilleurs états de santé et de mieux-être chez leurs employés.
Rebecca Smith, directrice du service de gestion des cas à Croix Bleue Medavie, souligne que les employés doivent pouvoir se sentir en sécurité et parler ouvertement de leurs besoins. Or, il faut beaucoup de travail pour créer ce genre de culture, surtout si l’accès aux professionnels de la santé mentale est limité.
Medavie constate que la durée des congés d’invalidité a augmenté. « Nous avons une foule de programmes et de mesures de soutien pour les employés aux prises avec des problèmes de santé mentale comme l’anxiété ou la dépression. Nous voulons qu’ils reçoivent des soins rapidement et nous voulons créer des milieux de travail psychologiquement sains. »
Medavie offre des traitements personnalisés et des thérapies cognitivo-comportementales par Internet. Elle fait aussi appel à la pharmacogénétique, une discipline qui permet de trouver la dose de médicament la plus sûre et efficace pour un patient donné selon son profil génétique.