Les pertes économiques totales liées aux catastrophes naturelles et d’origine humaine ont atteint environ 140 milliards de dollars américains (G$ US) en 2019, soit 36 G$ US de moins que les 176 G$ US de 2018, selon les estimations préliminaires de l’institut sigma du réassureur Swiss Re.

Munich Re estime plutôt que les 820 catastrophes naturelles ont causé des pertes de 150 G$ US, ce qui correspond à la moyenne ajustée à l’inflation des 30 dernières années, précise-t-il.

Les réassureurs ont observé que, ces dernières années, un certain nombre de risques générateurs de sinistres de petite et moyenne ampleur, communément appelés risques secondaires, ont représenté plus de 50 % des sinistres assurés. « Il y a plus de preuves scientifiques que les changements climatiques ont un impact sur la fréquence et la gravité des événements à risque secondaire », dit Martin Bertogg, responsable de l’évaluation des risques des catastrophes naturelles chez Swiss Re.

« Les facteurs de risque comme la croissance rapide des populations et la valeur des propriétés dans les zones exposées contribuent à l’augmentation des pertes, faisant de l’expérience passé un indicateur moins précis des pertes futures », ajoute M. Bertogg.

Pluie et sécheresse

Les fortes pluies ont provoqué de graves inondations en Inde, au Bangladesh et au Népal. Des inondations répétées ont touché la Chine, les États-Unis, l’Europe, le Canada et l’Australie. Au total, les inondations ont causé pour environ 52 G$ US de pertes économiques, alors que la majorité des dégâts ne sont pas assurés comme peuvent l’être les dommages causés par le vent dans la plupart des pays industriels, explique Munich Re.

Des vagues de chaleur et des périodes de sécheresse ont mené à de nouveaux records de température dans plusieurs endroits du globe, notamment en Europe et en Australie. Des incendies de forêt dévastateurs ont touché l’Australie, l’Indonésie, les États-Unis, le Canada, la région amazonienne et la Sibérie.

La saison des orages aux États-Unis a apporté un peu plus de tornades que la moyenne. La fonte des neiges rapide suivie d’une série d’orages en mars et mai ont déclenché de graves inondations dans le Midwest et dans d’autres régions du Mississippi. Les pertes globales résultant de ces événements se sont élevées à environ 24 G$ US, dont environ 14 G$ US en pertes assurées.

Pertes humaines

À l’échelle mondiale, de 9 000 à 11 000 personnes sont mortes ou portées disparues en raison des catastrophes survenues en 2019, contre 15 000 en 2018. Cela confirme la tendance générale à la baisse du nombre de victimes grâce à de meilleures mesures de prévention. C’est aussi une nette progression comparativement à la moyenne annuelle des 30 dernières années, alors que le nombre de victimes pouvait monter jusqu’à 52 000 par année.

Dans la première moitié de l’année, les cyclones Idai et Kenneth qui ont touché le Mozambique et les pays voisins, et le cyclone Fani en Inde ont fait environ 1 400 victimes. Les sinistres assurés sont cependant très faibles compte tenu de la faible pénétration de l’assurance dans ces régions.

La saison des ouragans s’intensifie

La saison des ouragans 2019 n’est pas si différente de 2018. Elles ont toutes deux été soumises à l’effet « El Niño Modoki », une phase particulière d’oscillation climatique qui provoque une hausse des températures moins marquée à la surface de l’océan, mais qui affecte une grande partie du Pacifique central. Les anomalies de précipitations sont par ailleurs plus faibles et touchent d’autres zones que le pacifique équatorial, contrairement à la situation « classique ». Dans ces conditions, les typhons se dirigent plus fréquemment vers le Japon.

À la mi-septembre, le typhon Faxai frappe la grande région de Tokyo. Les pertes assurées sont estimées à environ 7 G$ US et des pertes globales estimées à environ 9 G$ US. Puis, au début du mois d’octobre, le typhon Hagibis frappe la même région, entrainant des pertes assurées estimées entre 8 et 10 G$ US par les réassureurs. Au total, les pertes de Hagibis ont atteint 17 G$ US selon Munich Re.

Faxai et Hagibis surviennent alors que les dommages causés par le typhon Jebi, survenu à la fin de 2018, n’étaient pas complètement indemnisés. Il avait alors entrainé des pertes de près de 13 G$ US. Les dernières années ont démontré que le risque de typhon reste une vulnérabilité majeure pour le Japon et ses régions urbaines, et ce, malgré la présence d’infrastructures d’atténuation, prévient Swiss Re. Bien que les changements climatiques ne puissent être ignorés à titre d’amplificateur de risque, il est certain que les trois derniers événements confirment le caractère dévastateur, ajoute le réassureur dans son bilan annuel.

L’ouragan Dorian a été le plus violent à sévir en 2019 dans l’atlantique. L’ouragan est de catégorie 5 lorsqu’il frappe les îles Abaco dans le nord des Bahamas, le 1er septembre. La vitesse de ses vents atteint 290 km/h. Les bâtiments, les infrastructures, les yachts et les navires ont été complètement détruits dans de nombreux domaines. Dorian frappe ensuite la Caroline du Nord aux États-Unis avant de poursuivre sa route vers l’Est canadien. L’ouragan cause des pertes assurées d’environ 4,5 milliards de dollars. « La reconnaissance des changements climatiques peut constituer la base des nouvelles mesures préventives pour réduire les pertes », dit Ernst Rauch, chef du climat et géoscientifique pour Munich Re.

Aon a également livré ses estimations des pertes causées par les catastrophes naturelles en 2019.