Selon deux experts en assurance collective, la garantie qui couvre l’assurance voyage n’est pas conçue pour indemniser le risque associé aux longs séjours à l’étranger.
La garantie offerte par les régimes collectifs a été adéquate durant la pandémie, mais elle ne peut couvrir tous les besoins, ont-ils affirmé lors du récent Congrès Collectif.
Selon Carl Laflamme, gestionnaire principal de comptes du Régime d’assurance des enseignantes et des enseignants de l’Ontario (OTIP/RAEO), aucun assureur ne pouvait être prêt à recevoir l’avalanche de demandes reliées à ce produit. « Comme la situation changeait presque tous les jours, avec les frontières qui se fermaient les unes après les autres, ça a été très difficile », dit-il.
« Il y a quand même eu des gens qui essayaient de faire des efforts pour rentrer au pays, mais ils n’arrivaient pas à joindre les fournisseurs qui étaient débordés par la demande. Dès le mois de mars, les gens appelaient pour leur voyage prévu plus tard à l’automne, et les lignes étaient engorgées. La gestion des contrats a été rendue très difficile », note-t-il.
Carl Laflamme estime que la coordination aurait pu être meilleure entre les assureurs pour résoudre les problèmes soulevés par la fermeture des frontières. « Il y a eu une grande confusion, selon l’endroit où le consommateur avait acheté son séjour », dit-il.
« Des assureurs ont renvoyé les clients à leur agence de voyages, ou à l’émetteur de la carte de crédit. À la fin, quelqu’un devait rembourser les clients pour les voyages annulés après avoir été payés », souligne Carl Laflamme.
Retour précipité
L’assurance voyage est aussi devenue un produit fort important pour les gens déjà en voyage à l’étranger et qui ont dû revenir plus vite que prévu, selon Martin Papillon, PDG d’AGA assurances collectives. « On a découvert que les contrats sont très variables d’un assureur à l’autre », dit-il.
« Dans certains cas, on prévoit que si l’avis interdisant les voyages à l’étranger est émis par le gouvernement fédéral, la couverture n’existe plus et il vous reste 10 jours pour rentrer. Parfois, la couverture est maintenue jusqu’au retour prévu initialement », poursuit M. Papillon.
Les conseillers ont eu fort à faire pour aider les clients dans leurs démarches. « Éventuellement, les assureurs ont clarifié leur position et ont encouragé les gens à revenir, et ils ont dit la COVID ne faisait pas partie de la couverture. Un assureur a ensuite changé d’avis et a inclus de nouveau le coronavirus dans la garantie, tout en posant des restrictions sur l’accès aux soins. Bref, ça a été très complexe et c’est encore le cas. Les clauses du contrat déterminent le traitement de la réclamation et il y a toujours de grands écarts d’un assureur à l’autre », indique Martin Papillon.
Un produit mal adapté
Martin Papillon se demande même s’il est pertinent d’offrir de l’assurance voyage dans un contexte d’assurance collective. « Si on a 95 % des employés qui ne voyagent pas, il vaut la peine de se demander si on ne devrait pas revenir à des contrats d’assurance individuelle pour couvrir le risque des gens qui passent beaucoup de temps à l’étranger », estime M. Papillon.
Carl Laflamme partage cet avis. Il affirme que l’assurance voyage n’est pas conçue pour couvrir les besoins des snowbirds qui passent l’hiver au soleil. « L’assurance voyage était incluse dans les contrats parce que ça ne coutait pas cher, environ un dollar par mois par employé. Ça ne valait pas la peine de s’en passer, tout comme de l’assurance annulation. Tout le monde doit faire l’effort pour que ces couvertures soient maintenues et répondent au besoin de base, soit de couvrir un voyage de vacances de deux semaines, et non pas un long séjour à l’étranger », dit-il.
Cet article est un Complément au magazine de l'édition d'avril 2021 du Journal de l'assurance.