Le segment de l’assurance automobile a connu une importante baisse de sinistres en 2010 par rapport à 2009. Cette situation fera baisser les primes. C’est ce qu’affirme l’Autorité des marchés financiers dans son Rapport 2010 sur la tarification en assurance automobile, rendu public au début de l’été.Les assureurs présents dans le segment de l’assurance automobile au Québec ont enregistré des sinistres totalisant 1,733 milliards de dollars (G$) en 2010. Il s’agit d’une baisse de 4,8 % par rapport à 2009. De plus, le ratio sinistres/primes des assureurs est passé de 59,5 % des primes acquises en 2009 à 56 % en 2010. Le bénéfice d’exploitation est quant à lui passé de 13,9 % des primes acquises en 2009 à 17,3 % en 2010.

Le rapport de l’Autorité montre aussi que les réclamations ont baissé, et ce, pour les trois types de couvertures : responsabilité civile (baisse de 5,3 %), collision (4,7 %) et accident sans collision ni versement (11,3 %). « L’année 2010 peut être qualifiée d’exceptionnelle. La fréquence des réclamations des trois garanties principales au contrat d’assurance automobile a atteint des niveaux planchers historiques jamais égalés au cours des 25 dernières années », écrit le régulateur.

 

 

Pointage de crédit : c’est au Québec que son usage est le plus répandu

 

Les régulateurs d’assurance provinciaux, réunis au sein du Conseil canadien des responsables de la règlementation d’assurance (CCRRA), ont lancé une consultation sur le pointage du crédit le 17 juin dernier. Toutefois, le Québec n’y participe pas.

Les régulateurs provinciaux s’interrogent sur l’utilisation de cette pratique par les assureurs. Ils disent agir à la suite de la polémique créée au printemps 2009. Ils ont ainsi identifié sept risques potentiels, soumis au public pour en comprendre leurs impacts.

Les régulateurs provinciaux n’ont toutefois pas de pouvoir décisionnel pour interdire ou encadrer le pointage de crédit. Ce sont les gouvernements provinciaux qui devront leur donner des moyens pour le faire.

Dans son document de consultation, le Conseil dresse un portrait de la situation au Canada. Seul Terre-Neuve et Labrador interdit le pointage de crédit. L’Ontario et l’Alberta en interdisent le recours pour les couvertures obligatoires, mais pas pour l’assurance des biens. Au Nouveau-Brunswick et au Québec, aucune loi n’encadre son utilisation. La même situation prévaut dans les trois territoires du pays.

Même si elle ne participe pas à la consultation, l’Autorité des marchés financiers a fourni quelques données au Conseil. Ainsi, c’est dans la Belle province que l’usage du pointage de crédit est le plus répandu. Des 80 assureurs souscrivant des risques en assurance automobile en 2009 au Québec, 28 d’entre eux ont dit avoir recours au pointage de crédit. Ces 28 assureurs représentent 86 % du marché québécois. Dans son Rapport 2010 sur la tarification automobile, l’Autorité ajoute que la cote de solvabilité est particulièrement demandée pour une motoneige ou un véhicule tout-terrain.

La question du pointage de crédit a aussi semé la polémique aux États-Unis. La règlementation varie énormément d’un État à l’autre, dit le Conseil. Cinq États ont aussi interdit aux assureurs d’y faire appel, soit la Géorgie, Hawaii, le Maryland, l’Oregon et l’Utah.

La consultation du Conseil s’est conclue le 14 aout, après la date de tombée de cette édition.

 

Plusieurs facteurs expliquent ces baisses, dit l’Autorité. Tout d’abord, le premier trimestre de 2010 a été plus clément qu’à l’habitude, notamment en raison de l’hiver plus chaud et des précipitations moins abondantes. Le régulateur a aussi constaté que les Québécois se servent moins de leur voiture dans leurs déplacements. C’est en grande partie attribuable au maintien du prix élevé de l’essence, dit le régulateur. La nouvelle règlementation forçant un automobiliste à équiper sa voiture de pneus d’hiver a aussi fait diminuer le nombre de sinistres, selon l’Autorité.

Ces bonnes nouvelles pour l’industrie devraient aussi être de bonnes nouvelles pour les consommateurs. L’Autorité dit s’attendre à ce que les tarifs soient en baisse en 2011. Lors de son enquête, le régulateur a demandé aux assureurs s’ils avaient l’intention de baisser leurs tarifs. Vingt-trois d’entre eux, qui possèdent 71 % du marché, ont répondu oui.

Prédominance des assureurs du Québec

Les assureurs à charte du Québec ont continué à dominer le marché de l’assurance automobile dans la province. Ils détiennent 63 % des 3,095 G$ de primes de ce segment. Sur dix ans, il s’agit d’une hausse de près de douze points de pourcentage. Les assureurs à charte du Canada ont ainsi perdu huit points de pourcentage depuis dix ans, contre trois pour ceux ayant une charte étrangère.

Parmi les assureurs à charte québécoise, on retrouve toutes les mutuelles du Groupe Promutuel et les diverses filiales d’assurance du Mouvement Desjardins et de La Capitale Groupe financier. On compte aussi quelques autres assureurs, dont AXA Canada, L’Union Canadienne, BélairDirect, Industrielle Alliance Auto et habitation et SSQ Assurances générales.

Les assureurs directs dominent aussi le marché de l’assurance automobile face aux assureurs à courtage. Ils détiennent 53 % du marché. En assurance des particuliers, ils possèdent 59 % des primes. En assurance aux entreprises, les assureurs de courtage ont une part de marché de 86 %.

Intact Corporation financière est le plus gros joueur sur le marché de l’assurance automobile québécois, avec des primes totalisant 534 millions de dollars (M$), ce qui lui donne une part de marché de 17,3 %. Si l’on tient compte de l’acquisition des activités d’AXA Canada, qui devrait se conclure à l’automne, la part de marché d’Intact passe à 25,5 %, pour des primes totalisant 915 M$.

Desjardins Groupe d’assurances générales détient la deuxième position du marché avec des primes de 509 M$ et une part de marché de 16,5 %. AXA occupait le troisième rang au terme de 2010, avec des primes de 381 M$ et une part de marché de 12,3 %.

La plus forte augmentation de volume revient à l’Industrielle Alliance. Elle a vu son volume de primes augmenter de 13 %. Il est passé de 87 M$ à 99 M$ de 2009 à 2010. Sa part de marché est ainsi passée de 2,9 % à 3,2 %.

Trois assureurs ont vu leur volume de primes diminuer de façon significative de 2009 à 2010. Il s’agit de Jevco, du Groupe Economical et de Lombard Canada. Leur volume a respectivement reculé de 11 %, 9 % et 6 %.

Attention aux changements climatiques

 

 

Les assureurs à courtage épiés

 

La compétitivité demeure vive en assurance automobile et les assureurs s’épient les uns les autres en consultant les manuels de tarification de leurs concurrents auprès de l’Autorité des marchés financiers.

Fait particulier en 2010, les manuels des assureurs à courtage ont été plus consultés que ceux des assureurs directs. Ce sont 69 % des consultations qui portaient sur des manuels d’assureurs à courtage. En 2009, la tendance était inverse, alors que 52 % des consultations avaient été faites pour des manuels d’assureurs directs.

En 2010, 205 consultations ont été réalisées en ce qui a trait à 28 manuels différents. En 2009, 19 manuels avaient été consultés pour un total de 217 consultations.

Les manuels les plus consultés sont ceux des assureurs les plus importants. Les cinq assureurs les plus consultés en 2010 représentent plus de 47 % du marché. Si l’on prend les dix assureurs les plus consultés, cette proportion passe à plus de 67 %.

Par ailleurs, 36 assureurs ont effectué des modifications à leurs critères de classification et de tarification pour les voitures de tourisme en 2010. Ces 36 assureurs représentent plus de 94 % du marché.

La section des manuels la plus consultée est celle ayant trait aux territoires et municipalités. Ce sont 100 consultations qui ont été faites dans ces sections. Viennent ensuite les avenants (48 consultations), les classes de conducteurs (47) et les rabais et surcharges (47).

Quant au changement le plus fréquent apporté aux manuels de tarifications, il concerne la marque, l’année et le modèle du véhicule. La part de marché des assureurs qui ont modifié ce critère est de 83 %. S’ensuivent le système de protection du véhicule (71 %) et sa localisation (46 %). Fait à noter, une nouvelle catégorie a vu le jour, celle des véhicules hybrides. La part de marché des assureurs ayant modifié leur manuel à cet effet est de 31 %.

 

 

L’Autorité adresse une mise en garde aux assureurs automobiles. Selon le régulateur, les assureurs devront prendre en considération les impacts qui pourraient être liés aux changements climatiques. Le régulateur croit que ces impacts pourraient entrainer un durcissement des règles de classification et de tarification.

« La plupart des assureurs se disent préoccupés par les hausses potentielles de la fréquence et de la sévérité des sinistres occasionnés par un plus grand nombre d’événements météorologiques violents ou extrêmes. Pour d’autres, ce sont les hausses possibles de tarification en réassurance qui sont préoccupantes », écrit le régulateur dans son rapport.

Précision

Un passage est à préciser dans le texte publié sur TD Assurance le mois dernier. Ce ne sont pas les réformes de l’assurance automobile en Ontario qui ont nui aux résultats de l’assureur, mais bien le segment des blessures corporelles dans cette province.

Hubert Roy