Une entreprise sur dix n’obtient pas de couverture d’assurance à l’heure actuelle, affirme la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI).

Ce n’est pas tout, affirme la FCEI selon un sondage auprès de ses membres :

• Plus de la moitié des PME (56 %) ont vu leurs primes d’assurance grimper en flèche ces 12 derniers mois;

• Un propriétaire d’entreprise sur six (16 %) fait état d’une hausse d’au moins 25 % de ses primes;

• Les secteurs de l’hébergement/restauration (25 %), des transports (23 %) et de l’agriculture (22 %) ont été plus exposés à une augmentation de leurs primes d’assurance au cours des 12 derniers mois, avec une hausse d’au moins 25 %;

• La proportion de PME n’ayant pas réussi à se trouver une protection d’assurance s’élève à 14 % pour le secteur de l’hébergement et de la restauration et à 12 % pour celui des transports;

• Depuis le début de la COVID-19, les besoins en matière d’assurance des PME ont augmenté, alors que 40 % d’entre elles disent que leur risque de responsabilité civile est plus élevé en ce moment.

Chaque mois, la FCEI sonde ses membres pour connaitre leurs préoccupations. Au cours du dernier mois, l’assurance s’est ainsi trouvée au haut de la liste des inquiétudes des quelque 4 000 de ses membres qui y ont pris part en octobre.

Contagion du camionnage vers les autres segments

Pourquoi mettre de l’avant cet enjeu maintenant ? « C’est un enjeu qui prend de plus en plus de place depuis le début de la pandémie. Avant la pandémie, on a vu que c’était un enjeu pour le secteur du camionnage, tant au niveau du cout des primes que de la disponibilité de la couverture. Ce que l’on voyait dans le camionnage s’est transposé dans d’autres secteurs, telles la restauration, l’hôtellerie et l’agriculture », a dit Jasmin Guénette, vice-président des affaires nationales à la FCEI, en entrevue au Portail de l’assurance.

Il ajoute que la plupart des entreprises peinent à générer des revenus vu la pandémie de COVID-19. Plusieurs PME génèrent moins de 30 % de revenus qu’avant la pandémie. « Des frais fixes comme l’assurance deviennent une pression financière encore plus importante quand les primes augmentent », fait remarquer M. Guénette.

2 recommandations

Pour atténuer la pression sur les PME, la FCEI formule deux recommandations. L’une vise les gouvernements provinciaux, l’autre les assureurs.

Il est ainsi demandé aux gouvernements provinciaux d’accorder une immunité de responsabilité civile pendant la pandémie à toutes les entreprises qui fournissent des services en respectant les directives de santé publique et qui font preuve de bonne foi.

« Si une entreprise respecte les protocoles de sécurité liée à la pandémie, nous voulons qu’elle ne puisse être poursuivie. On pense aux entreprises de services qui gèrent des centres pour les personnes âgées par exemple. Elles font face à des risques de poursuite. Même chose pour les commerces de détail alimentaires, pour que les gens continuent d’aller faire leur épicerie. Avec une telle immunité, ça place moins l’entreprise devant l’obligation d’engager des couts pour se défendre, elle peut rester en affaires sans que l’on nuise à sa réputation ou au volume de sa clientèle », plaide M. Guénette.

Un décret est toutefois nécessaire pour accorder une telle immunité. L’Ontario a annoncé son intention de le faire, dit M. Guénette, alors qu’elle est déjà en place en Colombie-Britannique. Le Nouveau-Brunswick l’a aussi accordé pour le secteur de la santé, dit-il.

« C’est une proposition qui fait du sens durant le temps de la pandémie. Ça assurerait une protection législative et donnerait de l’air financièrement », dit M. Guénette.

À l’industrie de l’assurance, la FCEI demande, durant la pandémie, d’adopter un moratoire sur la hausse des primes et l’annulation des polices. Un courtier d’assurance, Louis-Thomas Labbé, avait aussi fait cette demande au début de la pandémie.

M. Guénette ajoute qu’il est aussi important pour les entreprises de maintenir de bonnes relations avec le secteur de l’assurance. Dévoilée mardi matin, la FCEI a d’ailleurs présenté ce même jour un portrait plus détaillé à un groupe de travail sur l’assurance des entreprises mis en place par le comité Québec du Bureau d’assurance du Canada. « Il est important de travailler ensemble pour éviter que des secteurs de l’économie soient privés d’un service aussi essentiel. L’industrie de l’assurance tient compte des besoins des PME. Certains assureurs se montrent proactifs et essaient de trouver des solutions en proposant des mesures d’aide à leurs clients. Il est rassurant de voir que l’industrie de l’assurance cherche des solutions, mais pour l’instant, trop de PME se trouvent toujours dans une situation précaire », dit M. Guénette.