Certains conseillers vendent des assurances pour enfants. Je me vois mal faire de l'argent de cette façon. Qu'en pensez-vous?
L'assurance des enfants est une excellente idée, et ce, pour de nombreuses raisons. Le fait d'avoir là une occasion de profiter de gens qui traversent un moment difficile ne fait toutefois pas partie des bonnes raisons. Posez-vous la question qui suit : « Quelles répercussions le décès de l'enfant aura-t-il sur le mode de vie de la famille? Combien de temps faudra-t-il à la famille pour se remettre de cette perte? » À mon avis, la réponse est la suivante : « Ce sera très long et difficile. »

J'ai acheté une assurance vie à chacun de mes enfants. Je pensais alors aux pertes financières à envisager dans le cas où leur mère et moi aurions à nous remettre d'un deuil aussi pénible que celui de son enfant. D'après vous, combien de temps nous aurait-il fallu avant de pouvoir retourner au travail? Où aurions-nous trouvé les revenus nécessaires pour continuer? Les factures et les obligations ne disparaissent pas en même temps que la vie! Quel stress émotionnel doit alors subir le couple qui perd un enfant!

L'assurance des enfants est vraiment, avant tout, un outil destiné à protéger le mode de vie familial. Ici, on est bien loin du « capital-décès ».

On assure un enfant parce que l'on veut pouvoir surmonter la douleur indicible qui va de pair avec une perte aussi terrible. On se procure un soutien financier grâce auquel on pourra vivre son deuil et recoller les morceaux de la mosaïque familiale, à son rythme. On écarte ainsi une partie de la terrible douleur qui accompagne un tel malheur.

Pour ajouter une note positive, signalons qu'on achète ainsi une « police de grande personne » à un prix « réservé aux enfants ». L'enfant peut ainsi jouir d'une bonne sécurité à un moment où celle-ci est plus facile que jamais à obtenir. Jumelez le tout à une garantie d'assurabilité (en avenant) et vous vous assurerez du coup que la police de l'enfant grandit avec lui. Offrez-lui un départ dans la vie qu'il ne pourra jamais s'offrir au même prix - voire tout simplement s'offrir - par la suite.

Je suis aussi convaincu qu'une police à prime viagère représente une excellente économie à long terme. Souscrite à la naissance, celle-ci devient en effet un précieux actif lorsque « bébé » obtient son diplôme. Je n'y croyais pas, mais c'est un fait. Aujourd'hui, la valeur de rachat garantie de ma police à prime viagère constitue la plus importante de mes valeurs disponibles non enregistrées. Aucun contrat d'assurance vie universelle ne lui arrive à la cheville. Et le produit convient tout aussi bien aux enfants qu'aux petits-enfants.

On peut acheter une telle assurance pour d'autres raisons. Les grands-parents peuvent offrir à leurs petits-enfants un cadeau qui leur survivra longtemps. C'est en quelque sorte une bribe d'immortalité qui profite à tous.

D'ailleurs, pendant que vous y êtes, que diriez-vous de proposer aussi une assurance soins de longue durée », en évoquant des considérations similaires? Elle procure exactement les mêmes avantages lorsque l'impensable survient. En vendant des assurances pour enfants, vous protégez les familles!

Compte tenu des récents bouleversements du marché, existe-t-il une meilleure philosophie de planification des investissements?

Dans un monde où le fond de retraite moyen n'est que de 50 000 $ environ, les clients ont davantage besoin d'une « stratégie d'épargne » que de « planification des investissements ». La plupart des Canadiens qui affichent un revenu moyen (c'est-à-dire la majorité d'entre eux) ne font pas vraiment plus qu'épargner un peu. Pourquoi, dans ce cas, les conseillers veulent-ils les aider à planifier des investissements dont ils ne disposent même pas? La personne qui ne possède que 50 000 $ doit chercher à épargner davantage, et non à investir. On n'a pas besoin d'être un spécialiste en gestion financière pour comprendre la logique et le gros bon sens!

Un jeune homme m'annonçait fièrement un jour qu'il avait son « planificateur financier ». Comme ledit jeune homme était sans le sou, je me demande encore à quoi son planificateur s'occupait. Nous nous racontons des histoires et nous induisons nos clients en erreur en pensant qu'ils ont tous besoin de conseils recherchés en matière de placement. Il y a des limites à ce que l'on peut faire de la petite somme qu'un client ne peut se permettre de perdre. À moins, bien sûr, de vous embarquer dans ces stratégies périlleuses qui permettent ensuite de loger dans des endroits où on n'a pas nécessairement rêvé de se retrouver. J'ai d'ailleurs l'impression qu'on verra de plus en plus de poursuites dans le futur.

Ça me rappelle une phrase de style Finances 101, qui devrait guider toute démarche de planification financière. Avant d'être drôle, elle est surtout très pertinente. Elle ressemble à ceci :
« Si vos habitudes brutes dépassent votre revenu net, votre train de vie vous fera dérailler. » C'est une question de gros bon sens. Habituellement, les gens ont davantage de mal à gérer l'argent qu'ils doivent que celui qu'ils possèdent. Cette règle vaut pour toutes les tranches de revenus.

« Savoir investir, c'est bien plus une question de s'habituer à épargner régulièrement qu'à obtenir un bon taux de rendement. » Lorsqu'on n'a que peu ou pas d'argent, il est loufoque de s'acharner à toujours obtenir un meilleur taux de rendement. Quand j'étais petit, au Manitoba, les gens cachaient leur argent dans des pots de verre qu'ils glissaient entre deux planches de grange. Ils possédaient cet argent pour une bonne vieille raison : ils l'avaient économisé.

« Respectez la règle du 10/90. » Vous devez à tout prix diriger vers l'épargne la première tranche de 10 % de toute somme que vous gagnez, puis vivre en fonction du 90 % qui reste. Et si vous voulez rendre le monde encore meilleur, voyez si vous pourriez adopter la règle du 10/10/80 : économisez 10 % et donnez aussi 10 % à une bonne cause qui vous tient à cœur. Vivez en fonction du 80 % qui reste. La meilleure façon de s'assurer d'avoir un jour de l'argent, c'est d'en mettre de côté. Aidez les gens à le faire.

Le conseiller doit aider ses clients à faire ce qui répond le plus à leurs besoins, malgré les tromperies véhiculées dans les médias et la pression de la publicité. Une approche aussi franche et réaliste vous attirera plus de clients, de ventes et de fidélité que vous ne l'auriez jamais imaginé. Ce sera aussi une façon de contrecarrer le harcèlement médiatique et les problèmes de règlementation qui affligent notre commerce. Une suggestion de démarche à adopter? Donnez des conseils véritables, utiles et durables.