Même si un assureur est le mieux préparé possible pour faire face à une catastrophe naturelle, s’il ne tient pas ses promesses lors d’une réclamation, ses efforts seront vains, dit Greg Gilbert, scientifique en chef des données chez OPTA intelligence informationnelle.
M. Gilbert a tenu ces propos lors de la Journée de l’assurance de dommages 2017. Il a donné en exemple le cas du vaste incendie de forêt survenu à Fort McMurray en 2016. Les experts en sinistre n’ont pas eu accès à certains quartiers pour des périodes allant de quatre à six semaines. OPTA a utilisé la photo satellitaire pour assister le travail de réclamation. Deux jours après le passage des flammes sur la ville, des images ont été analysées afin de mieux évaluer l’ampleur des dégâts.
Les systèmes d’intelligence artificielle ont été mis à contribution pour cibler les secteurs où l’on pouvait déjà confirmer la dévastation. En fonction du positionnement GPS de ces images, les données étaient transmises à l’assureur pour qu’il puisse jumeler cette estimation à chaque client et aux biens assurés dans la zone du sinistre.
« Les assureurs doivent parfois réagir très rapidement aux situations. Les gens qui ont été évacués et qui ont dû abandonner leurs biens attendent des réponses de la part de leur assureur », dit-il.
Tout de suite après une grande catastrophe, les assureurs montrent de l’intérêt pour des modèles prédictifs, mais ça ne dure pas toujours, fait observer M. Gilbert. La difficulté demeure le fait d’intégrer les données dans leur système de tarification. Il y a beaucoup de concurrence dans le marché. Il n’est pas toujours facile d’imposer des factures supplémentaires aux assurés, souligne-t-il.
« À chaque grand sinistre, on le voit, il y a toujours un assureur qui est davantage affecté que les autres, car ses risques étaient davantage concentrés dans la région touchée, et cette exposition au risque a été mal gérée », estime M. Gilbert.
Les assureurs ont des outils pour atténuer leur exposition au risque, dit-il. Il peut atténuer ses risques de trois façons, ajoute-t-il.
Premièrement, l’assureur doit connaitre les risques qu’il couvre. Pour chaque résidence, il doit avoir l’information précise sur l’année de construction, la superficie et la valeur de la propriété. Il doit aussi connaitre le risque d’inondation ou de refoulement d’égout, les problèmes de plomberie ou de pompe, et la distance par rapport au poste de pompiers le plus près.
Le second point est l’utilisation de la géomatique pour mener des simulations. Divers modèles de simulation existent dans le marché, notamment sur le risque associé aux inondations. D’autres systèmes seront lancés en 2017 touchant le risque relié aux incendies en milieu forestier.
Le troisième point touche la gestion du portefeuille de l’assureur. « Si vous êtes l’assureur dominant dans une région vulnérable aux inondations, vous voulez savoir combien de propriétés sont situées dans la zone inondable », précise-t-il.