Alors que débute une nouvelle année, le Journal de l'assurance vous propose de découvrir les prédictions de ses journalistes concernant les défis auxquels l’industrie de l'assurance va devoir faire face dans les mois à venir.​


Serge TherrienIl urgera de parler aux clients

Par Serge Therrien
Président et éditeur
Journal de l’assurance

Des événements sociaux et politiques récents viennent de chambarder la liste des priorités dans les agendas de l'industrie de l'assurance.

Ils forceront les courtiers, conseillers, agents et assureurs à parler aux clients ‑ en plus d’écrire - pour leur expliquer, les conseiller et les encadrer dans leurs achats de protection contre les changements climatiques ainsi que l'acquisition de polices sur internet.

Pourquoi ?

1. L'élection américaine a placé à la tête de la première économie mondiale un sceptique de l'empreinte humaine sur les changements climatiques. Le président désigné Donald Trump a promis de défaire les lois et réglementations pour la protection de l’environnement et la lutte contre le réchauffement climatique.  Au passage, M. Trump n'a pas lu les rapports documentés d'institutions parmi les plus prudentes au monde, les réassureurs Munich Re et Swiss Re, qui ont reconnu cette empreinte voilà déjà plusieurs années.

De la parole aux actes, M. Trump vient ainsi de nommer à la tête de l’Agence de protection de l’environnement, Scott Pruitt, un ex-ministre de la Justice de l’Oklahoma, qui s'est battu pour empêcher la fermeture des centrales au charbon et adoucir sinon éliminer des lois sur la protection de l'environnement. 

2. Internet et réseaux sociaux (encore)...

Deux phénomènes y explosent : les fausses nouvelles y pullulent et les communautés se créent de plus en plus selon un principe vieux comme le monde « qui se ressemble s'assemble ». Dans des groupes tissés serrés, les idées divergentes ne passent souvent pas. En plus, si une fausse nouvelle fait l'affaire de l'un, sa propagation devient alors facile et exponentielle.

Il n'a jamais été aussi important dans nos sociétés d'investir dans l'éducation. Ne serait-ce que pour développer le sens critique chez chacun. C’est le mandat des gouvernements, mais aussi de l’industrie maintenant.

L'industrie de l’assurance a fait des efforts importants pour améliorer la littératie  financière - grand temps de bannir cette expression -, elle devra décupler ses efforts pour rendre ses contrats en assurance vie et dommages faciles à comprendre et pourquoi pas agréables à lire !

Parler, expliquer et conseiller les clients. Une nouvelle avenue à mettre de l'avant... pourtant vieille comme le monde. 


Hubert RoySe projeter dans le temps sans regard sur le passé

Par Hubert Roy
Rédacteur en chef
Journal de l’assurance

Assurer les nouveaux risques était le défi de l’industrie de l’assurance de dommages en 2016. Pour l’année à venir, ce défi passe à un autre niveau. L’industrie doit se projeter dans le temps pour assurer sa pérennité.

Mais comment faire le tout sans pouvoir poser un regard sur l’expérience passée ? Au fil des ans, les assureurs ont développé leur expertise en basant leurs calculs sur leurs données actuarielles accumulées au fil du temps. Or, comment assurer un risque sur lequel on ne connait rien ?

L’assurance des drones a posé un défi intéressant à l’industrie. Elle l’a relevé en comparant le risque posé par les drones à d’autres, comme ceux des avions de modèle réduit. Mais encore, elle a mis du temps pour arriver à cette solution. Aura-t-elle encore ce luxe lorsque des risques plus complexes émergeront, face à des perturbateurs agiles qui auront l’ambition de s’inviter dans le bal de l’assurance ?

De vastes changements de sociétés pourraient s’opérer dans un proche avenir. Il n’y a qu’à penser au domaine de l’automobile, où l’arrivée de la voiture intelligente semble inéluctable. Le manufacturier automobile Ford se questionne d’ailleurs à savoir qui seront ses clients de demain. Est-ce que ce sera des particuliers comme aujourd’hui ? Probablement pas… Ford s’attend à ce que ses clients de demain soient des utilisateurs de flotte, tel Uber, qui achèteront de vastes lots de véhicules.

Les habitudes des jeunes consommateurs doivent aussi forcer l’industrie à se remettre en question. Les habitudes du PDG d’AirBnB, Brian Chesky, résument bien la pensée des consommateurs de demain. M. Chesky dit vouloir posséder le moins de choses possibles, tout en ayant accès aux plus de choses possibles via la technologie mobile.

À la Journée de l’assurance de dommages 2016, Louis Gagnon, président, service et distribution, d’Intact Corporation financière, affirmait qu’il y a aura moins de biens en circulation. Or, c’est ce que l’industrie assure. « Il faudra réfléchir à la possibilité d’assurer des personnes, et pas seulement leurs biens », avait-il alors lancé.

Le secteur de l’information en est un qui a subi de nombreux bouleversements au fil des ans. Depuis dix ans, les revenus des grandes organisations de presse de ce monde sont attaqués par les réseaux sociaux et autres nouveaux joueurs. Et peu de ces grands médias n’ont pas encore trouvé la bonne recette pour assurer leur futur.

L’industrie de l’assurance doit-elle s’attendre à pareil bouleversement ? Fort certainement. Mais si elle a une chose qu’elle doit retenir de ce que vit le monde des médias, c’est que son modèle sera toujours en perpétuel changement. Rien ne peut y être tenu pour acquis et aucune certitude n’y est possible !


Alain ThériaultPlusieurs bouleversements en assurance de personnes et fonds d’investissement !

Par Alain Thériault
Directeur, vie et investissement
Journal de l’assurance

Loi 188

Carlos Leitao mettra fin au suspense de la loi sur la distribution de produits et services financiers (LDPSF) avec le dépôt de son projet de loi omnibus. Cabinets et conseillers sauront enfin s’ils conservent leur Chambre, et s’ils doivent partager avec Internet le privilège de distribuer de l’assurance.

Ce que la LDPSF ne pourra empêcher : le tsunami des AssurTechs et autres nouvelles technologies venues de l’extérieur, qui feront une chaude lutte aux fournisseurs et distributeurs traditionnels, dans le contrôle des données d’assurance informatisées.

Fin des commissions

En mai 2017 prendra fin la consultation des Autorités canadiennes en valeurs mobilières (ACVM) sur les commissions intégrées. Fournisseurs et distributeurs de fonds communs ont peu d’espoir de voir les ACVM écarter leur abolition. Dans cette perspective, les produits peu couteux se multiplient et les cabinets proposent de plus en plus de nouveaux modèles de rémunération axés sur la gestion à honoraires à leurs conseillers.

Fiscalité des polices

Les conseillers devront apprendre à vivre avec les nouvelles règles fiscales des polices. Elles entreront en vigueur le 1er janvier et limiteront l’épargne que vos clients peuvent faire croitre sans impôt au sein de leur assurance vie permanente. Dans une ruée de fin d’année rarement vue dans l’industrie, plusieurs dizaines de produits ont changé ou disparu. De nouveaux produits fiscalement acceptables continueront de se succéder en 2017.

Rachats à escompte

Parmi ses priorités en 2017, ACCAP-Québec, division de l’Association canadienne des compagnies d’assurances de personnes, continuera ses représentations dans l’espoir que la LDPSF interdise le rachat à escompte de police d’assurance vie.

ACCAP-Québec misera sur la plus grande transparence de la facture des pharmaciens qu’amène le projet de loi 92 pour mieux contenir les couts de l’assurance médicaments au sein des régimes privés d’assurance collective. Sa priorité en 2017, s’assurer que le consommateur soit bien informé de toutes les facettes du cout des médicaments.

Taxes : une de « perdue », deux de retrouvées

La taxe compensatoire de 0,48 % que doit payer une société d’assurance sur les primes d’assurance devrait disparaitre en mars 2017 et ACCAP-Québec ne ménage pas ses efforts pour qu'elle ne soit pas reconduite.

D’un autre côté, une interprétation agressive de la définition de services financiers manifestée par Revenu Québec, responsable de percevoir la TPS et la TVQ au Québec pour le compte de l’Agence du revenu du Canada, pourrait forcer des cabinets d’assurance et de services financiers (agents généraux) à verser des cotisations rétroactives pour des services qu’ils avaient toujours cru non taxables. Une lutte à suivre en 2017.