La température moyenne sur la planète augmente. Les scientifiques s’entendent là-dessus. Ils alertent même le monde pour limiter cette hausse à 2° Celsius faute de quoi des scénarios catastrophes –comme on en voit dans des films- vont se produire.

À ce portrait, il faut maintenant en ajouter un autre pour le Québec : la province affrontera un scénario encore pire, et dans un laps de temps encore plus court, puisqu’elle se réchauffe plus rapidement que le reste du monde.

C’est le constat qu’a lancé Jean-Pierre Savard, océanographe du consortium Ouranos, au colloque de l’International Women Forum, le 10 janvier, au Club St-James, de Montréal.

« La neige et la glace y fondent plus vite »

M. Savard est spécialiste de l’étude des océans et de la géologie marine côtière. Depuis 30 ans, il a réalisé quelque 150 projets de recherche sur la planète. Il a coordonné de nombreuses études sur les tempêtes et leur action sur les littoraux, de même que sur les vagues, les glaces et les processus de gel et de dégel.  

Le Québec subit déjà des transformations profondes, mais tous les pays nordiques de la planète en font autant. Pourquoi? « Les pays nordiques se réchauffent plus vite parce que la neige et la glace y fondent plus vite », explique M. Savard. La surface blanche dans ces régions réfléchit l’énergie de la lumière dans l’atmosphère. Lorsque cette énergie y frappe les molécules de CO2, ces dernières s’agitent et libèrent encore plus de chaleur. Dans les régions sans neige, au contraire, l’énergie lumineuse est absorbée par les sols. Résultat : la température augmente plus vite au Québec, et ce phénomène est observé dans tous les pays nordiques.

Des turbulences plus fréquentes et plus intenses

Les conséquences sont lourdes de sens sur les sociétés, prévient M. Savard. « Nos hivers sont plus doux et ils le seront encore plus. Certes, on est plusieurs à se réjouir de cette situation. Dans le Grand Nord, les Inuits profiteront de périodes de canotage plus longues. Toutefois, ces températures plus chaudes seront accompagnées de turbulences plus fréquentes et plus intenses », prévient-ils.

Les océans sont déjà plus agités, ajoute-t-il. Et avec la montée de leur niveau, déjà amorcée, on assiste à des dégradations des structures côtières, met-il en garde. Et cela s’accentuera.

Comble de malheur, explique M. Savard, les réflexes humains de se protéger contre cet envahissement des eaux exacerbent la situation. « Pour se protéger, les gens tentent rapidement d’ériger des barrières de blocs de pierre et des murs de soutènement en béton, mais ce sera pire! », prévient-il. La mer aura vite fait de lancer des vagues puissantes et destructrices au-dessus de ces contreforts et même parfois de les détruire.

Retirer les humains des régions côtières

La solution pour stopper l’érosion et briser l’énergie des vagues, explique M. Savard, est de maintenir les plages sablonneuses, les milieux humides et les écosystèmes en place. Ces structures peuvent absorber cette énergie destructrice, dit-il. L’envers de la médaille sera toutefois de retirer les humains des régions côtières, et de remettre celles-ci à leur état original.

Malgré cet état des choses difficiles, M. Savard est encore confiant qu’on puisse réduire la concentration de CO2 dans l’atmosphère – la cause de ces bouleversements de température- et ainsi contenir l’augmentation de la température moyenne sur la planète.