L’Association de Genève, qui regroupe les PDG des 80 plus importants assureurs du monde, souhaite que l’industrie de l’assurance passe d’un mode réactif à un mode proactif dans la lutte contre les changements climatiques. Premier pas en ce sens : 50 PDG membres de l’Association ont signé une résolution dans laquelle ils s’engagent à réduire les risques liés aux changements climatiques et à prendre des mesures pour que leur entreprise s’adapte au phénomène.

La Résolution de Kyoto, où les 50 PDG se sont réunis à la fin du mois de mai, mentionne aussi que l’industrie de l’assurance devra offrir du soutien à ses titulaires de polices. Les assureurs s’engagent ainsi à contribuer à l’implantation de nouvelles normes de construction et sensibiliser leurs titulaires de polices aux risques découlant des changements climatiques.

Dans la résolution, les 50 PDG font remarquer que l’industrie de l’assurance occupe une position unique pour offrir des services spécialisés aux pays et entreprises faisant face aux défis liés aux changements climatiques. Selon eux, l’assurance est un mécanisme qui devra être inclus dans les schémas de travail élaborés pour faire face au phénomène.

L’Association de Genève a aussi produit un rapport qui vise à décrire la position de l’organisation face aux changements climatiques. Dans ce rapport, qui s’intitule The insurance industry and climate change – Contribution to the global debate, l’Association de Genève affirme que le défi que posent les changements climatiques est urgent à résoudre.

L’Association de Genève ajoute que les changements climatiques amènent de nouveaux risques aux assureurs, mais aussi de nouvelles occasions. « Plusieurs entreprises ont commencé à adapter leurs modèles d’affaires aux changements climatiques. Les assureurs devront ainsi adapter leurs produits. S’engager dans une stratégie proactive pour faire face aux changements climatiques permettra à l’industrie de l’assurance de rester en avant de la parade et de prévoir quel sera leur impact », mentionne le rapport.

Le regroupement des plus importants PDG d’assureurs de la planète dit aussi que l’industrie de l’assurance devra faire ses devoirs. L’Association de Genève mentionne que les assureurs devront identifier les risques liés au climat, et ce, sur un plan local. Ces risques devront ensuite être quantifiés et priorisés selon leur importance. L’Association ajoute que la lutte contre les émissions de gaz à effet de serre est urgente. À cet effet, le regroupement mentionne que les pertes assurées sont en hausse constante depuis 1990.

« La croissance économique, l’augmentation de la densité des populations et la pénétration de l’assurance sont des raisons qui expliquent la hausse des pertes des assureurs. La concentration des populations dans les zones côtières et la vulnérabilité croissante des valeurs assurables exacerbent cette hausse. Toutefois, la plupart de ces raisons ne sont pas liées aux changements climatiques. Elles proviennent d’un choix de société. C’est pourquoi une gestion des risques efficaces contribuera à réduire les impacts des changements climatiques. De plus, il y a une demande et un marché de niche à développer pour des solutions d’assurance dans des zones où les effets du climat sont fréquents », dit le rapport.

L’Association de Genève ajoute que les assureurs perçoivent les effets des changements climatiques depuis 1973. Si les catastrophes naturelles continuaient à être en hausse à cause des changements climatiques, le prix des couvertures d’assurance augmentera aussi.

« L’industrie de l’assurance risque de devoir redéfinir son rôle. Cette redéfinition pourrait même toucher son rôle de fournisseur de protection financière. Certains assureurs croient que l’assurance doit procurer une paix d’esprit aux gens et aux entreprises. Il ne faut toutefois pas oublier que les assureurs sont aussi des experts du risque », indique le rapport.

Partenariat

L’Association de Genève demande aussi aux gouvernements de collaborer avec l’industrie de l’assurance pour contrer les effets futurs des changements climatiques. « L’élaboration de plans nationaux solides est une condition nécessaire pour permettre aux assureurs de combattre les changements climatiques. Si l’économie, les entreprises et les propriétaires d’habitations ne sont pas prêts, l’assurance telle que nous la connaissons aujourd’hui sera plus dispendieuse ou inaccessible dans certaines régions », prévient le groupe.

L’Association propose aussi divers moyens à mettre en place en partenariat avec les gouvernements. Le premier concerne les fonds de catastrophes (cat bonds), pour aider à financer les coûts de reconstruction à partir des marchés de capitaux. Le deuxième est la micro-assurance, qui peut, entre autres, aider les fermiers des populations plus pauvres à assurer leurs récoltes et ainsi réduire les cercles de pauvreté dans le monde.

Les assureurs ont leurs propres solutions à mettre en place selon l’Association de Genève. Parmi celles-ci, on retrouve une tarification adaptée au risque, une restriction des couvertures et l’application de déductibles, entre autres.