Aux dires de son chef de la direction Charles Brindamour, Intact Corporation financière surperforme l’industrie de l’assurance de dommages par une grande marge. Malgré cela, l’assureur n’est pas satisfait de sa performance.
M. Brindamour a tenu ces propos le 6 février dernier, alors que les dirigeants d’Intact répondaient à des questions d’analystes financiers à la suite de la publication des résultats du quatrième trimestre de 2018 de l’assureur. Le Journal de l’assurance a pris connaissance de la retranscription de cette conférence au cours des derniers jours.
Pourquoi les dirigeants d’Intact ne sont-ils pas satisfaits ? Puisque les résultats qu’ils présentent, bien qu’ils soient supérieurs à ceux de l’industrie, ne sont pas alignés avec ceux qu’Intact a présentés historiquement, c’est-à-dire avec un rendement de l’avoir des actionnaires avoisinant les 15 %.
Les bons coups de 2018
M. Brindamour a ensuite fait état des bons coups d’Intact en 2018. L’un des premiers qu’il a cité : la croissance de l’assurance en assurance des entreprises, dont les primes sont en croissance de 11 %, augmentation attribuable au raffermissement du marché, mais aussi à un « fort momentum » dans les segments spécialisés.
Viennent ensuite les avancées de la transformation d’intact dans son approche centrée sur le client, qui s’établit entre autres sur le numérique et l’intelligence artificielle. Intact a ainsi lancé sa nouvelle application en libre-service, qui fait appel à la télématique.
« Nous continuons aussi de tester notre plus récent algorithme de tarification, qui mise grandement sur le machine learning. Nous voyons aussi des signes évidents que nos investissements en intelligence artificielle génèreront de la croissance et de l’expansion dans nos marges pour les années à venir », a commenté M. Brindamour.
La distribution : un investissement toujours rentable
Du côté de la distribution, Intact a rapporté des bénéfices de 146 millions de dollars en 2018. C’est le double de ce qu’Intact y générait il y a cinq ans. Ce volet comprend tous les investissements que fait Intact dans des cabinets de courtage. Intact s’attend à un ralentissement de ce segment, puisque la consolidation est au ralenti dans la distribution du courtage.
Questionné par les analystes, M. Brindamour a fait remarquer que les multiples de transaction ont peu bougé au cours des 24 derniers mois. « Nous réalisons des dizaines de transactions chaque année. Les synergies réalisées y sont aussi en hausse de notre côté, ce qui améliorera notre rentabilité future. »
M. Brindamour a par ailleurs révélé qu’Intact était peu encline à participer à des processus d’enchères pour acheter des participations dans des cabinets de courtage, misant plutôt sur les relations développées avec les courtiers au fil des ans pour réaliser de telles transactions.
« C’est la meilleure façon de réaliser des transactions. C’est ce qu’on continuera à faire au cours de la prochaine décennie », dit M. Brindamour.
Les États-Unis : prochaine cible d’acquisitions ?
Un analyste a aussi demandé à M. Brindamour songeait à acquérir des distributeurs aux États-Unis. Le chef de la direction d’Intact n’a pas fermé la porte à une telle avenue, mais souligne que le profil des distributeurs n’est pas le même au sud de la frontière qu’il ne l’est au Canada.
On y retrouve là-bas ce que M. Brindamour appelle des agents indépendants, mais aussi des grossistes spécialisés. Intact devrait alors adopter une stratégie différente de celle au Canada, qui est de bâtir une entité massive de distribution en assurance des particuliers.
« On regarde les opportunités qui se présentent à nous. On y gagne de la confiance. Nous n’y déployons toutefois pas les mêmes capitaux qu’au Canada. Notre priorité demeure le Canada en ce qui a trait au déploiement de nos capitaux en distribution. Nous commencerons certainement à explorer des opportunités de déploiement de nos capitaux aux États-Unis, mais à plus petite échelle. Ça inclut très certainement la distribution. »
Marché propice pour acquérir des concurrents
Un autre analyste a fait remarquer à M. Brindamour que la plupart des acquisitions faites par Intact au fil des ans l’ont été à un moment où la rentabilité de certains joueurs posaient problème, comme c’est le cas actuellement, ce à quoi M. Brindamour a acquiescé. Ce fut notamment le cas pour Zurich au début des 2000, ou encore d’Allianz au milieu de la même décennie.
« Ce genre d’environnement est bon pour la consolidation et que pour des actifs changent de mains. Les gens changent de points de vue sur ce qu’ils possèdent dans ce type de conditions. C’est bon pour nous, surtout en considérant que notre performance est meilleure que celle de nos concurrents. Je suis positif quant au cycle dans lequel nous entrons », a commenté M. Brindamour.
Louis Marcotte, chef des finances (CFO) d’Intact, a précisé que le trésor de guerre de l’assureur pour réaliser des acquisitions se chiffre à un milliard de dollars. Sans compter ce que la société cotée en bourse peut lever sur les marchés de capitaux pour financer une éventuelle acquisition.