L’assurance des entreprises est un domaine très peu règlementé. Toutefois, si la crise de souscription que vit le secteur se poursuit, cela pourrait alerter les régulateurs canadiens.
Don Forgeron, président et chef de la direction du Bureau d’assurance du Canada (BAC), a partagé cette crainte dans un discours prononcé la semaine dernière à Toronto, dans le cadre d’un forum organisé par son organisme.
À titre d’exemple, il a souligné que les entreprises sont exposées aux cyberattaques. Pourtant, bon nombre d’entre elles ont du mal à obtenir et à conserver des couvertures adéquates.
« L’envergure des risques et défis qui s’annoncent va fort certainement attirer l’attention des autorités règlementaires, des stratèges et d’autres décideurs si l’industrie n’agit pas et ne démontre pas qu’elle peut procurer de l’assurance à tous les secteurs d’activité au Canada », a-t-il affirmé.
Il n’a d’ailleurs pas mâché ses mots lors de son discours et a multiplié les critiques à l’égard de l’industrie. « Un monde dans lequel certaines entreprises canadiennes ne peuvent pas trouver l’assurance dont elles ont besoin ou n’ont pas les moyens de se la payer est insoutenable sur le plan politique. Ça ne marche pas ! Le gouvernement ne va pas rester les bras croisés et permettre une telle chose. Les décideurs vont rapidement conclure que si l’industrie ne peut pas agir d’elle-même, il va falloir intervenir et arranger les choses à sa place — avec des lois, des règles et des règlements. »
Les dangers
La protection des données, du réseau et de la vie privée fait partie des éléments que les entreprises doivent vraiment considérer lorsqu’elles se penchent sur les catastrophes potentielles des temps modernes, dit-il, ajoutant qu’elles doivent considérer que les risques en matière de cybersécurité et de cyberactivité seront onéreux. Il est toutefois difficile de produire une modélisation précise, car cette menace ne cesse d’évoluer.
« Il faut suivre la chose de près. Nous devons nous assurer de disposer des personnes nécessaires pour comprendre, quantifier et évaluer les risques associés à la cyberactivité. Nous devons aider nos clients commerciaux à mieux saisir et gérer ce qui pourrait constituer des vulnérabilités, ainsi qu’à se protéger en prévision des atteintes à la sécurité », dit le président, en soulignant que la mise en œuvre de la technologie sans fil 5 G ne fera qu’empirer les choses dans les années à venir.
Pour mieux comprendre le risque, le BAC a commandé une enquête exploratoire qui a révélé que plus de 40 % des entreprises de moins de 500 employés n’ont aucune défense contre les risques de cyberintrusion. Ainsi, 60 % des répondants ont affirmé ne pas avoir d’assurance qui pourrait les aider à se remettre sur pied advenant une attaque. « Ce n’est qu’une des nombreuses préoccupations grandissantes à toucher l’assurance des entreprises », a-t-il soutenu.
À l’heure actuelle, les gouvernements s’efforcent de toujours mieux protéger la vie privée des gens et de se prémunir contre les attaques visant les données, a fait remarquer M. Forgeron. « Nous avons tous un rôle à jouer pour démontrer au gouvernement que le marché commercial est réceptif, qu’il peut s’adapter et qu’il est plus que capable de gérer ses problèmes sans intervention ou règles strictes. »