Novacap Services financiers, principal investisseur dans l’agent général Revau Souscription avancée, a trouvé de nouveaux investisseurs pour favoriser la poursuite de l’expansion du grossiste sur le marché nord-américain. La formule adoptée est celle du véhicule de continuation. 

Le consortium qui prendra la relève par l’entremise de ce véhicule de continuation est formé de fonds gérés par Northleaf Capital Partners, Exportation et Développement Canada (EDC) et le Fonds de solidarité FTQ

Jean-François Raymond

« Ce nouveau véhicule nous donne accès à plus de capitaux, et pas seulement à des capitaux canadiens », indique Jean-François Raymond, président de Revau, en entrevue avec le Portail de l’assurance à partir du Texas. Il y est installé depuis juin dernier. 

Le fonds qui a été utilisé pour investir dans Revau en 2020 (à l’époque, Groupassur) a une durée de vie de huit ans, explique-t-il. La vente de la participation dans Revau était planifiée en 2027.

Mais l’expansion récente annoncée aux États-Unis, avec l’acquisition de deux agents généraux (MGA) implantés dans la région métropolitaine de Dallas, a changé la donne. « Il fallait remettre les pendules à zéro », note M. Raymond.

Novacap a proposé la formule du véhicule de continuation. Il s’agit d’une première pour ses activités en services financiers, mais la firme d’investissement y a déjà eu recours dans trois autres entreprises.

Ainsi, les investisseurs du nouveau consortium placent leurs billes directement dans Revau par l’entremise d’une société en commandite (S.E.C.). Parmi ses commanditaires, Revau indique qu’elle compte désormais sur la participation de plusieurs investisseurs institutionnels, dont Gestion de placements Manuvie

La transaction « offrait aux commanditaires existants de Novacap l’option de recevoir de la liquidité ou de réinvestir, tout en fournissant à Revau un accès à du capital additionnel », précisent Novacap et Revau dans leur communiqué conjoint publié le 3 septembre dernier.

Plus de temps 

Novacap a ainsi contribué à créer un nouveau fonds qui est entièrement dédié à la croissance de Revau. Ce fonds a une durée de vie de cinq ans, avec des extensions possibles. « Cela nous donne une erre d’aller et plus d’années devant nous pour développer Revau aux États-Unis », souligne Jean-François Raymond. 

La recherche d’un nouvel acheteur est donc reportée de quelques années. « Le financement par des fonds privés, ça se passe comme ça. On investit, puis on revend. Mais entre-temps, nous continuons avec de nouveaux partenaires et plus de capitaux. Et ça facilite notre croissance par acquisitions aux États-Unis », poursuit-il. 

Northleaf est l’investisseur dominant de la société en commandite. Concernant EDC et le Fonds de solidarité FTQ, leur présence dans une entreprise du secteur de l’assurance de dommages est inusitée, selon M. Raymond. « J’ai rencontré certains investisseurs, mais il y a des gens de partout dans le monde qui font partie du véhicule de continuation », dit-il.

Novacap demeure présente comme investisseur et la majorité des investisseurs de la S.E.C. sont canadiens. Si Revau fait passer son volume de prime à plus de 2 milliards de dollars comme il le planifie, « les acheteurs pour des entreprises de cette taille se trouvent plus aux États-Unis », souligne M. Raymond.

Comme Revau est un grossiste important au Canada, l’entreprise pourrait devenir une acquisition intéressante pour une société américaine qui désire brasser des affaires aussi au Canada. « Présentement, c’est nous qui faisons l’inverse en nous implantant aux États-Unis, c’est un peu plus rare. »

Dans cinq ans 

Dans cinq ans, Revau sera à nouveau à vendre. Selon M. Raymond, elle pourrait être acquise par un autre fonds privé, par de grands investisseurs institutionnels ou un concurrent. Mais il vise toujours à demeurer indépendant des grandes sociétés de monde de l’assurance. 

Pourrait-elle devenir une société publique par l’entremise d’un premier appel public à l’épargne (PAPE)? « Quand Novacap a investi chez nous, on a préparé tout ce qu’il y a à faire pour se préparer à un PAPE, même si on ne voulait pas le faire », dit-il.

Il constate que les marchés boursiers ne sont pas très entichés par les titres des compagnies d’assurance. « Les actionnaires aiment leurs placements et ils les gardent longtemps. Il n’y a pas beaucoup de transactions. Dans le marché public, quand tes actions ne se négocient pas beaucoup, elles ne prennent pas de valeur », dit-il. On peut d’ailleurs l’observer chez les grandes sociétés canadiennes d’assurance de personnes qui lancent des programmes de rachats d’actions. 

En conséquence, les rares exemples de PAPE reliés à l’assurance ont produit des valorisations inférieures aux attentes, selon les discussions que M. Raymond a eues avec les investisseurs rencontrés par l’entremise de Novacap. « Dans cinq ans, on verra, on serait prêt pour cela, on a tous les éléments en place pour attirer les investisseurs », dit-il. 

Un hasard 

En novembre 2023, le Portail de l’assurance rapportait un investissement fait par Novacap, en l’occurrence dans la firme-conseil en actuariat Lewis & Ellis, un cabinet établi à Dallas. Jean-François Raymond reconnaît avoir rencontré Chabe Cadick, le PDG de la firme, grâce à Novacap.

Cependant, il précise qu’il n’y a absolument aucun lien entre cette entreprise et les deux MGA — Brazos Specialty Risk Insurance et Twenty Mile Insurance Services — acquis en mai 2025, lesquels sont établis dans la même région métropolitaine.

« Oui, Lewis & Ellis font partie de nos actuaires consultants, car on utilise beaucoup ce type de service sur le marché des États-Unis, mais c’est une pure coïncidence. Ils ne sont même pas dans le domaine de l’assurance de dommages », dit-il.