Desjardins Assurances organise des hackathons dans lequel des hackers tentent de proposer des solutions innovantes pour améliorer la santé des Canadiens. Les meilleures idées sont ensuite testées au Desjardins Lab, son espace test des nouvelles technologies.

Josée Dixon, première vice-présidente, assurance collective, chez Desjardins, rappelle d’emblée de jeu que l’assurance collective est un secteur clé dans le développement du mouvement coopératif. Desjardins est le premier assureur collectif au Québec et le 4e au Canada, derrière le Big Three, formé de Manuvie, Sun Life et Great-West.

Elle spécifie toutefois que Desjardins a une vision pancanadienne de l’assurance collective et non une pour le Québec et l’autre pour le reste du Canada. « On ne fait plus de distinction entre les deux, assure-t-elle. Nos clients canadiens et québécois sont à l’affut du fait que nous sommes présents partout au pays. »

Mme Dixon ajoute que par cet état de fait, Desjardins s’intéresse à la santé des Canadiens. « L’assurance collective devient ainsi un axe important pour prendre soin de leur santé. Il y a de plus en plus de maladies chroniques. Ça touche 40 % de la population canadienne. Il faut aussi considérer l’impact des grands réclamants, tout comme les prix effrayants des grands médicaments, qui coutent cher à l’industrie. À titre de pilier de l’économie canadienne, on doit se préoccuper du comment on peut aider les employeurs à offrir des régimes axés sur les besoins de leurs employés, tout en contrôlant les couts, mais jamais à leur détriment. »


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Pour Desjardins, la meilleure façon de parvenir à ce but est la prévention. Mais le message n’est pas toujours bien saisi. Il faut donc s’employer, selon Mme Dixon, à trouver des façons d’inciter les adhérents à un régime de mieux prendre soin de leur santé.

« Il faut voir quel outil, quelle technologie peut aider en ce sens. Le virage que l’on vit s’apparente à celui qu’ont vécu les régimes de retraite collectifs à la fin des années 1990, alors que les régimes à prestations déterminés ont fait place aux régimes à cotisations déterminées. Ça a eu un impact sur les décisions financières que les gens prenaient en vue de leur retraite. C’est le virage qu’on voit se dessiner. »

Innover pour se démarquer

Mais pour se démarquer, Desjardins voit le besoin d’innover dans le marché de l’assurance collective, dit Mme Dixon. Et l’une des façons trouvées a été de s’associer à Hacking Health, un organisme international à but non lucratif et à portée internationale qui stimule l’innovation dans le domaine de la santé.

Un premier hackathon a ainsi eu lieu à Montréal en novembre 2015. Il a rassemblé 500 personnes, dont 28 équipes de hackers. Chaque équipe avait 48 heures pour concocter une solution innovante répondant à l’une des cinq thématiques suivantes : un mode de vie sain et actif; la santé mentale et la gestion du stress, la conciliation travail-famille, les connaissances en santé; et l’amélioration de la communication patient/intervenant.

Aux termes de ces 48 heures, chaque équipe avait trois minutes pour la présenter. Les deux meilleures ont été retenues et sont présentement en phase de développement et de tests au Desjardins Lab.

Pourquoi faire appel à des hackers pour innover en assurance collective ? « Le hacking a la connotation qu’on lui donne. Mais les hackers sont des gens d’informatique qui sont capables de créer des choses pertinentes, notamment pour des adhérents à un régime collectif pour qu’ils puissent prendre leur santé en main », dit Mme Dixon.

L’objectif est donc d’aider à changer les comportements des gens. « C’est une problématique qu’on veut changer dans le milieu de la santé. En créant les hackathons, nous avons voulu trouvé des pistes de solutions aux problématiques dans le marché qu’on voulait qu’ils viennent solutionner », dit la première vice-présidente.

Et il y a urgence d’agir, dit Mme Dixon. Le dossier médical informatique peine à prendre son envol. C’est d’ailleurs le Canada qui a le plus faible taux de pénétration en la matière parmi les pays du G7, rappelle-t-elle.

Les clients de Desjardins et leurs intermédiaires de marché ont applaudi à l’initiative des hackathons, assure Mme Dixon. « L’aspect innovant est très bien accueilli. Il faut maintenant exécuter la solution. Elle devra passer par les appareils mobiles intelligents qu’utilisent les adhérents », révèle-t-elle.

Miser sur des applications et non des gadgets

Desjardins est ainsi convaincu que son succès pour innover en assurance collective passera par le développement d’application pour téléphones intelligents et non par des gadgets qui prennent différentes mesures. « On le voit même en santé et mieux-être. On n’a qu’à prendre l’exemple du bracelet FitBit : 33 % cessent de l’utiliser au bout de six mois. Après un an, 50 % l’ont abandonné. Ça devient une application de loisir. Si la personne l’utilise pour améliorer sa santé, ça devient un outil », dit Mme Dixon.

Elle ajoute que si l’application est bien utilisée, les gens partagent leur expérience sur les médias sociaux. Pour transformer un gadget en technologie de progrès, quatre conditions sont essentielles, dit Mme Dixon.

Tout d’abord, il faut rassembler tous les acteurs dans un écosystème favorable. « Nos clients sont là, tout comme les intermédiaires de marché et la communauté de la santé. Il faut les arrimer ensemble », révèle Mme Dixon.

Deuxième étape : impliquer les gens. « Il faut inviter les personnes qui vont être les réceptrices de ces solutions à influencer les décisions d’affaires. Quand on fait un hackathon, on invite le monde de la santé, des employeurs, mais aussi des employés. Ils viennent dire aux hackers ce dont ils ont besoin. Le tout est ensuite testé sur le public », dit Mme Dixon.

C’est par la suite que le partage se fait. « La communauté virtuelle est la clé du succès. Partager des données pour générer des réactions est très important. Les téléphones intelligents ont une longueur d’avance sur les objets connectés. Nike a d’ailleurs cessé d’investir dans des gadgets pour se concentrer sur le développement d’applications », dit-elle.

Dernière clé du succès : trouver les bonnes façons d’innover. « Traditionnellement, en assurance collective, ça passe par le prix du médicament. C’est important, mais jouer sur cet aspect n’implique pas le public cible, soit les adhérents aux régimes », dit Mme Dixon.

La première vice-présidente, assurance collective, ne peut toutefois en dire plus sur l’application, voir les solutions, qui seront développées pour innover en assurance collective. Il n’y a pas de date précise prévue pour leur lancement. Mais Mme Dixon assure toutefois que Desjardins travaille pour que le tout se fasse le plus tôt possible, mais aussi pour que le tout soit le plus pertinent possible