Michel Fragasso a été aux premières loges dans la création de Fundserv, alors qu’il venait de fonder le Conseil des fonds d’investissement du Québec (CFIQ). Il déplore que l’assurance vie soit toujours aussi loin du but.

« Je ne crois pas que l’on s’approche d’une solution. Si on s’en approche, c’est à pas de tortue, souligne Michel Fragasso, président de la firme-conseil Plan Effico​. Il faut que les gros s’y mettent pour que cela marche », dit le fondateur du CFIQ.

Il se remémore que si Fundserv a fonctionné, c’est parce que quatre compagnies de fonds majeures s’étaient ralliées au projet. Les autres n’ont pas eu le choix de suivre, se souvient-il.

M. Fragasso déplore la résistance de plusieurs assureurs à une solution commune. « Je souhaitais créer un Fundserv de l’assurance à l’époque, pour que tous les agents généraux puissent y centraliser des fichiers uniformes ensuite reçus par les assureurs. Pour les assureurs, il était difficile d’uniformiser les données des polices, car elles ont des particularités que les fonds communs n’ont pas. Nous avons amené le projet à CLIEDIS au tournant des années 2010, mais cela a bloqué, car chaque assureur voulait imposer sa propre recette », a-t-il relaté.

Il croit que les normes CITS ne pourront s’imposer que si le projet est perçu comme une coopérative, comme l’était Fundserv. « Sinon, les autres n’embarqueront pas. »

M. Fragasso pense d’ailleurs qu’APEXA aura de la difficulté à lever parce qu’il appartient à des intérêts privés. Initiative de conformité au bénéfice des agents généraux, APEXA est détenue par LOGiQ3, et compte aussi WealthServ comme partenaire, ainsi que développeur de son logiciel. Y collaborent les assureurs Canada-Vie, Empire Vie, iA Groupe financier, Manuvie et Financière Sun Life, ainsi que les agents généraux Financière HUB, Groupe Financier Horizons, IDC et PPI.

« APEXA vise entre autres à aider l’agent général à vérifier si un conseiller a son permis, ou est visé par un rappel de commissions. APEXA souhaite aussi uniformiser les feeds, mais tant qu’elle appartiendra à des privés, cela ne marchera pas. Si je suis une grosse compagnie d’assurance, je ne veux pas qu’un fournisseur privé ait accès aux données de toutes les polices que j’ai vendues dans l’année », insiste M. Fragasso.