Avant l'introduction du Régime canadien de soins dentaires (RCSD), près de la moitié des personnes qui y étaient admissibles ont évité d'obtenir des services de santé buccodentaire en raison du coût, démontre Statistique Canada dans un rapport sur la santé publié le 20 août dernier. Ne pas posséder d'assurance dentaire et souffrir de problèmes buccodentaires sont les facteurs les plus fortement associés à l’évitement des consultations avec un professionnel et des soins recommandés. 

« L’utilisation des services de santé buccodentaire par les personnes admissibles au RCSD au Canada est largement influencée par leur revenu et leur capacité à payer de leur poche les frais de soins dentaires, plutôt que par leur besoin de traitement, ce qui rend bon nombre d’entre elles vulnérables à des besoins non satisfaits en matière de soins buccodentaires », énoncent les autrices du rapport.

Les 11 189 répondants de l’enquête de Statistique Canada – tous admissibles au RCSD – provenaient majoritairement de ménages à faible revenu. « Le [revenu familial net ajusté] médian en fonction de la taille du ménage s’élevait à 24 700 $, ce qui reflète le niveau de revenu typique des ménages dans la population admissible au RCSD », précise le rapport. 

L’enquête a permis de révéler que 47 % des personnes admissibles au programme ont évité de consulter un professionnel de la santé buccodentaire au cours de l’année précédant son lancement en raison du coût. De plus, 38 % de ces personnes ont évité de recevoir des soins dentaires recommandés pour la même raison. 

« Il est essentiel d’établir des estimations de base de l’évitement en raison du coût avant que le RCSD ne soit offert pour aider les gens à payer leurs soins afin d’évaluer le succès de la réduction des obstacles financiers et de faciliter un suivi efficace du programme », expliquent les autrices. 

Le gouvernement du Canada a mis en place le RCSD en décembre 2023 afin de rendre les soins buccodentaires plus abordables pour les résidents admissibles dont le revenu familial annuel net rajusté est inférieur à 90 000 $.

Genre et géographie 

Dans l’année précédant le lancement du programme, 50 % des femmes de la cohorte ont déclaré avoir évité des consultations et 41 % avoir évité des soins dentaires recommandés. Chez les hommes, l’évitement était moindre : 44 % ont déclaré avoir évité des consultations et 35 % des soins recommandés. 

L’évitement lié aux coûts varie également selon la région. Dans l’ensemble, 49 % des participants vivant en milieu urbain ont évité de consulter un professionnel de la santé buccodentaire, contre 38 % de ceux vivant en milieu rural. 

« Par rapport aux autres provinces, moins de personnes admissibles au RCSD vivant au Québec ont évité de consulter un professionnel de la santé buccodentaire en raison du coût (37 %), note Statistique Canada. Des tendances semblables ont été observées en ce qui concerne le fait d’éviter les soins dentaires recommandés. » 

Douleur, assurance et revenu 

Parmi toutes les variables analysées, indique le rapport, la situation en matière d’assurance dentaire et les problèmes buccodentaires autodéclarés, soit le fait d’avoir des douleurs persistantes ou d'éviter de manger certains aliments, étaient les plus « fortement associés à l’évitement des consultations chez un professionnel de la santé buccodentaire et des soins dentaires recommandés en raison du coût au cours de l’année précédente ». 

Les personnes qui ont déclaré avoir souvent ou parfois des problèmes buccodentaires avaient près de cinq fois plus de chances d’éviter de consulter un professionnel de la santé dentaire et d’éviter de recevoir des soins dentaires recommandés pour des raisons financières que celles qui ont déclaré avoir rarement ou jamais de tels problèmes. 

Les personnes sans assurance dentaire avaient six fois plus de chances d’éviter des consultations et plus de trois fois plus de chances d’éviter des soins recommandés que celles qui avaient une assurance

Par ailleurs, les personnes ayant un revenu plus élevé – supérieur à 38 800 $, mais inférieur à 90 000 $ – étaient moins susceptibles d’éviter des consultations que celles gagnant moins de 38 800 $. 

« Dans l’ensemble, les résultats soulignent le rôle clé joué par l’assurance dans la réduction des dépenses directes et des obstacles financiers aux soins de santé buccodentaire », indique le rapport. Ses autrices poursuivent : « Les résultats de l’étude indiquent que, bien que l’assurance joue un rôle important dans la réduction des obstacles financiers aux soins de santé buccodentaire, le revenu demeure un important facteur déterminant de l’accès. »