Le départ de plusieurs assureurs du marché des garanties de retraits et le nombre croissant de rachats sont deux éléments qui ont durement frappé les ventes nettes de fonds distincts en 2012.Selon des données transmises par Investor Economics, les ventes nettes de fonds distincts ont subi une baisse de 42,5 % comparativement à 2011. « Cet écart est essentiellement imputable à la diminution des ventes de fonds dotés d’une garantie de retrait et à la pression entrainée par les rachats de produits existants », explique Karol Kalejta, analyste principal chez Investor Economics.

Les ventes brutes de fonds distincts se sont établies à 11,7 milliards de dollars (G$) en 2012, ce qui représente une diminution de 4,6 % par rapport à 2011.

Entre-temps, les actifs totaux en fonds distincts connaissaient une hausse en 2012 et atteignaient les 91,6 G$, ce qui correspond à une augmentation de 6,1 % comparativement à 2011. Une grande partie de cette hausse – soit environ 4,7 % – s’explique par la croissance du marché lui-même, dit M. Kalejta. « Les actifs ont franchi la barre des 90 G$, ce qui correspond probablement à un niveau jamais égalé auparavant. »

À 10,3 G$, le total des rachats de fonds distincts dépasse de 2,1 % celui de l’exercice précédent. L’importance de l’activité du côté des rachats peut s’expliquer par le fait que les produits vendus il y a 10 ou 15 ans arrivent maintenant à échéance, signale M. Kalejta.
Empire Vie sur une lancée

Quant au rang occupé par chaque compagnie en matière de ventes nettes, le changement le plus important concerne sans contredit Empire Vie, qui est passée de la dix-huitième à la deuxième place entre 2011 et 2012. Ce grand bond s’explique par le fait que l’entreprise a attendu la fin de l’exercice avant d’annoncer les changements apportés à son fonds distinct doté d’une garantie de retrait.

« Tout au long de l’exercice, on a constaté que des sociétés d’assurance se retiraient du marché des garanties de retraits. Transamerica a ouvert le bal, puis Standard Life a suivi. Il y a eu en quelque sorte un effet domino. Un par un, chacun a retiré ou modifié son produit. Empire Vie s’est retrouvée à être l’une des entreprises à garder le sien intact le plus longtemps », dit M. Kalejta.

Selon les entretiens qu’il a eus avec des représentants d’Empire Vie, M. Kalejta estime que celle-ci aurait attendu avant de modifier son produit parce que ses finances lui permettaient d’assumer encore un peu de risque.

« Elle aura ainsi pu s’approprier une plus grande part du marché et je suis sûr qu’elle a aussi obtenu de nouveaux clients au passage. Voilà pourquoi je crois que c’était une stratégie destinée à l’assurer de rester dans la course, à se faire connaitre et à ramasser des ventes, puisque les autres n’étaient plus là pour offrir le produit. C’est d’ailleurs ce qui se reflète dans la progression qu’elle affiche au classement », dit-il.
Un nouveau produit

En janvier, Empire Vie a lancé Catégorie Plus 2, une version revue et modifiée de son fonds doté d’une garantie de retrait. Ce produit permet, par exemple, d’offrir un montant de retrait viager de 4 % au lieu de 5 % à 65 ans, comme c’était le cas de son ancien fonds Catégorie Plus.

Standard Life se trouve au sommet du classement des ventes nettes, alors qu’elle occupait la quatrième place en 2011. Fait intéressant, la compagnie a retiré son fonds distinct doté d’un revenu garanti en avril 2012. Malgré ce changement, sa gamme de fonds distincts affiche encore d’excellentes ventes, surtout la série assortie d’une garantie du capital de 100 %, dit M. Kalejta.

Comme peu d’intervenants offrent encore une garantie 100/100, on a ici aussi un exemple de compagnie qui accepte d’assumer un risque accru pour offrir un niveau d’assurance plus élevé, fait-il remarquer.
Reprise des ventes en vue ?

M. Kalejta croit que le rétablissement du marché des actions devrait entraîner des meilleures ventes du côté des fonds distincts. « Une fois que les marchés se seront ressaisis et que les gens recommenceront à s’intéresser aux fonds d’actions, les fonds distincts représenteront une meilleure valeur aux yeux des particuliers qui ne cherchent pas exclusivement un produit à revenu garanti. »

Certaines caractéristiques des fonds distincts, comme la protection du capital et les prestations au survivant, resteront de solides arguments de vente, particulièrement chez les clients disposés à risquer davantage dans le but d’obtenir un meilleur rendement, tout en préférant ne pas se tourner tout de suite vers les fonds d’investissement », dit M. Kalejta.
L’avenir des produits à revenu garanti « suscite bien plus d’interrogations dans l’industrie », ajoute-t-il. Seule une poignée d’intervenants offrent encore ces produits ; pourtant, le besoin en produit de revenu garanti est encore fort. Les produits de rentes immédiates pourraient bien jouer un rôle accru, question de répondre à ce besoin, dit-il.

« Un grand nombre de compagnies pensent au revenu garanti… Or, du côté des fonds distincts, il importe essentiellement de savoir quelle forme prendra le revenu garanti. Va-t-on à nouveau l’intégrer dans une structure de fonds distinct comme on le faisait dans le cas du fonds doté d’une garantie de retrait, ou trouvera-t-on autre chose ?

M. Kalejta évoque à cet égard un nouveau produit de la Financière Sun Life appelé Revenu de retraite SunFlex. Lancé à la fin de 2012, il repose sur la formule de rente immédiate.

« 2012 aura été une année d’austérité, surtout du côté des produits à revenu garanti. Il sera fort intéressant de voir ce qu’il adviendra de ce marché en 2013 », conclut M. Kalejta.