De petits assureurs auraient pu être mis à mal par une seconde catastrophe d’envergure qui aurait suivi celle de Fort McMurray, dit MSA Research.

Dans l’édition présentant les résultats des assureurs de dommages au second trimestre de 2016 du MSA Quarterly Outlook Report, Joel Baker, PDG de la firme de recherche, souligne que les engagements pris entre assureurs et réassureurs ont été mis à l’épreuve. Ce sont finalement les réassureurs, tant locaux qu’internationaux, qui ont absorbé la majorité des pertes de Fort McMurray, qui ont atteint près de quatre milliards de dollars (G$).

Pour les grands joueurs, la catastrophe albertaine a été un évènement ayant un impact sur leurs revenus. Mais pour les plus petits joueurs régionaux, ce fut un évènement affectant grandement leur capital, voir leur existence dans certains cas, dit M. Baker. Advenant une seconde catastrophe majeure se produisant rapidement après celle de Fort McMurray, des assureurs auraient pu disparaitre, ajoute-t-il.

Les assureurs doivent s’adapter, dit M. Baker, car les infrastructures canadiennes sont de moins en moins résilientes. Et les budgets pour mitiger les risques causés par les catastrophes naturelles ne permettront pas de faire face à la musique.

M. Baker en donne d’ailleurs deux exemples révélateurs, citant le diffuseur CBC, pendant anglophone de Radio-Canada. Le premier est le budget de mitigation des incendies de la ville de Whistler, en Colombie-Britannique. Il est de 500 000 $, soit l’équivalent d’une modeste maison de cette ville.

Quant au budget du gouvernement de la Colombie-Britannique pour faire face aux feux de brousse, il est de huit millions de dollars (M$). C’est le prix d’un condo huppé à trois chambres sur la rue Howe, à Vancouver. Ce qui fait dire à M. Baker que les gouvernements dépenseront davantage d’argent à la suite d’un cataclysme plutôt que de financer de simples mesures visant à réduire les risques maintenant.

Le PDG de MSA Research ajoute que les feux de Fort McMurray pourraient faire en sorte que les réassureurs portent un nouveau regard sur le marché canadien. Et leur perception ne sera pas positive prévient-il.

Les inondations survenues en Thaïlande en 2011, ainsi que le tremblement de terre de Christchurch, en Nouvelle-Zélande, aussi survenu en 2011, ont ouvert les yeux des réassureurs. Ces risques n’avaient pas été bien modélisés et les pertes qui en ont découlé en ont surpris plus d’un. Les feux de Fort McMurray présentent les mêmes caractéristiques. Comment un incendie survenu dans une petite vile du nord de l’Alberta peut-il avoir couté près de 4 G$ ? »

M. Baker reconnait que le Canada a connu les feux de Slave Lake en 2011, ainsi que les inondations de Calgary et de Toronto en 2013. Mais le premier a couté seulement 500 M$. Quant aux deux autres, le PDG de MSA Research dit qu’il n’est pas inattendu que le Canada connaisse des évènements du genre.

« Le Canada a longtemps bénéficié de sa réputation comme d’un havre relativement sécuritaire pour un réassureur de diversifier son capital. Est-ce que cette perception vient de connaitre une fin abrupte ? Ce n’est pas certain ? Il faudra voir quelles en sont les implications lors de la période des renouvellements de traités de 2017 et au-delà », dit-il.