Les vols de bicyclettes ont augmenté au fil des dernières années. En réaction, une plateforme de prévention efficace gagne en popularité : Garage 529. Plusieurs grands corps policiers à travers la province adhèrent à cette application conçue pour dissuader les voleurs de vélos et permettre de retrouver rapidement leur propriétaire.

Développé à Seattle, aux États-Unis, en 2013 par un cycliste qui s’était fait dérober son vélo et qui avait réussi à le retrouver en le décrivant à un réseau de connaissances, son « Project 529 » s’est étendu dans le monde. Le Bureau d’assurance du Canada (BAC) a participé financièrement à son lancement au Canada en 2015 et le recommande toujours fortement. 

Au Québec, il a été introduit par le Service de police de la ville de Montréal (SPVM) en 2021 sous le nom français de Garage 529. Depuis, se sont ajoutés d’autres grands services, notamment Québec, Longueuil et Sherbrooke. La Sûreté du Québec (SQ) s’est aussi jointe au mouvement en 2023.

Enregistrer son vélo à Garage 529 

Lors de leur adhésion à Garage 529, les propriétaires d'une bicyclette sont invités à enregistrer gratuitement leur monture, en indiquant son numéro de série et en joignant des photos sur le site web ou l’application mobile. Il leur est aussi suggéré de se procurer une vignette autocollante vendue à un faible coût dans un point de service participant.

Si le vélo est volé, on le signale sur Garage 529 pour alerter la communauté. S’il est retracé, son propriétaire sera facilement retrouvé par les policiers ou la communauté grâce aux informations qu’il aura fournies.

D’ailleurs, avant d’acheter une  vélo usagé, il est aussi conseillé de vérifier son numéro de série sur le site afin de s’assurer qu’il n’est pas le fruit d’un vol. 

Un effet dissuasif sur les voleurs  

À ce jour, le SPVM a organisé plus de 25 opérations d’enregistrements annuelles au cours desquelles des policières et policiers ont aidé des cyclistes à enregistrer leur bicyclette et leur ont remis gratuitement un autocollant, indique la chargée de communications Mélanie Bergeron

Magali Bebronne

Pour Magali Bebronne, directrice des programmes de Vélo Québec, ce système a un effet dissuasif, puisque le voleur sait que le recel sera plus difficile. Une simple recherche indiquera que le vélo est volé et les policiers pourront facilement le remettre à son propriétaire. Comme le système est utilisé par un nombre croissant de services de police, il permet parfois de retrouver des vélos qui ont été déplacés d’une ville à l’autre.

Les contacts de l’organisme au SPVM, rapporte Magali Bebronne, leur disent qu’ils n’ont jamais pu restituer autant de bicyclettes volées que depuis la mise en place de ce système. Pour cette raison, Vélo Québec encourage tous les cyclistes à l’utiliser. 

En octobre dernier, 27 832 vélos avaient été inscrits sur la plateforme Garage 529 du SPVM. À Québec, depuis son introduction en 2022, 4999 vélos y ont été enregistrés. 

Augmentation des vols 

On disait traditionnellement que les vols de vélo étaient des vols d’opportunité, que les voleurs étaient peu organisés et [qu’ils] profitaient d’objets faciles à voler. Avec les VAE, la donne change.
– Magali Bebronne

Les plus âgés se rappellent qu’au début des années 70, un dix-vitesses coûtait une centaine de dollars. En 2025, un vélo de route, de montagne ou à assistance électrique (VAE) de qualité peut facilement valoir entre 5 000$ et 10 000$. Même des vélos pour enfants vendus au Québec peuvent atteindre 800$.

Il n’existe pas de registre consolidé qui compile le nombre de vols de vélos pour toute la province, mais à Montréal seulement, le SPVM en a rapporté à lui seul 1 757 en 2020, 1 925 en 2021, 2 253 en 2022 et 2 621 en 2023. 

« On disait traditionnellement que les vols de vélo étaient des vols d’opportunité, que les voleurs étaient peu organisés et [qu’ils] profitaient d’objets faciles à voler. Avec les VAE, la donne change. On voit sur le site une proportion importante des vols de VAE », souligne Magali Bebronne au Portail de l’assurance

... et des signalements? 

Le fait que les rapports de police puissent se faire en ligne sans devoir se déplacer incite davantage les gens à signaler un vol aux policiers, croit Vélo Québec. La croissance du nombre de VAE de plus grandes valeurs fait aussi en sorte que leurs propriétaires sont plus enclins à rapporter le vol qu’ils l’étaient pour des bicyclettes peu coûteuses.

Toutefois, le nombre de disparitions de vélos rapportés aux policiers demeure partiel. L’organisme soupçonne que la majorité des vols ne sont pas déclarés. 

« Plusieurs [citoyens et citoyennes] n’ont pas la facture, le numéro de série, le descriptif et plusieurs l’ont acheté d’occasion, relève Magali Bebronne. La plupart ne prévoient pas faire appel à leurs assurances et ne croient pas que le rapport de police augmentera leurs chances de retrouver leur vélo. » 

Le BAC estime aussi que maints cyclistes dont le vélo a été subtilisé ne feront pas de réclamation pour différentes raisons : ils n’ont pas d’assurance habitation, ce qui est le cas de nombreux locataires, la valeur du vélo est en deçà de la franchise, ou encore, le remboursement anticipé par leur assurance est limité.

Dans son blogue à propos de ce type de larcins, le BAC rappelle aux assurés quelques faits :

  • Le vélo doit être assuré à même la police habitation, mais ce type de bien est assujetti à une limitation dans le contrat. 
  • Il est important d’augmenter le montant de couverture si la valeur du vélo excède le montant de remboursement. 
  • Comme pour toutes réclamations, le montant de la franchise sera appliqué et assumé par le propriétaire du vélo dérobé, il faut donc tenir compte de celle-ci.

Beaucoup de propriétaires ne déclaraient pas ce type de sinistre par le passé. Or, avec les prix élevés actuels des vélos et des VAE, il se peut que les Québécois soient de plus en plus nombreux à se tourner vers leur assureur en cas de vol, croit Vélo Québec.

D’autres astuces pour empêcher le vol 

L’organisme vante les qualités de Garage 529, mais d’autres mesures peuvent être prises pour réduire les risques de vols. 

« Il reste important de choisir un ou plusieurs bons cadenas, un bon emplacement pour le stockage, surtout de longue durée, et d’utiliser une bonne technique, conseille Magali Bebronne. On continue malheureusement à voir des gens qui ne barrent que la roue, ce qui permet de voler tout le reste du vélo, ou qui utilisent de simples câbles qui se coupent en quelques secondes. »

Aucun cadenas ne peut à lui seul empêcher un voleur déterminé, tranche-t-elle. La clé : multiplier les stratégies de dissuasion.

« En complément des cadenas, note Magali Bebronne, plusieurs cyclistes choisissent d’équiper leur vélo d’un traceur électronique qui permet la géolocalisation du vélo, ce qui peut aider à le retrouver si on agit rapidement. »