En faisant l’acquisition des activités québécoises de JLT Canada, GPL assurance gagne aussi accès à l’expertise du géant mondial de l’assurance, Jardine Lloyd Thompson. Pour son PDG, Louis-Thomas Labbé, cette transaction permettra de donner un coup d’accélérateur de plus à sa croissance, alors que le cabinet de courtage a triplé son volume au cours des sept dernières années.
C’est GPL assurance qui est à l’origine de cette transaction. Il y a un an et demi, M. Labbé s’est rendu à Londres pour rencontrer les hauts dirigeants de Jardine Lloyd Thompson. Ceux-ci ont résisté à son offre, au départ, mais se sont laissé convaincre au fil du temps, a-t-il relaté en entrevue au Journal de l’assurance. Ils ont même tenté d’acheter son cabinet, mais M. Labbé a résisté jusqu’à les convaincre du bienfondé de leur vendre leur bloc d’affaires au Québec.
M. Labbé rappelle que ce n’est pas le premier grand groupe à vendre ses activités au Québec à un autre groupe. Marsh, Arthur J. Gallagher et Willis l’ont aussi fait au cours des trois dernières années, rappelle-t-il.
« Le Québec est un marché distinct »
« La raison fondamentale pour laquelle ils ont accepté de vendre est qu’ils n’ont pas été capables d’exécuter leur plan d’affaires lié aux investissements requis par leur groupe. Le Québec est un marché distinct, d’abord par sa langue, mais aussi par son Code civil et sa façon différente de mener des affaires. C’était une évidence pour nous, mais pas pour les gens de l’extérieur. Pour réussir au Québec, ça prend un commitment important », dit-il.
M. Labbé convient que le volume n’était pas la clé de cette transaction. C’est plutôt l’expertise d’un grand groupe international que GPL voulait acquérir. « Si on avait voulu augmenter le volume, on aurait acheté des bureaux, comme on le fait depuis trois ou quatre ans. On voulait faire partie d’un plus grand réseau. Nous faisions partie de celui d’Univa, mais c’était plus informel qu’autre chose. Avec Jardine Lloyd Thompson, on va chercher une expertise d’entreprise internationale », dit-il.
« Notre avenir est au Québec »
Pour en arriver à ce constat, M. Labbé a dit regarder vers le futur. Il le voit dans les entreprises québécoises exportatrices. « Notre avenir est au Québec. Toutefois, les entreprises québécoises doivent faire des affaires ailleurs dans le monde. Ça ne prend pas un milliard de dollars pour exporter. Elles ne peuvent pas avoir du succès uniquement au Québec. Elles doivent regarder vers le Canada, les États-Unis et même, l’international », dit-il.
M. Labbé ajoute que GPL n’a aucune intention de prendre de l’expansion à l’extérieur du Québec. « On se concentre sur les sièges sociaux québécois qui exportent. On est un courtier spécialisé qui a un savoir-faire unique dans ce segment », dit-il.
Des négociations ardues
Le PDG de GPL souligne que les négociations ont été ardues avec Jardine Lloyd Thompson. Ce groupe préfère généralement investir dans les entreprises avec qui elle fait déjà affaire. « Il n’a pris aucun actionnariat dans GPL, et on reste totalement indépendant. On est l’exception de l’exception, dans ce cas-ci », dit-il.
Pour M. Labbé, la force de Jardine Lloyd Thompson est d’avoir développé des niches très précises. Ayant un chiffre d’affaires de 1,7 milliard de dollars (G$), Jardine Lloyd Thompson est notamment le plus grand courtier d’aviation aérospatiale dans le monde. GPL assurance compte bien en tirer profit.
Industries pétrochimiques, construction et énergie
« Notre plus gros client en aérospatiale est Héroux-Devtek, en ce moment. Son expertise dans ce segment va nous permettre d’offrir des choses au marché québécois. Ça va nous permettre de cogner à la porte de plus gros joueurs », dit-il.
M. Labbé note que Jardine Lloyd Thompson compte aussi une grande expertise dans les industries pétrochimiques, de la construction et de l’énergie. « Le Canada sera le cinquième marché de la construction en importance dans le monde, d’ici quelques années. Il n’y a pas juste au Québec que les infrastructures sont vieillissantes. C’est aussi le cas en Ontario et en Colombie-Britannique. Les ponts, les routes, les écoles : tout est vieux et doit être refait », dit-il.
Expertise en partenariat public-privé
Jardine Lloyd Thompson possède aussi une expertise en partenariat public-privé (PPP). « Ce concept a vu le jour dans les années 1990 au Royaume-Uni. Le groupe y a acquis une grande expérience au fil du temps, qu’on pourra importer ici », dit-il. Il souligne que le groupe été associé à plusieurs des grands projets de construction mondiaux, dont des centrales électriques, des projets d’infrastructure et de l’immobilier commercial. En tant que membre du JLT International Network, GPL, tout comme ses clients, aura accès à l’expertise de JLT pour les projets internationaux.
M. Labbé croit aussi que Jardine Lloyd Thompson tirera un grand bénéfice de son association avec GPL. Quand un de leurs clients français, anglais ou allemand veut faire affaire au Québec, il préfère traiter avec un bureau de 100 employés qu’avec un de 10 employés qui a déjà une clientèle. « C’est bien beau faire venir du monde de Toronto, mais ça ne suffit pas, au Québec. Nos clients veulent être servis en français, même s’ils parlent tous très bien anglais. Jardine Lloyd Thompson pourra s’appuyer sur une base très solide vu notre savoir-faire dans la province », dit-il.