L’avenir semble incertain pour les contrats d’assurance titrisés en cyberassurance, d’après une nouvelle recherche de S&P Global Ratings, Global Reinsurance Highlights 2022.

« Avec une valeur de presque 100 milliards de dollars, les contrats d’assurance titrisés sont une source de capacité importante pour la réassurance et la rétrocession, en particulier pour les sinistres de catastrophe », peut-on lire dans le rapport de S&P. « Les contrats titrisés ont procuré quelque 97 milliards de dollars de capitaux à la fin du premier trimestre de 2022, ce qui représente une légère hausse par rapport aux 96 milliards de la fin 2021. Il s’agit là d’environ 15 % des capitaux fournis au secteur mondial de la réassurance au total, une part relativement stable depuis 2018. » 

Si les réassureurs ont recours aux contrats titrisés, c’est surtout pour souscrire des risques dans les segments où les sinistres sont très importants. « Les risques sont non seulement partagés entre les sociétés de réassurance et leurs investisseurs en actions et en titres de créance, mais aussi avec les investisseurs des marchés des capitaux élargis », souligne S&P. « Tant que la tarification est attrayante, les capitaux des contrats titrisés servent habituellement à combler le manque à gagner lorsque les capitaux traditionnels sont soit réduits, soit indisponibles. » 

Le problème auquel les réassureurs sont actuellement confrontés en cyberassurance (un marché où la demande de protection dépasse la capacité offerte) est que les investisseurs de contrats titrisés n’ont pas encore démontré d’intérêt à assumer ce genre de risques.

Le marché étant toujours à ses débuts, il n’a pas connu la croissance à laquelle s’attendaient certains participants pour deux raisons : les faibles rendements des titres adossés à ces contrats d’assurance et les excellents résultats inscrits par les marchés des actions et des titres de créance. « Les risques secondaires sont de plus en plus fréquents depuis quelques années et, dans l’ensemble, ont entraîné des pertes plus élevées que prévu pour les investisseurs », poursuivent les auteurs du rapport. S&P fait remarquer que la corrélation pourrait être plus élevée entre les cyberrisques et les pertes subies par les marchés financiers.

Cela dit, les primes de cyberassurance ont dépassé les 9 milliards de dollars en 2021, devenant ainsi le segment à la croissance la plus rapide. « Nous supposons que ce montant augmentera de 25 % par année en moyenne, pour atteindre quelque 22,5 milliards de dollars d’ici 2025. En dépit des mesures prudentes qui ont été prises par le marché de la réassurance jusqu’à maintenant, le marché des contrats d’assurance titrisés a démontré peu d’intérêt à fournir plus de capacité. » 

Ce que suggère S&P Global Ratings, c’est de définir clairement les cyberévénements dans les structures de ces contrats, afin de les séparer des autres types de risques. « Une séparation claire ne réglerait pas directement le problème des réclamations silencieuses (une situation qui se produit quand un cyberévénement entraîne une réclamation dans un autre segment), mais elle démontrerait la nécessité de définir des exclusions précises pour les cyberrisques, plus bas dans la chaîne de valeur de la réassurance, afin de prévenir de telles réclamations. »

Les garanties de pertes d’industrie pourraient être un bon point d’entrée pour le secteur. « Les améliorations apportées à la définition des déclencheurs de cyberévénements assurés et aux termes utilisés dans les modalités, tout comme le récent passage à une structure basée sur les réclamations présentées qui raccourcit le délai de règlement, pourraient motiver davantage les réassureurs à accéder à d’autres formes de capital. » 

On conclut en disant que les opérations liées aux contrats d’assurance titrisés peuvent être très complexes, et que « les opérations complexes sont susceptibles d’échouer ». « On pourrait simplifier l’approche en commençant par un seul cyberrisque défini (panne infonuagique, panne d’un fournisseur de service, ou attaque visant une infrastructure essentielle) au lieu d’opter pour une formule multirisque. Cela aiderait les investisseurs à mieux comprendre le risque sous-jacent et, par conséquent, à mieux quantifier le risque auquel ils s’exposent. » 

Pour en savoir plus sur le portrait de la réassurance brossé par S&P, voir les articles Réassurance : les résultats sous pression, Le bilan des réassureurs éprouvé par les catastrophes naturelles et la pandémie et Accepter ou refuser le risque de catastrophe, les réassureurs divisés