Selon A.M. Best, si on n'a pas observé une importante activité de consolidation et d'acquisition dans le marché canadien de l'assurance de dommages l'an dernier, il y a quand même eu quelques transactions notables. Kingsway Financial Services a consolidé les affaires de Kingsway Compagnie d'assurance générale dans JEVCO, qui a été vendu par la suite à Westaim. Pour sa part Western Financial a acquis Hayhurst Elias Dudek et en a fait la société mère de SecuriCan General. Finalement, Co-operators a acquis CUMIS Life.
Lorsque le Journal de l'assurance a demandé à A.M. Best de commenter les fusions et les rachats possibles en 2010, les analystes Charles Huber et Jackie Catrino ont fait preuve de prudence. « C'est très difficile de déterminer de futures acquisitions et nous ne pouvons discuter de sociétés cibles précises. Il est toutefois clair que le modèle opérationnel de certaines compagnies repose sur la croissance par les acquisitions. »
Lors d'un débat de spécialistes au Canadian Insurance Financial Forum tenu en mai, les chefs des services financiers de trois des principaux assureurs au pays ont dit s'attendre à plus de consolidation dans l'industrie dans les années à venir.
Nick Creatura, chef des services financiers de RSA Canada, a fait une distinction entre transactions entre courtiers et consolidation d'entreprises, et précisé qu'elles sont engendrées par des facteurs différents. En ce qui a trait à la seconde, il ne constate pas de tendance particulière, mais estime très probable que des fusions et des acquisitions se produiront au Canada au cours des prochaines années.
« Le marché reste segmenté, les rendements d'investissement devraient être faibles pour quelque temps. De plus, les rendements sont insuffisants pour maintes compagnies. Il y a aussi surcapacité, ainsi que divergence croissante, dans les résultats financiers des acteurs du sommet et de la base », a dit M. Creatura, en soulignant que sa propre société est l'une de celles qui sont en position de procéder à des acquisitions.

Consolidateurs actifs
En matière de courtage, il s'attend à ce que les acquisitions se poursuivent. Il fait remarquer que les consolidateurs de cabinets de courtage tels que HUB Financial et Western Financial Group continuent d'être actifs. « C'est le profil démographique qui est le moteur d'une bonne partie de l'activité. Alors que les responsables supérieurs du milieu du courtage cherchent à prendre leur retraite et à monétiser leurs fonds propres, ils verront forcément une transaction de vente comme une très bonne option. »
Mark Tullis, chef des services financiers chez Intact Corporation financière, a comparé la tendance en matière d'acquisitions et de consolidations dans l'industrie à une dérive des continents. « La pression dans une direction est constante », dit-il. Les compagnies font face à une hausse des dépenses et des couts de technologie qui les pousse vers la consolidation, alors qu'aucune pression n'entrainerait une expansion du nombre d'acteurs. « Vous pourriez cesser vos activités pendant trois ou cinq ans et peut-être qu'il ne se produira rien, mais je parierais une somme d'argent considérable que le nombre de compagnies n'augmenterait pas », dit-il. À l'image de la dérive continentale, le rythme des acquisitions ne se mesure que sur une longue période de temps, souligne-t-il.
Selon M. Tullis, la concurrence existe aussi pour les acquisitions cibles. Lorsque sa compagnie considère l'acquisition d'une autre société, elle soumissionne non seulement contre d'autres assureurs, mais aussi contre des banques et des investisseurs en capital-risque.

Marché segmenté
Craig Pinnock, chef des services financiers de Northbridge Financial, s'est dit d'accord avec les opinions de ses collègues. Il a fait remarquer que le marché canadien est encore segmenté - les 25 premiers acteurs au Canada contrôlent environ 80 % du marché, mais il y a plus de 240 entreprises au total. La consolidation est donc possible, dit-il, mais il ne faut pas oublier l'identité de l'acquéreur.
Une compagnie d'assurance qui procède à une acquisition stratégique peut avoir des attentes différentes concernant la tarification, les multiples et l'actualisation nécessaires afin d'avoir une entreprise permanente viable. Il est d'avis qu'un vendeur pourrait obtenir un meilleur prix d'une société qui n'est pas dans le domaine.
« Les acheteurs financiers ont, à mon avis, moins tendance à vouloir vérifier les pneus ainsi que les moteurs structurels de l'assurance », dit-il. Cela dit, il estime encore que la tendance est à une diminution du nombre d'assureurs au Canada. « Cela doit se passer, mais je prédis que cela se produira au cours des cinq ou dix prochaines années. »