Desjardins Assurances a décidé de s’attaquer directement au problème de la distraction au volant, un fléau qui ne cesse de croitre au Canada, selon l’assureur. En un an, la proportion des conducteurs inattentifs, qui admettent avoir déjà été distraits par leur téléphone cellulaire au moins une fois alors qu’ils étaient derrière le volant, a augmenté de 15 %. En 2019, cette proportion a franchi le cap des 53 %, par rapport à 38 % l’an dernier.
Afin de conscientiser davantage ses utilisateurs, Desjardins Assurances utilisera son application Ajusto pour effectuer le suivi des distractions causées par les téléphones cellulaires et utilisera ces facteurs pour déterminer le pointage des automobilistes. Pour le moment, la fonction est nouvelle au Québec, mais sera déployée prochainement en Ontario.
Un sondage révélateur
La plupart des répondants au sondage national de Desjardins ne voient pas la distraction comme étant le comportement le plus risqué derrière le volant. Or, 94 % des accidents de la route au Canada sont attribués à des erreurs de conduite et c’est la distraction au volant qui mène le bal, vient ensuite la vitesse et la conduite avec facultés affaiblies, révèle le livre blanc de Belron Canada, publié en 2019.
Bien que le nombre d’accidents de la route au pays diminue de façon constante depuis 40 ans, notamment en raison des nombreux outils intégrer aux véhicules, utilisés pour réduire les erreurs d’inattention des conducteurs, le nombre de décès sur les routes a recommencé à augmenter et, encore une fois, la distraction au volant est en cause.
La tête dans le sable
Les Canadiens semblent croire que la faute incombe aux autres automobilistes. Selon le sondage de Desjardins, 93 % des conducteurs croient qu’ils sont rarement ou jamais distraits par leur téléphone cellulaire au moment de prendre la route, mais 84 % d’entre eux disent voir souvent ou toujours d’autres personnes utiliser leur téléphone en conduisant.
Un peu plus tôt cette année, le Bureau d’assurance du Canada (BAC) s’était dit surpris d’apprendre que les gens interrogés lors d’un sondage qu’il a commandé connaissaient les conséquences liées à la distraction au volant, mais prenaient les risques malgré tout et qu’ils minimisaient, voire banalisaient, les distractions au volant.
« Manifestement, la distraction au volant continue de poser un sérieux risque pour la sécurité routière. C’est important de continuer de sensibiliser le public à ce problème grave pour faire en sorte que la distraction au volant devienne aussi socialement inacceptable que l’alcool au volant », dit Denis Dubois, président et chef de l’exploitation de Desjardins Groupe d’assurances générales.
Selon une étude de la Fondation de recherche sur les blessures de la route (FRBR), la distraction au volant est en cause dans une collision mortelle sur quatre au Canada. Malgré les amendes plus élevées, la perte de points d’inaptitude et le redoublement d’efforts par les policiers pour combattre ce problème, des centaines de personnes perdent la vie sur la route en en raison d’une distraction au volant.
« Certes, les amendes plus sévères et les technologies sont utiles, mais il reste que la distraction au volant peut être évitée et que ce sont les changements de comportement qui sauveront des vies », ajoute M. Dubois.
« Les conducteurs ne sont pas les seules personnes à risque : la distraction au volant a des répercussions mortelles sur les passagers, les piétons, les cyclistes et d’autres usagers de la route, explique Robyn Robertson, présidente et chef de la direction de la FRBR. Tous les Canadiens doivent s’engager à être plus attentifs sur la route et à intervenir auprès de leurs amis, de leurs parents et de leurs collègues pour renforcer des habitudes de conduite sécuritaires. »
Desjardins révèle que la moitié des Canadiens serait distraite par l’environnement extérieur, 45 % le sont par le cellulaire, les textos, les appels et les courriels, et 41 % par changement des paramètres de la console et du système d’infodivertissement du véhicule.