La gestion des médicaments biosimilaires représente un défi important pour les assureurs, a affirmé Marie-Hélène Dugal, gestionnaire de portefeuille de produits, solutions de gestion de l’assurance médicament pour Croix Bleue Medavie, lors de son séminaire annuel.
Selon les données partagées lors de l’évènement, dans les cinq dernières années (entre 2012 et 2017), les médicaments biologiques ont connu une tendance à la hausse de plus de 70 %. « L’utilisation des médicaments biologiques a augmenté, car ils servent à traiter de plus en plus d’affectations différentes », explique Mme Dugal.
Les médicaments biologiques sont plus couteux puisqu’ils comportent l’utilisation d’organismes vivants. On appelle biosimilaire l’option moins couteuse de ces médicaments, puisque comme il s’agit d’un médicament avec des organismes vivants, il est impossible d’en faire une copie conforme, comme on le voit avec les médicaments génériques.
Toutefois, pour passer d’un médicament biologique de marque à un biosimilaire il faut une prescription du médecin. Ainsi, un pharmacien ne peut faire le changement lui-même vers le biosimilaire, comme il pourrait le faire avec un médicament générique.
Les différentes approches des assureurs
Les biosimilaires sont une voie intéressante pour les promoteurs de régime afin de faire des économies, affirme Marie-Hélène Dugal. Les assureurs utilisent de nombreuses méthodes pour ce faire.
Tout d’abord, il est possible de proposer la thérapie par étape. Un assureur pourrait demander l’utilisation du biosimilaire comme premier traitement, et si ce dernier ne convient pas aux patients, ce premier rembourserait le biologique de marque.
La Régie de l’assurance maladie du Québec (RAMQ) utilise plutôt le biosimilaire préférentiel. « À partir d’une date précise, le promoteur approuve seulement le médicament biosimilaire. Il est possible d’avoir des clauses spéciales pour ne pas interrompre le traitement d’un patient qui est déjà sur le biologique. Nous avons vu des cas hors Québec où on demandait aux patients de quand même changer pour le traitement le moins cher. Le changement se fait pour des raisons financières et non médicales », explique Mme Dugal. Elle ajoute que bien qu’il s’agisse de la méthode qui génère le plus d’économies, les données ne sont pas claires à savoir si elle est sécuritaire et payante pour le long terme.
Il est aussi possible d’exiger un prix maximum admissible. Le biologique et le biosimilaire seront couverts par le promoteur, mais le montant maximum remboursé sera celui du biosimilaire. « C’est une méthode pour pousser les gens à choisir le biosimilaire, car il ne sera pas nécessairement abordable pour un patient de combler la différence », indique Mme Dugal.
Finalement certains assureurs choisissent des ententes d’inscription. Il s’agit d’ententes financières avec des compagnies pharmaceutiques pour avoir des baisses de prix sur les médicaments biosimilaires ou les médicaments de marque à condition d’appliquer certaines règles. « De cette façon, on peut dégager des sommes qui équivalent probablement à l’impact qu’on aurait eu si on avait poussé les clients vers le biosimilaire », dit Mme Dugal.
La hausse du cout des médicaments
La hausse du cout des médicaments représente un défi pour les promoteurs de régimes puisque cette hausse est remarquée depuis plusieurs années. De plus en plus de nouveaux médicaments et de traitements innovateurs apparaissent, tel que mentionné par des experts du milieu lors du congrès de l’Association québécoise des pharmaciens propriétaires (AQPP).
« Les nouveaux traitements sont une bonne nouvelle pour les patients, mais ça entraine des couts. Les promoteurs doivent dégager des économies pour être certains d’être capables de payer ces nouveaux traitements », dit Mme Dugal. Elle ajoute qu’il est important de choisir les médicaments avec un meilleur retour sur investissement.