Lors d’une conférence aux analystes dont le Journal de l’assurance a obtenu copie de la transcription, Financière Sun Life a entre autres blâmé l’expérience de morbidité pour la chute de son bénéfice net. Celui-ci s’est établi à 595 millions de dollars (M$) au deuxième trimestre de 2019 par rapport à 706 M$ au deuxième trimestre de 2018, en baisse de 16 %.
Selon son chef des finances et vice-président exécutif, Kevin D. Strain, le deuxième trimestre avait pourtant bien commencé et les attentes étaient élevées. Le bénéfice sous-jacent faisait bonne figure en raison de résultats favorables aux postes des dépenses, du crédit et d’annulation de polices (lapse), entre autres.
Mais ces éléments positifs ont été rattrapés par des expériences défavorables, dont celle de morbidité au sein de ses affaires canadiennes d’assurance collective. Un taux de morbidité plus élevé signifie plus d’accidents et de maladie, donc plus d’invalidité, d’où l’impact sur l’assurance collective. Les activités américaines en collectif ont elles aussi souffert d’une expérience de morbidité défavorable. « Nous travaillons fort à améliorer l’expérience en invalidité au Canada », a révélé le PDG de Sun Life, Dean A. Connor.
S’attaquer à l’invalidité…
Et il y a fort à faire. Vice-président principal et actuaire en chef de Sun Life, Kevin Morrissey révèle que l’expérience s’est quelque peu détériorée en ce qui touche l’incidence des invalidités de longue durée au sein des régimes collectifs au Canada.
Président de Financière Sun Life Canada, Jacques Goulet a renchéri sur les propos de M. Morrissey quant à l’incidence accrue de l’invalidité au deuxième trimestre de 2019 par rapport au même trimestre de 2018, au Canada en assurance collective. « Les données que nous observons montrent qu’il y a une augmentation du volume des cas d’invalidité en affaires collectives. Nous le voyons à la fois dans nos données et celles des réassureurs à l’échelle de l’industrie », observe M. Goulet.
L’assurance collective est affaire de courte durée, rappelle Jacques Goulet. Elle doit ainsi être retarifée à de courtes périodes de temps, ajoute-t-il. « Nous avons déjà agi dans certaines parties de notre portefeuille dans lesquelles nous pensions que cela serait approprié », a révélé le PDG de Sun Life Canada.
Morbidité volatile aux États-Unis
Dean Connor note qu’après avoir été défavorable au deuxième trimestre, l’expérience de morbidité en arrêt de perte dans ses affaires américaines devrait revenir plus près de la moyenne. « Et nous espérons que l’amélioration de l’expérience américaine en invalidité se poursuivra », dit-il. L’assurance d’arrêt de perte limite à un certain seuil le risque d’un employeur qui s’autoassure. Au-delà du seuil, les réclamations sont prises en charge par l’assureur.
Des analystes ont interrogé Sun Life quant à l’impact de la morbidité sur la rentabilité des activités américaines. Président de Sun Life Financial U.S., Daniel Richard Fishbein a soulevé que l’expérience de morbidité est volatile. De favorable au premier trimestre de l’année, elle est passée à défavorable au deuxième. « Nous devons faire face à un nombre relativement petit de gros événements. Il y aura naturellement de la volatilité de trimestre en trimestre », a ajouté M. Fishbein. Il précise que l’expérience de morbidité demeure favorable sur une base annuelle.
Le président américain dit également prêté une attention particulière à la tarification de ces produits collectifs, dont il a qualifié les ventes d’exceptionnelles au premier trimestre, et en croissance de 22 % au deuxième trimestre, par rapport au même trimestre de 2018. Le suivi de plusieurs mesures lui permet d’affirmer que la tarification est solide et suffisante. M. Fishbein croit que la croissance des ventes est davantage liée à la qualité de l’offre à l’entreprise qu’à un bas prix.