La hausse des coûts d’immatriculation imposée par la Société d’assurance automobile du Québec (SAAQ) n’a pas empêché les motocyclistes de pratiquer leur loisir préféré. De 2005 à 2007, la SAAQ a recensé 6 000 nouveaux adeptes de moto. Le marché de l’assurance moto demeure toutefois très compétitif.
Daniel Babineau, de J.A. Lemieux et fils, s'était préparé au pire pour faire face à la hausse des coûts d'immatriculation annoncée par la SAAQ en moto. Il tablait sur une baisse de 20 % dans ce segment. Il a terminé 2008 en progression.
Il faut dire que les hausses de la SAAQ visaient plus les motos sport, un marché que la majorité des assureurs évitent. Pour les conducteurs de motos sport, la hausse des coûts d'immatriculation est de 400 $. Pour une moto conventionnelle, comme un Harley-Davidson, la hausse est de 100 $.
Bernard Chagnon, d'Univesta, souligne que l'impact des hausses du coût d'immatriculation a eu lieu il y a deux ans avec l'incertitude qui régnait autour de l'annonce de la SAAQ.
Richard Leclerc, de Leclerc Assurances, souligne que la mesure de la SAAQ a eu un impact important sur les jeunes. « Pour un boomer, quelques centaines de dollars de plus ne font pas une grosse différence. La moto est plus économe et la montée des prix du pétrole a incité les gens à moins voyager en automobile. On a vu une augmentation des ventes de motocyclettes en 2008 », ajoute-t-il.
Le coût d'acquisition d'une moto est plus accessible, ce qui pourrait avantager ce marché. Bernard Chagnon souligne qu'il est possible d'avoir une belle moto pour un montant allant de 15 000 $ à 25 000 $. Selon lui, il s'agit d'un rêve facilement accessible pour les baby-boomers qui veulent revivre le style de vie des années 1950-1960. Daniel Babineau ajoute qu'on peut avoir un Harley-Davidson pour 18 000 $.
Clientèle rajeunie
Ce dernier note que de plus en plus de jeunes se tournent vers la moto. « La clientèle rajeunit. La dernière cuvée de nouveaux motocyclistes est dans la jeune trentaine.
Ils achètent beaucoup de grosses motos, qui valent entre 35 000 $ et 45 000 $. Ils peuvent quitter la maison sans problème, car leurs enfants ont atteint l'âge de 12 ans, », dit-il.
Lucie Constantineau, de Jevco, dit aussi observer un certain rajeunissement de la clientèle. « On va atteindre la limite de clients potentiels un jour. Le marché commence à être mature, comme en VTT. On verra moins de nouveaux adeptes, surtout avec la crise. Il faut en tenir compte. On va sûrement le ressentir dans les véhicules récréatifs, surtout si les baby-boomers ont perdu beaucoup dans leurs placements », dit-elle.
Pour sa part, Bob Thisdale, de Pafco, ne croit pas que la vague jeunesse qui a frappé la moto va durer bien longtemps. « Les baby-boomers qui avaient à acheter une moto l'ont fait. Ils sont maintenant rendus à 56-57 ans et ne prennent leur moto que trois ou quatre fois par année. Ils ne s'achèteront pas une nouvelle moto. L'an dernier, nous avons vu plus de jeunes s'acheter une moto puisque le prix de l'essence était élevé. Maintenant qu'il est redescendu, je ne suis pas sûr que cette vague se poursuivra », dit-il.
Autre facteur avantageant le motocycliste : les primes d'assurance moto n'ont jamais été aussi basses que présentement. « Il y a dix ans, la prime moyenne pour une moto était de 449 $. Elle varie maintenant entre 280 $ et 320 $. Il y a dix ans, la prime moyenne d'un Harley était de 2 000 $. Elle est maintenant de 700 $, explique Daniel Babineau. Les assureurs qui vont dans de nouveaux marchés font baisser les primes. Dans un avenir rapproché, des joueurs vont quitter ce marché et les primes vont augmenter. C'est ça qu'on voit comme avenir, car le parc de motocyclistes est stagnant. Y aura-t-il une montée? On l'espère, mais on n'est pas sûr. »