Une femme sur deux est prise au dépourvu par les symptômes de la ménopause, qui entraînent un nombre élevé de départs du marché du travail, révèle le rapport Ménopause au travail, de la Fondation Canadienne de la Ménopause (FCM).
Selon le rapport de la FCM parrainé par Sun Life, 70 % des 1 023 femmes de 40 à 60 ans sondées affirment qu'elles ne se sentiraient pas à l'aise de parler de leurs symptômes de la ménopause avec les ressources humaines. Le sondage a été effectué par Leger Canada entre le 2 et le 11 août 2022.
3,5 milliards $
« Les symptômes non gérés de la ménopause coûtent à l'économie canadienne environ 3,5 milliards de dollars (G$) par an, les femmes actives supportant l'essentiel de ces coûts », indiquent les auteurs du rapport.
L'analyse de l'impact économique qu’a réalisée Deloitte Canada dans le cadre du rapport montre que la ménopause coûte aux employeurs 237 millions de dollars (M$) par an en perte de productivité. Elle coûte aux femmes 3,3 G$ en perte de revenus.
Le rapport estime en outre qu'environ 540 000 jours de travail perdus chaque année peuvent être attribués à la gestion des symptômes de la ménopause. Il ajoute que les coûts économiques sont probablement sous-estimés, car les données ont été recueillies sur la base d’informations fournies par des femmes travaillant à temps plein.
Un quart des travailleurs
Un quart des cinq millions de travailleurs canadiens sont des femmes de plus de 40 ans. Deux millions ont entre 45 et 55 ans. Les auteurs du rapport ajoutent que ce groupe est le segment de femmes actives à la croissance la plus rapide : le nombre de femmes actives dans cette tranche d'âge devrait augmenter de 27 % d'ici 2040.
« Les femmes sont trop souvent prises au dépourvu par la ménopause pendant leurs meilleures années de travail, ce qui entraîne une perte d'expérience, de compétences et de leadership inestimables sur le lieu de travail. Bien que cela nuise aux employeurs et à l'économie en général, nos recherches révèlent que les femmes subissent l'impact le plus lourd, perdant des revenus pendant la période où elles devraient gagner le plus », déclare Janet Ko, présidente et co-fondatrice de la Fondation Canadienne de la Ménopause.
Plafond de verre
Le rapport suggère également que la ménopause pourrait être un facteur manquant expliquant pourquoi davantage de femmes ne brisent pas les plafonds de verre. Selon ses auteurs, seuls 20 % des administrateurs de conseils, 30 % des représentants élus du gouvernement fédéral et 5 % des PDG sont des femmes. « Il y a une opportunité puissante pour les employeurs au Canada de libérer le plein potentiel de ce groupe démographique important en les soutenant mieux à travers ce qui est une expérience universelle », peut-on lire dans le rapport.
Le conseil consultatif médical de la fondation a également publié une déclaration dans le rapport. Il souligne que les femmes changent d'emploi, prennent leur retraite de manière anticipée et ne prennent pas de promotions, simplement parce qu'elles ne peuvent pas accéder à un traitement approprié à leurs symptômes. « En tant que cliniciens, nous appelons les employeurs à être plus informés et proactifs à fournir un environnement qui soutienne et retienne les femmes pendant leurs années de ménopause », demande le comité consultatif.
Désinformation
Le rapport présente des d'études de cas qui font état de désinformation, même de la part des médecins. Il rapporte aussi le cas de femmes au sommet de leur potentiel de gagner des revenus qui se retrouvent contraintes à accepter des réductions de salaire ou abandonner complètement leur carrière.
« Le roulement de personnel coûte cher. S'ils peuvent accommoder la grossesse, pourquoi ne pourraient-ils pas accommoder la ménopause ? » demande une répondante à l'enquête, nommée Laura. « Nous vivons tous plus longtemps qu'auparavant, alors nous devons régler ce problème », ajoute-t-elle.
Solutions simples
Les trois quarts des participantes au sondage du rapport disent qu'elles aimeraient voir leur lieu de travail offrir du soutien. « Les plus couramment recommandés sont simples », souligne le rapport.
Ceux-ci incluent une assurance médicale couvrant les traitements et les thérapies, des politiques de travail flexibles prenant en compte la ménopause, l'éducation et la sensibilisation pour les gestionnaires et les employés.
On estime qu'une femme sur dix quittera le marché du travail en raison de symptômes de ménopause non gérés.