Un nouveau rapport de Statistique Canada révèle que le niveau de scolarité, l’absence de fournisseur de soins régulier et la multimorbidité sont tous des facteurs associés à une utilisation plus élevée des soins de santé virtuels. « Les obstacles technologiques n’étaient pas une raison courante pour refuser des rendez-vous virtuels », soulignent les auteures du rapport.
Intitulé L’utilisation des soins virtuels au Canada : variations selon les facteurs sociodémographiques et les facteurs liés à la santé, le rapport s’appuie sur des données de 2023. Celles-ci montrent que 57,5% des patients ont eu recours uniquement à des rendez-vous en personne, 5,3% uniquement à des consultations virtuelles, tandis que 37,2 % ont combiné les deux types de services au cours de la période de 12 mois analysée.
Une utilisation plus élevée qu’avant la pandémie
L’usage de la télémédecine a atteint un sommet en avril 2020, au plus fort de la pandémie de COVID-19, alors que 61% des consultations liées à la COVID et 54% des autres consultations médicales se sont déroulées virtuellement.
Si ces chiffres ont diminué après la levée des confinements, l’utilisation de la télémédecine demeure néanmoins plus élevée qu’avant la pandémie. En 2019, selon les provinces, entre 2% et 11% des services aux patients étaient virtuels.
La télémédecine est définie ici comme toute forme d’interaction entre un patient et un fournisseur de soins de santé qui a lieu à distance au moyen de technologies, qu’il s’agisse du téléphone, de la visioconférence, de messages textes ou de courriels.
« L’objectif principal de la présente étude est de fournir des renseignements récents sur l’utilisation des soins virtuels au Canada et d’établir si elle varie selon les caractéristiques sociodémographiques et les caractéristiques liées à la santé », écrivent les chercheuses.
« Aucune différence statistiquement significative n’a été observée dans le type de rendez-vous selon le statut d’immigrant, l’orientation sexuelle, le bien-être financier ou l’activité principale, ajoutent-elles. Cependant, comparativement aux patients âgés de 15 à 24 ans, ceux âgés de 75 ans et plus étaient moins susceptibles d’avoir eu à la fois des rendez-vous en personne et des rendez-vous virtuels que des rendez-vous en personne seulement. » Statistique Canada observe toutefois que les femmes étaient « plus susceptibles que les hommes d’avoir eu les deux types de rendez-vous comparativement aux rendez-vous en personne seulement ».
Conditions chroniques
Dans son rapport, Statistique Canada démontre également que les personnes titulaires d’un diplôme universitaire étaient plus susceptibles d’avoir eu uniquement des consultations virtuelles. Les patients vivant en milieu rural étaient moins nombreux que ceux en milieu urbain à avoir eu exclusivement des rendez-vous virtuels. De plus, ceux qui n’avaient pas de professionnel de la santé attitré étaient davantage enclins à avoir recours uniquement à la télémédecine. « Les patients qui avaient un ou plusieurs problèmes de santé chroniques étaient plus susceptibles d’avoir eu un rendez-vous virtuel que les personnes qui n’en avaient aucun », précisent aussi les autrices.
Parmi les patients ayant eu une consultation virtuelle durant la période étudiée, 62,1% ont rencontré un médecin de famille, un omnipraticien ou une infirmière praticienne, alors que 10,2 % ont vu un médecin spécialiste par ce biais.
Chez les personnes à qui un rendez-vous virtuel a été offert mais qui l’ont refusé (8,9%), 47,9% ont indiqué préférer les consultations en personne, tandis que 40,3% estimaient que leur problème de santé nécessitait une rencontre physique. Seulement 9,1% ont invoqué un inconfort face à la technologie.
« En 2023, la majorité des patients ont eu des rendez-vous en personne seulement, mais plus du tiers ont eu recours à la fois à des services en personne et à des services virtuels, ce qui indique qu’un grand nombre de patients avaient accès aux soins virtuels et étaient disposés à les utiliser », conclut le rapport. « Peu de personnes ont refusé des soins virtuels; parmi celles qui en ont refusé, le fait d’être plus à l’aise lors des rendez-vous en personne était la raison la plus courante. »