Le Québec est désormais entré dans le plus fort mouvement de vieillissement de son histoire. Entre 1970 et 2010, le nombre de personnes âgées de 80 ans et plus a quintuplé dans la province, ce qui en 2015, le plaçait au quatrième rang des 34 pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). En 2016, les aînés formaient 18% de la population québécoise. Dans dix ans à peine, en 2031, ils en représenteront le quart et près du tiers en 2066.

Ces statistiques sont tirées d’un rapport publié le 4 octobre par le Directeur national de santé publique du Québec, le Dr Horacio Harruda. Intitulé Vieillir en santé, il trace le portrait d’un Québec de plus en plus âgé. Le mouvement peut apparaître inquiétant en termes de coûts et de demandes pour le futur car les personnes âgées forment les plus grands consommateurs de soins de santé. La bonne nouvelle, c’est que plus de la moitié des Québécois âgés de 65 ans sont actifs et que l’activité́ physique joue un rôle de premier plan dans la prévention des maladies chroniques ainsi que dans le maintien et le développement de la réserve cognitive.

En meilleure santé que dans le passé 

Le vieillissement s’accélère au fur et à̀ mesure que les baby-boomers, nés entre 1946 et 1966, parviennent massivement dans le groupe des 65 ans et plus. Les aînés du Québec seront plus nombreux et vivront plus longtemps que ceux des générations qui les ont précédés. Ils se trouvent en meilleure santé́ que les générations antérieures et 80% des 65 ans et plus ont une perception positive de leur santé.

L’hérédité expliquerait environ 25 % des différences de longévité. L’autre 75% repose sur de multiples facteurs. Être en bonne santé n’est pas juste affaire d’activités physiques, de bonne alimentation ou d’attitude face à l’existence. La scolarité, le revenu, les conditions de travail et de logement, la présence de personnes significatives dans son entourage et l’accès à des soins de qualité forment des déterminants majeurs de la santé.

Augmentation de l’espérance de vie 

Au 1er juillet 2019, le Québec comptait 1 634 712 personnes âgées de 65 ans et plus dont 46 % étaient des hommes et 54 %, des femmes.

En 2018, l’espérance de vie à la naissance atteignait 84 ans chez les femmes et 81 ans chez les hommes. L’espérance de vie à 65 ans a aussi augmenté́. En 2018, un homme âgé de 65 ans pouvait compter vivre jusqu’à près de 85 ans (+ 20 ans) et une femme, jusqu’à 87 ans (+ 22 ans). Depuis quelques années, les hommes ont fait des gains importants au chapitre de la longévité, ce qui tend à atténuer l’écart entre les sexes.

Il reste toutefois que la proportion des femmes augmente quand on avance en âge. Sept personnes sur dix âgées de 90 ans et plus sont de sexe féminin. En juillet 2019, 86 % des 2 559 centenaires que comptait le Québec étaient des femmes. 

Selon les projections des auteurs de Vieillir en santé, la part des 65 ans et plus dans la population qui s’établissait à près d’une personne sur cinq (19 %) en 2018, se rapproche graduellement de celle de 0 à 19 ans (21 %). Le groupe des 85 ans et plus devrait passer de 2 % en 2011 à plus de 7 % en 2051.Toutefois, la proportion des personnes âgées de 65 ans et plus diffère d’une région à l’autre, variant de 8 % à 27 % selon les territoires.

Maladies chroniques 

La plupart des maladies chroniques prennent racine bien avant 65 ans, souligne l’étude. Avec l’âge, les symptômes augmentent en fréquence et souvent en gravité. Au Québec, en 2015-2016, six maladies chroniques étaient responsables de la majorité des hospitalisations chez les deux sexes : ce sont l’arthrite (ou arthrose), le diabète, la bronchite chronique, l’hypertension, les maladies cardiaques et les problèmes de longue durée tels que le cancer et la dépression chronique. Les taux d’hospitalisation sont généralement plus élevés chez les hommes, particulièrement pour les maladies cardiovasculaires et respiratoires.

Plus de 80 % des personnes âgées de 65 ans et plus déclarent avoir au moins un problème de santé de longue durée. En outre, près d’un adulte québécois sur cinq et d’un aîné sur deux vivent avec au moins deux maladies chroniques diagnostiquées. L’avancement en âge ainsi que la défavorisation sociale et matérielle entraînent une augmentation de la multimorbidité. 

Santé mentale 

Certains facteurs, tels qu’une mauvaise santé physique, la douleur chronique et les invalidités, associés à un âge avancé, augmentent le risque de développer un trouble de dépression ou des troubles anxieux. Chez les 65 ans et plus, un individu sur cinq présente des signes de dépression. La proportion atteint une personne sur quatre chez les 85 ans et plus.

Incapacités chez les aînés 

Plusieurs des handicaps (agilité, mobilité, audition, mémoire et vision) qui affectent les aînés surviennent à la suite de maladies ou de blessures. De sévérité variable, les incapacités augmentent avec l’âge. Elles touchent près d’une personne sur deux (48 %) entre 65 ans et 74 ans, près de deux individus sur trois (64 %) entre 75 ans et 84 ans et plus de huit personnes sur dix (84 %) à partir de 85 ans.

Certains médicaments s’avèrent inappropriés pour les aînés en raison de leur inefficacité ou de leurs effets indésirables. Leur usage est associé à un risque accru de conséquences négatives pour la santé, de chutes, à un recours plus marqué aux services hospitaliers ainsi qu’à des dépenses de santé plus élevées. 

Les changements climatiques ont des effets sur la santé de la population, notamment sur les personnes âgées. Ils peuvent aggraver les maladies chroniques et causer plusieurs autres problèmes de santé de nature physique ou mentale. Ils ont aussi des conséquences sur les milieux de vie et le quotidien des résidents lorsque surviennent des désastres naturels, comme les grandes inondations du printemps 2019.