À l’ère où 42 % de la population affirme que l’argent est le plus grand facteur de stress, les employés aimeraient obtenir l’aide de leur employeur.

 Ce sont 68 % des répondants au sondage sur l’opinion des générations, garanties collectives de la Financière Sun Life qui croient que leur employeur a un rôle à jouer dans leur bienêtre financier. « Comme les employés ont dit qu’ils veulent du support pour leur santé physique et mentale de la part de leur employeur, ils en veulent aussi pour leur santé financière », dit Dre Marie-Hélène Pelletier, vice-présidente adjointe, santé au travail, gestion santé intégrée, chez l’assureur, lors d’une conférence à l’occasion du Rassemblement pour la santé et le mieux-être au travail.

Bien que plusieurs études ont révélé que la santé financière est l’un des plus importants facteurs de stress depuis les cinq dernières années, un certain tabou l’entoure toujours, à l’instar de la santé mentale auparavant. « Dans les dernières années, on a parlé du stigmate de la santé mentale, qui s’améliore de plus en plus, mais le stigmate autour de la santé financière demeure. Depuis au moins cinq ans, les données démontrent que la chose qui stresse le plus les gens est la santé financière, plutôt que les relations de couple ou le travail », a précisé Dre Pelletier.

Par ailleurs, une mauvaise santé financière a plusieurs impacts sur la santé psychologique et même physique d’une personne. Dre Pelletier a mentionné qu’une étude sur de jeunes professionnels a révélé que le stress financier a occasionné chez les sujets une telle hypertension artérielle que celle-ci est devenue un facteur clinique prédicateur de la maladie du cœur. « Le stress financier ne reste pas dans son propre silo. Il a des conséquences sur notre santé physique et mentale. Mais si on demandait aux gens si le stress financier pouvait avoir un impact sur leur santé physique, plusieurs répondraient que non. »

D’autres études ont démontré que les personnes qui vont en counseling financier présentent 11 fois plus de maux de dos que la population générale. Dans la même veine, des scientifiques américains ont remarqué que lorsque le prix des maisons chutait, le nombre de prescriptions d’antidépresseurs était en hausse.

« Il s’agit ici de corrélations indéniables entre santé physique et santé financière. Et tous ces problèmes se trouvent aussi dans nos milieux de travail », a martelé Dre Pelletier.

Effectivement, ces problèmes coutent cher aux entreprises. Si une mauvaise santé physique représente 8 jours d’absence en moyenne par employé, et qu’une mauvaise santé mentale gruge 24 $ par 1 000 $ de salaire brut, le stress financier peut engendrer une perte en productivité, alors que 13 % de la journée de travail est consacrée à régler un problème financier. L’étude de 2016 sur le stress financier de Financial Finesse établit que 11 jours de travail sont perdus à cause du stress financier vécu par les employés.

Trois pistes de solution

Dans son étude, Dre Pelletier a identifié trois solutions qui permettraient aux employeurs de collaborer à l’amélioration de la santé financière de leurs employés. D’abord, faire croitre la littératie financière des employés en organisant des séances d’information sur les outils numériques permettant de faire une utilisation judicieuse du crédit, de gérer ses finances au quotidien ou d’établir un budget.

« Une bonne littératie financière a plusieurs avantages, dont l’adoption de saines habitudes de vie, la création d’une plus grande richesse, l’augmentation de l’épargne, et l’amélioration de la gestion du budget et du contrôle des dépenses », a-t-elle avancé.

Toutefois, de meilleures connaissances en finances personnelles de la part de l’employé ne sous-entendent pas que celui-ci passera à l’action. « Une métanalyse de 201 études portant sur la littératie financière démontre que seulement 0,1 % des personnes avaient changé leurs habitudes. Il faut combiner l’information à autre chose, comme faire des suivis pendant et après la formation », a rappelé Dre Pelletier.

Ensuite, l’établissement d’un plan financier. Cette solution demande l’aide d’un professionnel, comme un conseiller financier. « Après avoir plusieurs informations en main, c’est ce qui permet à l’individu de créer son propre plan personnalisé selon ses objectifs. Évidemment, ça donne de bonnes solutions pour le présent et le futur d’un point de vue strictement financier, mais ça offre aussi la tranquillité d’esprit, et la confiance », a illustré Dre Pelletier.

Cette dernière a aussi mentionné que 73 % des personnes qui ont un plan financier indiquent avoir une plus grande tranquillité d’esprit. De plus, 63 % disent avoir moins d’inquiétude et plus de confiance.

Finalement, créer des incitatifs à avoir un compte d’épargne personnel. En tant qu’employeur, si les structures d’épargne ne sont pas mises en place, Dre Pelletier suggère fortement de les créer. Et si elles existent déjà, en faire davantage la promotion auprès des employés pour qu’une plus grande partie d’entre eux y adhèrent.

« Il faut repenser la structure d’adhésion des régimes d’épargne. Les employés doivent décliner de participer à un régime d’épargne. Et non de les inciter à poser une action pour y adhérer. »