Cela fait une vingtaine d’années que l’Association canadienne des compagnies d’assurance de personnes (ACCAP) regarde de près la gestion des risques de conflits d’intérêts. Sa conclusion : l’absence totale de conflit est impossible.

Lors du Congrès de l’assurance et de l’investissement 2017, Lyne Duhaime, présidente d’ACCAP-Québec, a souligné qu’il ne faut donc pas interdire en bloc un incitatif de vente. Il faut plutôt en éliminer le danger inhérent de conflit d’intérêts.

« Nos deux principes directeurs : la primauté des intérêts du client et une réglementation proportionnelle au risque. Par exemple, les concours de vente recèlent une forte apparence de conflit d’intérêts. Nous avons suggéré de mieux les encadrer. Les conseillers en sont pleinement conscients puisque ces concours vont en diminuant. Il importe aussi que les clients, les conseillers et les régulateurs s’assoient ensemble et unissent leurs efforts en ce sens. »

À l’exemple de Pierre Lortie, Mme Duhaime considère que cette question des incitatifs de vente est un enjeu fondamental compte tenu de l’importance de l’épargne en vue de la retraite. « Nous devons nous assurer de permettre aux gens de maximiser le potentiel de leurs épargnes. Pour cela, le consommateur a besoin des conseils d’un professionnel. C’est un domaine complexe. Nous considérons que les conseillers sont préoccupés par les intérêts de leurs clients. Il est aussi nécessaire de protéger la compétitivité au sein de l’industrie. »

Lors de son allocution, elle a rappelé que la crise financière de 2008 a déclenché des questionnements non seulement en Amérique du Nord, mais aussi au sein de l’Union européenne. « Partout, les mêmes thèmes reviennent : les conflits d’intérêts, le traitement équitable du client, les commissions intégrées… Mais on arrive à des conclusions différentes. Nous pouvons nous inspirer de ce qui se fait ailleurs, mais nos solutions doivent coller à notre réalité particulière. »

Ainsi, au Québec, l’assurance de personnes n’est pas obligatoire. « C’est aussi un produit difficile à vendre puisqu’il s’agit de se prémunir contre les conséquences de la maladie ou du décès, des sujets que personne n’aime aborder. Enfin, nous parlons d’un investissement dans un produit qui rapportera à très long terme et, souhaitons-nous tous, le plus tard possible dans le cas de l’assurance vie et jamais pour ce qui a trait à l’invalidité. Tout cela oblige les conseillers à être proactifs et à entretenir une relation continue et personnelle avec leur client », dit Mme Duhaime.